La Fédération nationale des travaux publics (FNTP), par la voix de son président Bruno Cavagné, pousse un coup de gueule sur la politique de financement des infrastructures au moment où l’Agence éponyme en charge des transports à l’échelle nationale va fêter ses 10 ans. 10 bougies certes mais de sérieux problèmes quant aux capacités financières, si l’on en croit l’organisation professionnelle.
Bruno Cavagné critique en effet les ressources financières de l’Agence de financement des infrastructures de transports de France, ou AFITF, ressources jugées insuffisantes et éphémères, et donc par extension inadaptées pour répondre aux enjeux actuels. Le président de la FNTP affirme sans détours : "L’Etat est de plus en plus schizophrène, ne cessant d’annoncer des projets d’investissement tout en manifestant une incapacité à s’en donner les moyens". C’est dit.
Et Bruno Cavagné d’illustrer son propos avec des exemples concrets : d’un côté, l’Etat s’est engagé sur les contrats de plan Etat-régions, sur le canal Seine-Nord Europe, sur le tunnel Euralpin Lyon-Turin, sur les transports en commun en site propre ou encore sur les projets du rapport Mobilité 21 (comme la Ligne à Grande Vitesse Bordeaux-Toulouse). Sauf que de l’autre côté, les ressources actuelles de l’AFITF sont insuffisantes pour financer ces engagements. La FNTP ajoute par ailleurs que l’Etat s’apprêterait à ponctionner 400 millions d’euros de recettes issues de la taxe sur le diesel pour les réaffecter au budget général de l’Agence, une décision jugée "incohérente et antiéconomique".
Pour l’organisation professionnelle, il sera en 2016 incontournable d’affecter au budget de l’AFITF au moins la totalité des recettes de la Taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE), c’est-à-dire 2 centimes d’euros sur les véhicules diesel et 4 centimes d’euros sur les poids lourds, recettes votées en 2015. Le constat est donc simple pour Bruno Cavagné : si l’on veut répondre aux enjeux de certains gros projets comme la liaison Lyon-Turin ou le canal Seine-Nord Europe, "il faut sortir d’une vision court-termiste et prévoir une augmentation de 2 centimes par litre de la TICPE sur le diesel. L’Etat ferait ainsi la preuve de sa volonté politique de relancer l’investissement, condition sine qua non de la reprise économique et de la baisse du chômage".