À l’heure où les effets du changement climatique poussent les pouvoirs publics à repenser la conception des villes et des aménagements urbains, les espaces souterrains peuvent contribuer à réduire l’empreinte carbone et à protéger les villes des inondations et autres submersions maritimes.
Les métropoles doivent désormais faire à une urbanisation croissante combinée à un changement climatique global. Les Nations Unies estiment que d’ici 2020, 70% de la population mondiale vivra en ville et devra composer avec une augmentation croissante des catastrophes naturelles. « Entre 2000 et 2012, on recense des dégâts représentant un coût de 1,7 milliard de dollars, 2,9 milliards de personnes touchées et 1,2 million de personnes tuées », expose Han Admiraal, président du Comité d’ITA dédié aux Espaces Souterrains (Itacus). À l’aube de la COP21, la conférence mondiale des Nations Unies sur les changements climatiques à Paris, l’exploitation des espaces souterrains peut contribuer à la réduction de l’empreinte carbone générée par les grosses métropoles. L’ITA-AITES, l’association internationale des tunnels et de l’espace souterrain, plaide notamment pour la mise en place d’un système de transport souterrain utilisant les énergies renouvelables et pour une nouvelle façon de produire de l’énergie sur la base de ressources vertes telles que l’eau. « L’hydroélectricité par exemple implique la construction de tunnels pour le transport de l’eau et des espaces de stockages souterrains pour les centrales électriques », souligne Olivier Vion, directeur général d’ITA-AITES.
Des références à l’international
À Singapour, la population a atteint 5,5 millions d’habitants qui vivent à l’intérieur d’un cordon littoral de 193 km. Au regard de la pression démographique à laquelle elle fait face, la Cité-Etat a amorcé une vraie réflexion de fond sur son aménagement urbain qu’elle souhaite en trois dimensions. Elle examine à ce jour deux grands projets d’ouvrages souterrains : la Cité Scientifique souterraine de Singapour, un hub technologique de 192 000 m² construit sous le parc public de 47 ha Kent Ridge, et le Jurong Rock Cavern, un hub de stockage massif (84 terrains de football) pouvant stocker jusqu’à 8 millions de barils de pétrole. Au-delà de ces deux projets, la ville/Etat ambitionne d’exploiter l’espace souterrain de manière plus globale afin d’y installer des activités liées à l’eau et à l’énergie (data centers, centrales électriques, stations d’épuration et de désalinisation de l’eau…).
La problématique de la multiplication et de l’intensification des phénomènes climatiques pourrait être contournée par la mise en service de tunnels de régulation de flux - le principe consiste à dévier les eaux à travers ces tunnels évitant ainsi un potentiel débordement en surface – ou bien en créant des infrastructures souterraines de rétention des eaux en période de crue. « À Kuala Lumpur, 10 ans ont été nécessaires pour construire le tunnel multifonctions « Smart » de 10 km de long mis en service en 2004. En cas d’inondations, il peut contenir 3 millions de m3 d’eaux pluviales et selon la gravité des intempéries, permet également aux véhicules de circuler sur 3 km jusqu’au centre-ville », mentionne Antonia Cornaro, vice-présidente d’Itacus. Après l’énorme inondation de l’automne 2011 à Bangkok, l’Administration métropolitaine de Bangkok (BMA) ainsi que les membres ITA en Thaïlande (TUTG) ont lancé il y a quelques semaines la construction d’un long tunnel multi-usages courant du nord de la capitale à la mer. Ce tunnel mesurera 6,4 km de long et 5 m de diamètre. En parallèle, BMA a débuté le renforcement de son réseau de tunnels de drainage.