Bernard Gaudin est dirigeant et fondateur de l’entreprise Sotrav, spécialisée dans les travaux de terrassements, voirie et assainissement.
Fondée en 1973 et basée à Fougères en Ille-et-Vilaine, Sotrav effectue 85 % de son activité dans l’agglomération rennaise ce qui pousse ses véhicules à emprunter quotidiennement l’A84. « Imaginons que je fasse des terrassements pour un immeuble dans la commune de Liffré [ndlr : 18 km de Rennes], sachant que mon lieu de remblai est situé à Saint-Sauveur-des-Landes près de Fougères. Mes 15 000 m3 de terrassements vont donc passer sur la partie écotaxée de l’A84 ce qui augmente le prix du m3. Ce sera même la double peine puisque mes semis paieront au retour alors qu’ils roulent à vide.
Si j’applique l’écotaxe sur mon prix unitaire, elle se retrouve mécaniquement sur le prix de vente du promoteur et c’est l’acquéreur en bout de chaîne qui paie. De plus, il est difficilement envisageable de répercuter cette somme lorsque l’on travaille dans le cadre d’un appel d’offres. Le concurrent dont l’implantation est mieux placée et permet d’utiliser des routes départementales serait automatiquement avantagé.
Concrètement, l’écotaxe représente environ 50 000 euros par an pour une entreprise telle que la mienne. Si elle venait à être appliquée, je serai alors contraint de quitter Fougères pour me baser près de Rennes. Par conséquent, 60 emplois seraient déportés ce qui mettrait de nombreux salariés et leur famille dans l’embarras et ne manquerait pas d’entraîner de la casse sociale.
Initialement l’écotaxe a été faite pour favoriser le ferroviaire et le maritime, or dans mon activité je suis parfaitement incapable de faire mes mouvements de terre par bateau ou par le train. Il faudrait plutôt faire une taxe sur les marchandises qui sont livrées. Mieux vaut taxer le produit que le mode de transport. »