Transition environnementale oblige, la production de CO2 doit, elle aussi, passer par la case renouvelable. Conscient de cet enjeu, VERDEMOBIL BIOGAZ, spécialiste de l’épuration du biogaz, s’est lancé, il y a quatre ans, dans la commercialisation et l’exploitation de modules de captage de CO2 à la sortie des méthaniseurs. Cette technologie de production de CO2 biogénique pourrait permettre de réduire l’impact environnemental du marché actuel, mais ouvre également la porte à la production de e-carburants entièrement renouvelables. 

VERDEMOBIL BIOGAZ pourrait être, en quelque sorte, considéré comme un alchimiste des temps modernes, transformant l’ennemi numéro 1 en une ressource pleine d’avenir. Alors que la chasse au dioxyde de carbone bat son plein à travers le monde, l’entreprise vendéenne cherche non seulement à le traquer à la sortie des méthaniseurs, mais va plus loin en le liquéfiant pour permettre son utilisation dans de nombreux secteurs. 

Le dioxyde de carbone est aujourd’hui presque exclusivement produit à partir de ressources fossiles. Il se destine principalement au secteur de l’agroalimentaire ainsi qu’à des utilisations précises dans des secteurs de niche. La production d’un CO2 plus vertueux constitue ainsi un premier enjeu. Mais ce n’est pas tout : les besoins futurs en e-carburants, en partie fabriqués à partir de CO2, pourraient faire exploser le marché. Dans ce contexte, VERDEMOBIL BIOGAZ se positionne en tête de peloton dans la décarbonation et la production du CO2 biogénique. Carole Couhert, responsable développement, et Luc Toschini, business développeur chez VERDEMOBIL BIOGAZ, nous en disent plus sur leur technologie de captation et de purification du CO2, ainsi que sur le potentiel de cette ressource dans la transition environnementale. 

Produire du CO2 de qualité alimentaire à partir des méthaniseurs

L’activité historique de VERDEMOBIL BIOGAZ est l’épuration du biogaz en biométhane grâce à la conception, la fabrication et la maintenance d’épurateurs dédiés. Le procédé de méthanisation permet d’obtenir du gaz d’origine renouvelable à partir de la transformation de déchets organiques. Lors de cette opération, des microorganismes viennent décomposer la matière, rejetant ainsi du biogaz, principalement composé de biométhane (50%) et BioCO2 (50%). Lorsque le biogaz n’est pas directement utilisé, il est épuré pour obtenir du biométhane. Le BioCO2, lui, est habituellement rejeté dans l’atmosphère. Pour aller plus loin dans l’optimisation de ce biogaz, VERDEMOBIL BIOGAZ a eu l’idée de créer un module de captage de ce CO2. Luc Toschini explique : « Pour pouvoir capter le CO2, on se place à la suite de l’épuration du biogaz qui permet d’obtenir du biométhane. Le gaz restant, appelé offgaz, est compressé à 20 bar, puis refroidi à environ -20°C, -25°C, ce qui permet de le liquéfier. Ensuite, par un processus de distillation, on vient récupérer uniquement le CO2. Dans ce offgaz, la petite quantité de biométhane restante va être récupérée puis injectée in fine dans le réseau de biométhane, permettant ainsi de valoriser la totalité du méthane. Le CO2 liquéfié est ensuite stocké dans les mêmes conditions de pression et de température, avant d’être analysé, puis envoyé chez le consommateur final ».

À l’heure actuelle, le marché français du CO2 représente environ 500 000 tonnes par an, et se destine principalement à l’agroalimentaire. VERDEMOBIL BIOGAZ en a déjà commercialisé 15 000 tonnes, avec un potentiel actuel de 40 000 tonnes par an grâce aux récentes installations. Ce BioCO2 produit est destiné pour 80% à des maraîchers, qui l’utilisent pour accélérer la photosynthèse dans les serres de culture. Dès le premier module de captage, installé en 2020, VERDEMOBIL BIOGAZ a pris le parti de n’installer que des modules capables de produire du BioCO2 de qualité alimentaire, dont la pureté atteint 99,9%. Carole Couhert détaille : « L’une de nos particularités, c’est que toutes nos installations sont équipées de manière à pouvoir produire du BioCO2 de qualité alimentaire. Elles ont des systèmes d’épuration, de filtration et de distillation dimensionnés pour obtenir un BioCO2 d’une pureté de 99,9% minimum. Pour justifier cette qualité alimentaire, il est cependant nécessaire d’y adjoindre un analyseur très précis, permettant de certifier le niveau de pureté du BioCO2. Aujourd’hui, sur nos dix installations en service, deux d’entre elles sont équipées de cet analyseur. Pour produire un BioCO2 de qualité alimentaire, les installations doivent également respecter un ensemble de réglementations liées au domaine de l’alimentaire, notamment en ce qui concerne les additifs alimentaires, ou les matériaux en contact avec les denrées alimentaires. Nos deux installations qualifiées d’alimentaire ont été conçues de manière à respecter toutes ces exigences spécifiques ».

Des perspectives d’avenir plus que prometteuses

Avec 500 000 tonnes consommées par an, le marché du CO2 paraît bien modeste. Dans les conditions actuelles, il paraît difficile d’imaginer l’intérêt d’équiper de modules de captage les 674 méthaniseurs actuellement en fonctionnement en France. Pourtant, la situation pourrait changer car le marché du CO2 liquide est potentiellement à l’aube d’une grande révolution. En effet, pour mener la nécessaire transition énergétique, les e-carburants devraient, petit à petit devenir un élément clé de la décarbonation des transports, et en particulier des transports lourds. Or, le CO2 fait partie des éléments indispensables à la production de ces carburants renouvelables. « Le marché du BioCO2 a vocation à se déployer grâce au développement de nouveaux marchés, explique Carole Couhert. L’une des filières, dont on parle de plus en plus, et qui est amenée à se développer à l’horizon 2030-2035, concerne les e-fuels. Il y a les carburants pour l’aviation et le maritime, le e-méthanol ou le e-méthane issu de la méthanation. Ces filières-là vont avoir besoin de CO2. Aujourd’hui, les réglementations européennes autoriseraient à utiliser du CO2 fossile pour ces biocarburants jusqu’en 2040-2041. Au-delà de cette période, il faudra du BioCO2, c’est-à-dire du CO2 d’origine biogénique, pour pouvoir prétendre à créer des biocarburants. C’est à ce moment-là que l’on verra tout le potentiel de la filière ». Si l’échéance paraît lointaine, VERDEMOBIL BIOGAZ se positionne dès à présent comme un précurseur dans un secteur qui s’annonce indispensable pour un avenir zéro carbone. Quatre ans après l’installation du premier module de captage, l’entreprise compte une dizaine d’installations en service, et de nombreux projets en cours d’étude. Forte d’une croissance prometteuse sur le sol français, elle cherche désormais à changer d’échelle et envisage le développement de projets dans plusieurs pays européens. 

Kevin Champeau