Dans le cadre du règlement européen relatif aux réductions annuelles d’émissions de gaz à effet de serre (GES), les Etats membres se sont engagés à diminuer d’au moins 40% leurs émissions d’ici à 2030 (par rapport à 1990). En Europe, si les transports constituent le deuxième secteur émetteur de GES, des alternatives et innovations en matière de mobilité émergent progressivement pour y remédier.
D’après les statistiques2 du ministère de la Transition écologique et solidaire (source AEE, 2017), en 2015, le secteur des transports a été à l’origine de 21% des émissions totales de GES de l’Union européenne à 28. Bien que coûteuse, l’hydrogène est une des solutions considérées pour remplacer notre utilisation massive du diesel dans le fonctionnement des transports en commun et ainsi, participer à la réduction de nos émissions. Le 17 septembre dernier, Alstom a, par exemple, lancé sur le réseau Elbe-Wesser d’EVB, à Basse-Saxe en Allemagne, le premier train à hydrogène du monde. En plus d’agir à l’encontre de la pollution sonore, ce nouveau mode de mobilité apporte une réponse contre la pollution atmosphérique puisqu’il produit zéro émission. Une alternative plus que positive pour l’Allemagne qui se situe en première ligne, en ce qui concerne la production de GES en Europe, avec une part de 23% dans le total des émissions de CO2 de l’UE, provenant de la consommation d’énergie, en 2017 (données Eurostat1).
Train à hydrogène d’Alstom. Crédit: René Frampe
Mais, l’élément chimique suscite quelques réserves. D’un point de vue écologique tout d’abord, il est produit majoritairement par réformage du pétrole ou du gaz naturel, ce qui libère une grande quantité de dioxyde. Seul l’hydrogène « vert » fabriqué à partir de systèmes d’électrolyse industriels est d’un point de vue environnemental intéressant. Pourtant, là encore, en raison des coûts de fabrication et de transports importants qu’il engendre, il apparait moins écologique que la production de gaz à partir d’énergies renouvelables. L’autre problématique est aussi son stockage. En effet, il s’agit du plus petit des éléments chimiques ce qui le rend difficile à stocker.
L’intermodalité
Sur le plan de la mobilité urbaine durable, plusieurs actions ont déjà été prises en Europe telles que la création de la vignette Crit’Air à Paris, la mise en place d’un péage urbain à Londres ou encore de la circulation alternée à Athènes. Deux enjeux principaux restent toutefois à mener. Le premier porte sur l’élaboration d’un bon mix des moyens de mobilité en repensant les déplacements c’est-à-dire, réduire le transport routier en privilégiant d’autres solutions moins polluantes. Un vrai challenge pour l’Ile-de-France, notamment, dont le réseau routier est l’un des plus saturés d’Europe. Pour se déplacer en ville, tous les modes de transports (ferroviaire, fluvial, le vélo, la voiture, les bus, le covoiturage, l’autopartage etc.) doivent alors être considérés.
L’Europe fait par ailleurs face au défi de l’autonomisation. Comme l’explique Cyril Faure associé chez Bartle, cabinet de conseil en transformation pour les domaines des transports et des infrastructures : « Les deux enjeux de mobilité doivent être pensés en parallèle. En ce qui concerne les véhicules autonomes, nous constatons une bonne maîtrise technologique et un développement de solutions matures comme celles de Navya et de Keolis par exemple. L’autonomisation est une bonne chose en cela, toutefois, il est important de se pencher sur les besoins des usagers et des collectivités pour être certain de mettre en place des solutions adéquates et ne pas se lancer dans une course à l’autonomisation. »
Autonom Shuttle. Crédit photo: Navya
Dans l’optique d’accompagner les changements d’habitudes des villes sur la mobilité urbaine, des systèmes de transport intelligents (ITS) émergent de plus en plus. Il s’agit d’applications des nouvelles technologies de l’information et de la communication (TIC) adaptées au domaine des transports. A la 25e édition du Congrès mondial sur les ITS qui s’est tenue du 17 au 21 septembre à Copenhague, certaines d’entre elles ont d’ailleurs été présentées. La société danoise GoAppified a par exemple mis au point un système de paiement conçu à partir de la géolocalisation. L’utilisateur est ainsi en mesure de payer directement sur son smartphone les arrêts de bus qu’il traversera sur son trajet qui seront d’ailleurs identifiés au moyen de la géolocalisation.
La culture danoise du vélo
A l’image des Pays-Bas et d’autres pays européens, le Danemark bénéficie d’une culture du vélo. Selon la fédération européenne des cyclistes (ECF), lobby pro-vélo siégeant à Bruxelles, sa capitale serait même la plus adaptée au vélo urbain en Europe. « A Copenhague, 60% des déplacements se font en vélo, explique Louis-Antoine Calvy, associé chez Bartle. « Il faut dire que la ville a été complètement adaptée et conçue pour accueillir la circulation en vélo par l’architecte Mikael Colville-Anderson qui a travaillé sur la politique urbaine de la ville. »
Mikael Colville-Anderson.Crédit photo: Copenhagenize
Le fondateur de la Copenhagenize Design Company a par exemple repensé l’aménagement des carrefours de la capitale et aussi des pistes cyclables qui ont été élargies pour pouvoir accueillir trois cyclistes côte à côte (deux personnes pédalant côte à côte et le troisième espace pour doubler). Autre avantage pour les cyclistes, les feux de circulation des artères principales de Copenhague, permettant de regagner le centre-ville, ont été synchronisés. Ainsi, en roulant à une vitesse de 20 km/h avec son vélo, il est possible de profiter de tous les feux au vert. Pour encourager l’intermodalité, les stations de métro et de train sont également équipées de parkings et de rampes pour vélos.
Cette adaptation des villes à la circulation à vélo est appelée par les urbanistes « copenhaguisation ». Si la France n’est qu’en 12e place du classement des politiques cyclables en Europe, elle tend vers un développement de l’adoption du mode de transport. Le 14 septembre dernier à Angers, le gouvernement d’Edouard Philippe a dévoilé le « plan vélo et mobilités actives » visant à tripler la part de déplacements quotidiens à vélo pour atteindre 9 % d’ici 2024. Il s’est engagé à investir 350 millions d’euros sur 7 ans et à créer un fonds de co-financement des infrastructures nécessaires avec les collectivités locales pour développer la présence de pistes cyclables sur le territoire. La bicyclette d’Yves Montand a donc encore de beaux jours devant elle !