À l’occasion de la journée mondiale des toilettes, Enygea, expert en solutions d’hygiène mobile et temporaire, en collaboration avec Chantal Deckmyn, architecte et anthropologue auteure d’un manuel pour une hospitalité de l’espace public, invite à repenser les infrastructures sanitaires publiques pour répondre aux besoins de tous et protéger notre planète.
Repenser les toilettes publiques, c’est repenser l’espace urbain pour qu’il soit plus humain, plus respectueux et plus solidaire. Les toilettes ne sont pas un simple élément de confort, elles sont une nécessité et un droit. Pourtant nos villes manquent cruellement de toilettes publiques et celles qui existent posent des problèmes en terme de respect de l’environnement, d’hygiène et d’usage.
Les toilettes publiques : un droit fondamental ignoré
Les toilettes, le lieu par définition le plus intime, sont le plus souvent associées à l’espace privé. C’est peut-être l’une des raisons pour lesquelles les toilettes publiques sont aujourd’hui très globalement absentes de la préoccupation de nos décideurs. Elles correspondent pourtant à une nécessité qui peut concerner tout le monde, à tout moment, à quelque classe sociale que l’on appartienne. Alors que l’on trouve dans la plupart des villes, des lieux pour se détendre, se déplacer ou se restaurer, l’on constate un manque évident, pour ne pas dire criant, de sanitaires accessibles. Cette situation pénalise particulièrement les plus vulnérables d’entre nous : les personnes âgées, les femmes enceintes, les parents avec des enfants, les sdf, et les personnes handicapées ou atteintes de maladies chroniques. Beaucoup sont contraints de trouver des solutions précaires mettant à mal leur dignité.
Il est urgent de généraliser les toilettes publiques dans les villes. Mais surtout, hormis la question de leur nombre, il faut penser des infrastructures et des emplacements appropriés, des installations faciles d’accès, propres et gratuites ou à un coût raisonnable. Il faut également être en mesure de répondre à des situations spécifiques, inhabituelles ou temporaires. Pour certains lieux ou pour des évènements occasionnant des affluences particulières, il faut prévoir des interventions souples et adaptées, avec de véritables sanitaires, mobiles et innovants, qui ne soient plus des solutions de fortune ou des lieux répulsifs montés à l’improviste.
Le respect de l’intimité : un principe souvent bafoué
L’accès aux toilettes publiques est donc un droit fondamental fort peu respecté et lorsqu’il l’est, c’est le respect de l’intimité qui laisse le plus souvent à désirer. Par leur conception comme par leur emplacement dans l’espace public, la plupart des toilettes enfreignent les principes de refuge et de discrétion qui devraient être les leurs : cloisons mal ajustées, portes sans verrou, caméras de surveillance incongrues, entrée et sortie exposées au regard de tous, le cas échéant files d’attente. Beaucoup hésitent à utiliser ces espaces qui deviennent une source de stress, notamment pour ceux qui craignent les intrusions ou les regards indiscrets, tels les femmes, les enfants ou les personnes appartenant à des groupes minoritaires. Dans les questions d’usage entrent également les préoccupations liées à l’hygiène. Un nettoyage insuffisant peut rendre des toilettes rebutantes. Certains, en particulier et une fois de plus les femmes et les enfants, sont amenés à s’abstenir, voire à ne pas sortir de chez eux pour éviter des WC sales et malodorants.
Multiplier dans la ville la présence de toilettes convenables est une priorité en terme de santé publique. Il est également indispensable de repenser leur conception et leur entretien afin qu’elles garantissent un environnement sécurisé, où chacun puisse satisfaire ses besoins naturels en toute dignité. Leur installation doit souscrire aux principes élémentaires de l’accueil et de l’intimité : abri protecteur, clôture adaptée, équipements en état, verrous fonctionnels, éclairage étudié. Leur entretien doit impérativement bénéficier d’un nettoyage régulier.
L’apport de toilettes mobiles dans les enjeux écologiques et urbains
Parce que les toilettes ne sont pas qu’un simple lieu d’aisance mais un lieu de vie où différents microcosmes sociaux peuvent se croiser dans de multiples circonstances, il s’avère intéressant de disposer de toilettes mobiles qui évoluent et bougent en fonction des besoins : le lundi sur un marché, le mercredi sur un autre, le vendredi pour un concert nocturne… Des toilettes mobiles, certes, mais surtout des toilettes qui s’abstiennent de peser sur l’environnement. Ne nécessitant ni socle ni terrassement, les sanitaires peuvent disparaître aussi vite qu’ils sont apparus, sans laisser sur les sites la moindre trace de leur passage. Une première dimension responsable, écologique, des toilettes mobiles tient à cette facilité et rapidité d’installation.
Les autres tiennent à la sobriété de leur fabrication et de leur fonctionnement. L’urgence climatique et la gestion des ressources sont devenues une priorité et les toilettes doivent évoluer en conséquence. L’utilisation des toilettes sèches ou autonomes représente une alternative efficace : elle réduit l’utilisation d’eau potable et assure une gestion fonctionnelle des déchets. Les solutions de toilettes mobiles durables, conçues à partir de matériaux recyclés ou réutilisables, jouent également un rôle-clé dans la réduction de l’empreinte écologique des infrastructures. Aujourd’hui, il existe également des procédés pour revaloriser l’urine : après fermentation, l’urine peut être utilisée comme biostimulant pour réduire les apports d’engrais minéraux.
Des toilettes mobiles, faciles à déployer et respectueuses de l’environnement sont une solution innovante pour répondre aux enjeux actuels de l’écologie comme aux besoins croissants dans les villes, lors d’événements publics, dans les parcs ou dans les zones périurbaines.
La nécessité d’un engagement politique
En cette Journée Mondiale des Toilettes, il est temps de faire de l’accès aux toilettes publiques un véritable enjeu de société. Les villes doivent s’engager à offrir à leurs habitants et visiteurs des infrastructures sanitaires en nombre suffisant, respectant leur intimité, et en harmonie avec les impératifs environnementaux actuels. Un tel engagement, qui pourrait sembler élémentaire, constituerait une véritable révolution des mentalités et des pratiques. De fait, il marquerait tout simplement une considération envers les citoyens, la volonté de se soucier de leur santé et de leur vie quotidienne. Les solutions mobiles et innovantes doivent pouvoir participer à cette volonté, entrer dans les habitudes et dans les façons de penser l’aménagement. Il est de notre responsabilité collective de promouvoir des solutions avisées, attentionnées et durables, pour que chacun, quel que soit son sexe, son âge, sa situation et son état de santé, puisse satisfaire un besoin naturel dans des conditions dignes et sûres.