Boudi démarre la commercialisation de ses panneaux en polypropylène recyclé pour le BTP, à base de déchets post-consommation. Destinés à la réalisation de coffrages réemployables pour le béton, ils servent aussi à la fabrication de clôtures de chantier et de signalétique. L’innovation a nécessité 18 mois de R&D avec le soutien du Centre des matériaux des mines d’Alès (C2MA).
Les déchets du bâtiment représentent un volume annuel d’environ 46 millions de tonnes. Offrir aux professionnels du gros œuvre et du génie civil des solutions innovantes respectueuses de l’environnement : tel est l’objectif de la start-up Boudi, basée dans l’agglomération d’Alès et incubée par l’IMT Mines Alès. Ses gammes Ekocoffre, Ekoclôture Ekopano sont réalisées à partir de plastique 100% recyclé issu à plus de 95% du recyclage post-consommation. Les panneaux en polypropylène recyclé sont fabriqués grâce à un procédé de thermocompression qui a nécessité de nombreux essais de caractérisation, de modélisation et de mise en forme par le C2MA, centre spécialisé dans le domaine des matériaux et de la construction à faible impact environnemental.
Boudi s’approvisionne en plastique auprès de centres de recyclage en Occitanie et en Normandie. Le choix s’est porté sur le polypropylène pour ses qualités de résistance et de non adhésion au béton. Les broyats proviennent d’une part de mobilier de jardin usagé (gisement 100% post-consommation), d’autre part de vieux pare-chocs et autres plastiques de voitures (véhicules principalement français, à 95% post-consommation). « Nos coffrages ont fait l’objet de tests et de mises au point ces derniers mois avec nos clients, sur leurs chantiers, par exemple cet automne avec Eiffage Route à Montpellier », explique Jean Sauttreau. Les coffrages Ekocoffre présentent l’avantage de n’être pas fabriqués sur le chantier et d’être montables et démontables sans outil. Et contrairement au bois bakélisé souvent utilisé pour réaliser les coffrages dans le BTP, le plastique thermoformé de Boudi est réemployable un grand nombre de fois car il ne craint pas l’eau. La start-up propose donc également un service de consigne pour les produits en fin de vie.
Avec Boudi, Jean Sauttreau a voulu créer une entreprise à mission actrice du développement durable dans toutes ses dimensions. Aussi sa start-up est-elle reconnue entreprise adaptée depuis le 1er octobre 2024. De fait l’éco conception des produits Boudi est fondée sur les besoins de ses clients mais aussi « sur la capacité des salariés des ESAT à réaliser et à préparer des produits innovants dans les meilleures conditions ». L’entreprise emploie ainsi quatre collaborateurs en situation de handicap. En 2025, elle prévoit d’investir environ 100 K€ dans l’adaptation de son outil industriel aux formes de handicap de ses salariés. Deux jeunes ingénieurs, actuellement en dernière année de l’IMT Mines Alès, vont rejoindre son effectif : "Ils accompagnent Boudi depuis le début", ajoute Jean Sauttreau, "en signant une convention d’incubation, ils sont devenus co-porteurs du projet". La start-up doit enfin financer son développement commercial.
L’outil industriel de Boudi : • Un système de dépotage et de pesée des matériaux. • Une thermopresse de 200 tonnes (température maxi 200°C) produisant des plaques de différentes dimensions (jusqu’à 1,2 par 2,8 m et de 4 à 10 mm d’épaisseur). • Une machine de découpe numérique de grande dimension. • Des moyens de levage et de manutention.