Dans une tribune, le député-maire (DVD) de Versailles François de Mazières tacle le projet de métropole du Grand Paris en présentant les limites et les contraintes de cette collectivité toujours en gestation à l’heure qu’il est. L’occasion aussi de faire la lumière sur les nombreuses dissensions entre élus franciliens.
Pour un coup de gueule, c’est un coup de gueule. François de Mazières, le député-maire de Versailles, préfecture des Yvelines, a signé une tribune virulente dans le journal L’Opinion sur la « réforme inutile, politicienne et coûteuse » de la métropole du Grand Paris. Comparant ce projet à un « nouveau scandale du mille-feuille administratif », l’édile insiste surtout sur la dénaturation progressive de l’idée initiale, lancée sous Nicolas Sarkozy en septembre 2007, et sur « l’absence de continuité dans le pilotage politique ». Quand les équipes chargées de l’étude du projet rendirent leurs conclusions en mars 2009, le gouvernement et les collectivités territoriales franciliennes se mobilisèrent pour donner vie à la future métropole, centrée sur le métro et ses 68 nouvelles gares.
Risque de doublon institutionnel avec le conseil régional
Mais d’après François de Mazières, la volonté de Claude Bartolone en 2012 (alors député de la Seine-Saint-Denis) de créer une nouvelle collectivité territoriale qui structurerait le Grand Paris fut une erreur institutionnelle, dans la mesure où cela ne faisait que rajouter un échelon de collectivité supplémentaire à un mille-feuille territorial déjà bien touffu en France. Le député-maire de Versailles estime qui plus est que la collectivité du Grand Paris risquerait finalement d’avoir presque les mêmes compétences (notamment en termes de transports) que le conseil régional d’Ile-de-France, auquel cas on se retrouverait face à un doublon. Et le gouvernement socialiste en place depuis 2012, ainsi que sa majorité au Parlement, sont accusés de « maquiller les chiffres » d’une telle organisation, avançant le chiffre de 70 millions d’euros pour son budget - un montant sous-évalué pour François de Mazières.
Citant l’exemple de la métropole du Grand Lyon qui a fusionné sa ville et son département, le maire de Versailles souligne que le Grand Paris, avec ses 7 millions d’habitants et ses 131 communes, « n’est adapté ni à une gestion de proximité, ni à la question du logement » (pourtant très délicate en Ile-de-France). Pour François de Mazières, l’idéal serait par conséquent de confier l’intégralité et l’exclusivité de la gestion du Grand Paris au seul conseil régional.
Dans tous les cas, cette tribune témoigne bien du désaccord qui peut encore régner parmi les élus franciliens sur ce dossier brûlant, et du manque de concertation entre les différents acteurs du projet.