5,3 milliards d’euros par an. Tel est, selon l’Ademe, le coût social du bruit émis par les chantiers français. En cause : les perturbations du sommeil, les maladies cardiovasculaires ou encore les troubles de la santé mentale induits par les bruits émanants des zones de travaux.
Parmi les mesures « rentables » au regard de leurs bénéfices, telles que les décrit l’agence de la transition écologique, on trouve ainsi l’application de chartes dites « chantier à faible nuisance ».
Une mesure qui, comme l’avance l’Ademe, pourrait en effet se révéler particulièrement salutaire : « Sous l’hypothèse […] d’une réduction uniforme du niveau sonore auquel chaque personne est exposée de 5 dB(A), il a été estimé que le ratio annuel bénéfices / coûts de l’application d’une [telle] charte avoisine 3 ». Pour atteindre ce ratio, encore faut-il disposer de solutions techniques efficaces…
Des solutions innovantes
« Certes, on va aujourd’hui dans le bon sens en matière de réduction des nuisances sonores sur les chantiers, par exemple avec l’électrification de certains équipements. Ceci étant, il demeure difficile de lutter à la source contre certains bruits résiduels », observe Xavier Rodriguez, PDG de Jarnias, groupe français créé en 1993, expert des travaux en hauteur et d’accès difficile.
Depuis ses débuts, le groupe s’est ainsi attaché à trouver des solutions permettant le confinement des opérations menées sur les chantiers. Parmi elles, un système innovant de bâches acoustiques sur-mesures permettant de réduire drastiquement les nuisances sonores liées aux chantiers.
Développée par l’entreprise Acousteam, née en 2015, la solution a ainsi été adoptée par Jarnias sur un nombre croissant des projets d’ampleur sur lesquelles elle intervient. « Entre autres sur le Centre hospitalier Princesse-Grace de Monaco, où nous avons déployé avec Acousteam un immense dôme acoustique destiné à réduire les nuisances sonores du chantier », cite en exemple Xavier Rodriguez.
« Monaco est une zone extrêmement dense au niveau démographique. Pour pouvoir tenir les délais et travailler dans de bonnes conditions sur le chantier, nous avons installé ces bâches acoustiques assemblées sous la forme d’un dôme entièrement sur mesure, avec des systèmes de fixations inédits », détaille le PDG de Jarnias.
Aussi marquante que fructueuse, cette expérience a ainsi guidé le groupe vers un choix décisif : une prise de participation majoritaire au capital d’Acousteam, annoncée en septembre dernier.
Un désir d’accompagnement
« Nous avons rencontré le PDG d’Acousteam, Romain Gayraud, qui est ingénieur textile et passionné de son métier. Il a monté l’entreprise pour répondre, au départ, à une problématique simple : comment dépolluer les villes de leurs nuisances sonores. Cela m’a semblé un très beau projet, qui ne demandait qu’à être accompagné », retrace Xavier Rodriguez.
« Nous avons ainsi décidé cette prise de participation afin de les accompagner financièrement dans la poursuite de leur développement, mais aussi les faire bénéficier de notre réseau, de notre savoir-faire, de nos certifications et de notre expérience sur les grands projets », ajoute le PDG de Jarnias, qui vise ainsi un doublement du chiffre d’affaires d’Acousteam, atteignant pour l’heure 1 million d’euros.
Pour y parvenir, le groupe Jarnias a mis en place un plan d’investissement qui devrait notamment aboutir rapidement au doublement de la capacité de production de l’usine grenobloise d’Acousteam. Un site qui concentre tout le savoir faire de l’entreprise.
Des solutions adaptées à tous les besoins
Dans le catalogue des solutions permettant de lutter contre la pollution sonore d’un chantier, Acousteam propose certes des bâches - composées d’un sandwich de matériaux et pensées pour être durables - mais aussi, plus largement, des solutions globales composées de panneaux ou encore de tentes acoustiques.
« Cela nous permet de nous adapter aux spécificités de chaque projet », décrit Xavier Rodriguez. En fonction de leurs caractéristiques, de leur composition et de la façon dont elles sont mises en œuvre, ces solutions permettent d’atteindre différents seuils de réduction de bruit.
« Toutes ces solutions sont conçues par le bureau d’études d’Acousteam, et sont ensuite assemblées à Grenoble. Cela permet aussi de réindustrialiser un territoire et d’avoir ainsi un impact local fort », souligne finalement le PDG de Jarnias Xavier Rodriguez.
Travaux de voirie, de construction, de rénovation, ou encore démolition et forages… Le panel de solutions de lutte contre la pollution sonore développées par Acousteam se destine à un champ d’applications particulièrement vaste.
Outre des bâches, écrans et tentes acoustiques sur mesure déployés sur les chantiers du Grand Paris Express ; ou encore un rideau acoustique XXL installé à l’occasion d’un chantier de réhabilitation à Saint-Ouen, Acousteam a marqué les esprits en fournissant, en 2021, pas moins de 400 bâches acoustiques à un chantier d’ampleur : celui de l’hôpital Princesse-Grace de Monaco.
Un site sur lequel l’entreprise était déjà intervenue par le passé, mais qu’il s’agissait cette fois de couvrir d’un toit anti-bruit de 4000 m2…
« Ce projet comportait plusieurs contraintes : des délais de travaux très courts, la densité de population de la zone, mais aussi le fait que l’on ne puisse s’appuyer ni sur les murs ni sur le sol », énumère le PDG du groupe Jarnias Xavier Rodriguez.
Pour soutenir les bâches acoustiques déployées au-dessus du chantier monégasque, les équipes ont ainsi installé un système léger de câbles ; inspiré de la structure mise en œuvre par Jarnias après l’incendie de la cathédrale Notre-Dame de Paris pour protéger le monument des intempéries. « Une dernière contrainte était celle de l’accès à la zone par grue. Nous avons donc dû développer un système pouvant être ouvert et refermé au fil des besoins », décrit Xavier Rodriguez.
Véritable réussite sur le plan de la lutte contre la pollution sonore - environ 75 dB mesurés à l’extérieur, contre plus de 93 sous les bâches -, le dispositif a également révélé un autre intérêt : la protection thermique de la zone de chantier. « Les intervenants étaient au frais, comme avec une climatisation naturelle…! », glisse en effet Xavier Rodriguez.