Constructioncayola : Pouvez-vous nous raconter la naissance de Loxamed ?
Gérard Deprez : Loxamed est née par un concours de circonstances. En tant que loueur de matériels, dont des bungalows et constructions modulaires, Loxam a, très vite, été sollicité pour réfléchir à des possibilités de mise en place rapide d’extensions d’hôpitaux. On nous a, par exemple, demandé si, avec notre capacité de production, nous avions la possibilité de fournir des centaines de bungalows depuis l’Estonie. Il y avait un besoin fort et beaucoup de demandes pour savoir ce qu’il était possible de mettre en œuvre rapidement pour aider sur le plan médical. Au cours de cette réflexion et à la suite de notre intervention dans le cadre de l’hôpital militaire à Mulhouse, d’autres options ont aussi été envisagées pour dépister et soigner. Finalement, il nous est apparu que les unités mobiles pour dépister constituent une solution habile pour éviter d’engorger les hôpitaux. L’avantage d’un bungalow, c’est qu’il est modulable et agençable sur mesure, avec par exemple un circuit où les visiteurs ne se croisent pas et des
aérations multiples. Nous avons, notamment, étudié le sujet avec Arnaud Molinié, un conseil de longue date du groupe Loxam aujourd’hui président de Loxamed, qui nous a alors mis en relation avec Éric Sebban, président du laboratoire pharmaceutique Axamed et concepteur de la station de téléconsultation VisioCheck.
Comment se présente l’UMDD pilote installée dans le 19e arrondissement ?
Gérard Deprez : Au sein d’un bungalow se trouve un VisioCheck qui permet une téléconsultation grâce à une liaison avec la plateforme de télémédecine Teledok. Concrètement, cet appareil est en mesure d’examiner plusieurs constantes telles que le pouls, la température, la saturation d’oxygène dans le sang, etc. Des données confidentielles et fiables qui sont transmises au médecin pour qu’il diagnostique, en direct, le patient.
Cet acte de téléconsultation est pris en charge par la sécurité sociale. Avec le Covid-19, nous avons pu constater un gros progrès d’acceptation de la télémédecine et ces unités mobiles sont, en quelque sorte, des micro-cabinets qui se déplacent vers les personnes. Dans le 19ème arrondissement, la mairie de Paris a fait le test auprès d’une population plus fragile n’ayant pas accès à la couverture
médicale universelle et qui avait, en cela, peut-être plus de réticence à consulter un médecin, avec une UMDD ouverte cinq jours sur sept, d’une capacité moyenne d’accueil de vingt personnes par jour. Une expérimentation concluante pour la mairie qui prévoit d’en installer d’autres dans la capitale.
Est-ce que des entreprises sont aussi intéressées par ce service ?
Gérard Deprez : Nous avons effectivement des demandes de la part d’entreprises situées à La Défense qui envisagent de proposer ce service à leurs collaborateurs pour une reprise sereine de leur activité. La SNCF étudie également la possibilité d’installer ces dispositifs. L’idée traverse même les frontières puisque les Etats-Unis se sont montrés intéressés. Dans le secteur du BTP, nous avons proposé ce service pour le chantier de reconstruction de Notre-Dame de Paris (dont Loxam est mécène). Ils sont en train de regarder la faisabilité en lien avec l’inspection et la médecine du travail. Il faut aussi préciser que la réglementation prévoit que, pour plus de 200 salariés sur un chantier, la présence d’une infirmière est requise. Actuellement, Loxamed est en pourparlers avec la société Deloitte pour installer une UMDD au pied de son siège de la Défense pour ses collaborateurs. Il s’agirait alors de la deuxième unité installée en France. Un nouveau partenaire, PMSM, en charge de solutions d’assistance médicale en milieu professionnel, pourrait venir s’ajouter pour proposer une prestation d’infirmier, en collaboration avec un laboratoire. L’avantage pour le salarié serait la possibilité d’un dépistage au pied même de son entreprise, avec un test sérologique ou virologique par PCR. Pendant tout le temps de la crise, le personnel de Loxam a joué son rôle et s’est montré prêt à rendre service. Avec la structure Loxamed, nous n’avons pas d’objectif économique. Cette initiative s’inscrit plutôt comme une action citoyenne avec la volonté d’accompagner la reprise.