En dépit d’un marché du bâtiment faiblard, que compense un non-résidentiel encore solide, la demande pour la vente de grues à tour reste soutenue. La location, surtout, affiche la plus belle dynamique. Liebherr Grues à tour France, avec son parc de plus de 308 grues, y fait son “beurre”, sollicité allègrement pour des machines de 150 et 300 mt. Sur le Grand Paris, grand chantier consommateur de GME, la demande continue de grimper en grues de forte capacité pour les travaux d’infrastructure. “Nous y avons déjà placé une dizaine d’unités à la mâture de 2,40 m qui travaillent 24h24 7j/7, rappelle Christophe Zimmermann, directeur général de Liebherr Grues à tour France. Et fin 2019, début 2020, nous livrerons deux 1000 EC-H 40 Litronic sur le lot T2D de Noisy-Champs où l’on prépare l’intersection de la ligne 15 avec la ligne 16. L’ampleur de cet ouvrage requiert en effet d’importantes capacités de levage, de l’ordre de 1 000 mt.” Les grues mobiles de construction MK, pour leur part, continuent leur bonhomme de chemin. Très prisées des levageurs, elles représentent à ce jour jusqu’à 10 % des parcs. Elles passeront le seuil des 100 machines en France en 2020. “Ces engins d’intervention compacts sont déployés en 17 min et distribuent de petites charges à de longues portées. C’est par leur intermédiaire que la société Foselev a sorti les statues de Notre-Dame de Paris la veille de l’incendie”, souligne Christophe Zimmermann. D’une taille moindre, mais d’une certaine façon plus stratégiques, les GMA Liebherr ne cessent de grignoter des parts de marché. Un réseau de distribution se met en place et la gamme est en cours d’étoffement pour davantage de marge de manoeuvre. En phase de conquête, la division Grues à tour de Liebherr France en fera l’éclatante démonstration sur Batimat, sur lequel elle fait son retour pour la première fois depuis 2005.
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Au sein de la division grues mobiles de Liebherr, le sourire est aussi sur toutes les lèvres. Le marché en forte progression (+35 %) est en adéquation avec les résultats record du constructeur cette année (+35 %). Il aura écoulé pas moins de 160 grues neuves en France. “Le phénomène marquant est le développement des grosses grues supérieures à 400 t. C’est un cap franchi par nos clients depuis trois ans, observe son directeur général, Francis Ebert. L’élément déclencheur ? Très probablement l’éolien, tiré par les acteurs étrangers. Nos clients
régionaux suivent le mouvement avec l’acquisition de machines de 750 t.” Essentiellement des LTM 1750 (on en dénombre à ce jour cinq en France), LG 1750 et LR 1600. Moins imposantes, mais non moins convoitées, les grues Liebherr de 450 t poursuivent leur opération séduction. Une nouvelle unité a été acquise à Niort, c’est la centième grue produite par l’usine. “Ce levageur compte désormais une quinzaine de grues de différents calibre dans son parc. Cette dernière lui a ouvert des marchés dans le domaine de l’entretien d’éoliennes et la
manutention. Les méthodes de travail changent !”, affirme Francis Ebert. Dans la catégorie des grues sur chenilles, on bat tous les records. Une 1 000 t à flèche treillis a été vendue à une société spécialisée dans le transport exceptionnel et la manutention de turbines à gaz destinées au secteur de l’énergie.
Entre public et privé
Concernées par les tensions sur le marché de l’emploi, notamment en ce qui concerne les techniciens, les divisions Grues à tour et Grues mobiles de Liebherr ont chacune leur politique. Si la première loue volontiers les initiatives comme les Trophées Grues à tour, qui récompensent les meilleurs professionnels et opérations de montage, pour attirer les talents, la seconde mise davantage sur une longue formation en interne. “En phase de recrutement depuis des années, nous recherchons des caractères et des profils spécialisés ne rechignant pas à la formation de longue durée, suivie d’année en année, s’explique Francis Ebert. Les
grues mobiles étant très complexes, de par leurs moteurs diesel et leur massivité qui les font parfois paraître ‘hostiles’, il est fondamental de bien réfléchir à la façon d’appréhender le dépannage”.
Il l’a dit ! – “La concentration des levageurs s’opère et va continuer”
“Il est rare qu’un numéro 3 tel qu’Altéad soit absorbé par le numero 1 qu’est Mediaco. Cela témoigne d’un phénomène de concentration qui va continuer. Les levageurs sont pour la plupart des entreprises familiales. Les hommes en sont propriétaires et se les transmettent. En l’absence de repreneurs, il y a cessation de l’activité. C’est ainsi que le marché se régule et c’est à nous de nous adapter. Bien faire ce que l’on sait faire, et dans la continuité”. (Francis Ebert)