La compagnie française Brittany Ferries et Ports de Normandie lancent un projet de ferroutage qui reliera, via Cherbourg, la Grande Bretagne et l’Irlande à la frontière espagnole.
Dans un contexte où les préoccupations environnementales, la taille croissante des navires et le Brexit impactent fortement le trafic transmanche, Brittany Ferries et Ports de Normandie ont décidé de naviguer de conserve sur un ambitieux projet de ferroutage reliant Cherbourg à Bayonne. Ce service de transport combiné, qui sera le premier grand projet intermodal du corridor Atlantique, prévoit de compléter le service d’Autoroute De la Mer RU–Espagne par un dispositif ferroviaire pour des remorques non-accompagnées. Il s’agit d’un dispositif de ferroutage dans la continuité des services maritimes transmanche et Irlande opérés à Cherbourg qui permettra d’élargir l’activité aux hinterlands de Cherbourg et de Bayonne. Il concerne le marché des remorques non préhensibles comme celui des remorques préhensibles, des conteneurs ou des caisses mobiles.
Construction de deux terminaux ferroviaires Ce projet implique pour Brittany Ferries d’investir dans la construction d’un terminal ferroviaire à Mouguerre (Agglomération de Bayonne) et d’exploiter deux sillons quotidiens de 950 km sur l’itinéraire ferroviaire Mouguerre-Cherbourg. La construction du terminal de Cherbourg – pilotée et financée par Ports de Normandie – devrait débuter en septembre 2020 après une phase de concertation publique qui se tiendra en avril 2020. Sa mise en service et celle de la ligne de ferroutage est prévue en avril 2021. Après la période de montée en charge, ce sont environ 20 000 remorques qui pourront être acheminées chaque année depuis/vers le Port de Cherbourg, soit l’équivalent du volume Angleterre actuellement traité sur Cherbourg.
Le tracé ferroviaire Des études menées à l’initiative de la direction Clients et Services de SNCF Réseau ont abouti à un itinéraire passant au sud de Poitier, via Saint-Jean d’Angély dans un premier temps, et via Angoulême ultérieurement. La traction des trains se faisant par des locomotives thermiques entre Cherbourg et Tours, puis par voie électrique entre Tours et Bayonne, ou à terme « bi-modes. « Deux navettes d’une longueur totale de 750 m chacune constituées de 22 wagons partiront quotidiennement de chaque extrémité du dispositif intermodal, 7 jours/semaine » a déclaré Jean-Marc Roué, Président du Conseil de Surveillance de Brittany Ferries.
La technologie Lohr Le projet envisage d’utiliser le système LOHR Railway System pour l’exploitation du service Intermodal. Ce système utilise des stations au sol installées de façon fixe sur les terminaux, afin d’assurer l’ouverture et la fermeture des wagons pour permettre le chargement/déchargement horizontal des semi-remorques routières standards (4 m de hauteur dans le gabarit UIC GB1 ou AFM423). Les stations sont équipées de dispositifs électriques, hydrauliques et pneumatiques assurant les différents mouvements et leur contrôle. « Cette technologie rend compatible le gabarit des remorques avec les tunnels ferroviaires, une contrainte majeure sur le réseau ferroviaire du corridor Atlantique. Elle autorise également le chargement de remorques non préhensibles, soit l’essentiel du parc européen de remorques, tout en mettant en œuvre un système logistique performant qui simplifie, accélère et sécurise les chargement/déchargement de chargement » se félicite les acteurs du projet.