Au cours des 50 dernières années, l’industrie automobile a fait des progrès fulgurants, mais les routes pas moins. Si le réseau actuel reste inchangé, de nouvelles infrastructures se développent. Plus écologiques et surtout, plus en phase avec l’émergence des véhicules intelligents.
Les routes en plastique
Selon le WWF, la production de béton représente 8% des émissions mondiales de CO². La route est aujourd’hui composée de granulats de carrières (granit, calcaire, sable) mêlés au ciment ou à l’enrobé. Mais d’autres composants peuvent rentrer dans la formulation. Depuis peu, l’Inde remplit ses nids-de poule en utilisant le plastique comme liant. L’ingénieur britannique Toby McCartney a même mis au point le moyen de transformer le plastique recyclé en granulés pouvant être ajoutés à l’enrobé pour réduire l’utilisation de liants. Cela nécessite 3 à 10 kg de plastique recyclé par tonne d’enrobé posé. Ce processus rend la route plus robuste. Cumbria, au Royaume-Uni, a ainsi opté pour ce mode opératoire pour ses routes. Mais la vie en plastique n’est pas toujours fantastique. Lorsque les routes s’effondrent, de petites microparticules de plastique sont libérées dans l’environnement et peuvent avoir des effets néfastes sur la faune et la santé humaine...
Les routes en "puzzle"
La société néerlandaise KWS s’est associée à Wavin et à Total pour développer PlasticRoad, une chaussée modulaire préfabriquée en plastique recyclé. Les pièces ajustées permettent une construction 70% plus rapide tandis que la conception en plastique est plus légère que l’enrobé classique. On peut également y intégrer des canalisations et des câbles sans avoir à forer, tout en contenant les inondations par le stockage des eaux de ruissellement. La phase d’essai a débuté en septembre dernier avec l’ouverture d’une piste cyclable aux Pays-Bas.
La route lumineuse
Avec les énormes progrès de l’industrie automobile, il est important de souligner le rôle fondamental du marquage routier. De nombreux véhicules modernes dotés de fonctions de pilote automatique s’appuient sur ces marquages pour recentrer la voiture sur la route. Par mauvais temps ou faible luminosité, il peut être difficile de voir les marques. Toujours aux Pays-Bas, sur un petit tronçon de route, des lampadaires ont été remplacés par des lignes luisantes dans la nuit. Cette innovation simple mais efficace a été imaginée par le designer Daan Roosegaarde. Pendant le jour, ces bandes fluorescentes absorbent la lumière du soleil et la nuit, cette lumière est renvoyée. Le remplacement des lampadaires - en particulier sur les routes les moins fréquentées - offre une solution durable sans compromettre la sécurité du conducteur. Roosegaarde cherche également à créer des avertissements routiers au moyen de peintures sensibles à la température. Les marques s’illuminent lorsqu’elles détectent un net abaissement de la température, afin de prévenir des plaques de verglas sur la route par exemple.
La route auto-cicatrisante
À lui seul, le Royaume-Uni a consacré 40 milliards de livres sterling par an à la réparation et à la maintenance de son réseau existant, principalement en béton. Et a, de fait, contribué largement à l’émission de tonnes de CO² issues de la fabrication du ciment. Mais que se passerait-il si le béton pouvait se réparer de lui-même ? Les matériaux auto-guérissants ont été élus par le World Economic Forum parmi les 10 technologies les plus prometteuses. Auparavant, cette technologie était réservée à l’industrie aérospatiale mais son utilisation a été élargie à la construction en béton. En 2013, des chercheurs de l’Université de Bath, de Cardiff et de Cambridge ont uni leurs forces pour créer une nouvelle génération de bétons intelligents. Dans le cadre de ce projet, les chercheurs développent un mélange de béton contenant des bactéries contenues dans des microcapsules, qui germent lorsque l’eau pénètre dans une fissure. Ceci produit alors du calcaire (calcite), bouchant la fissure avant que l’eau et l’oxygène ne corrodent l’armature en acier en dessous. On estime que le béton autocicatrisant réduit les coûts d’entretien de 50%. Le même concept est utilisé dans l’enrobé, où des capsules microscopiques contenant un régénérateur peuvent être utilisées pour améliorer la capacité d’auto-cicatrisation du matériau. La route électrique
Environ 60% de la pollution issue du carbone provenant du secteur des transports provient des véhicules de particuliers. Si ces derniers étaient électriques, alimentés par des énergies renouvelables, cela pourrait avoir un impact énorme sur la réduction des émissions. Néanmoins, le gros problème des véhicules électriques est le temps de charge. La Tesla Model S peut à ce jour parcourir plus de 250 km avec une seule charge mais cela peut prendre jusqu’à 25h pour la recharger. Pour palier à cette contrainte, des recherches sont en cours dans le but de créer des routes électrifiées. Une innovation qui permettrait aux conducteurs de véhicules électriques de recharger à tout moment. Certaines recherches portent sur le chargement sans fil, tandis que d’autres se penchent sur le chargement par contact câble où, contrairement à un Scalextric grandeur nature, les voitures se chargent en maintenant le contact avec les bobines de chargement sur la route. Les premiers prototypes suggèrent que l’installation de bobines de charge dans 10% des routes étendrait l’autonomie des véhicules électriques de 94 à 480 km.