Construit en 1638, le grand Château d’Ansembourg dans le Grand-Duché de Luxembourg est en phase de rénovation et d’isolation en béton de chanvre.
La maîtrise d’ouvrage privée actuelle est propriétaire des lieux depuis 1986. Dès son acquisition celle-ci a souhaité procéder à une restauration progressive du château avec le concours du Service des Sites et Monuments Nationaux. Trois phases ont ainsi été programmées : une première phase de consolidation des fondations, une seconde phase de restauration des escaliers, soutènement des terrasses, et une troisième phase, phase actuelle de consolidation de la partie centrale, ouvrage le plus ancien du château. Initialement le maître d’ouvrage a souhaité procéder à la réfection simple d’un niveau (au 1er étage). Les examens et diagnostics préalables mirent en évidence des problèmes structurels très importants nécessitant une intervention globale : fissurations, affaissement de planchers, d’escalier… La présence de mérule (700 m²) a impliqué de revoir totalement la conception de la restauration initiale pour adopter un mode opératoire quasi archéologique. L’ensemble des éléments, de la menuiserie aux verres soufflés des 50 fenêtres et aux revêtements ont fait l’objet d’une recollection. Ainsi, de quelques dizaines de m² la rénovation a été étendue à l’ensemble des niveaux du corps central.
Une solution pertinente
Le choix du béton de chanvre s’est vite imposé. L’isolation intérieure devait respecter à la fois la perméance du mur mais aussi préserver les différents éléments décoratifs ou ornementaux. Le Béton de Chanvre Tradical a été choisi en réponse aux attentes de la maîtrise d’oeuvre et de la maîtrise d’ouvrage en termes environnementaux et sanitaires. La chaux aérienne Tradical PF 70 additionnée au Chanvribat (chanvre BCB labellisé granulat construction) gère de manière optimale l’eau retenue dans les parois et apporte une régulation hydrique, et l’écrêtage des températures (phénomène de changement de phase de l’eau présente dans le Béton Chanvre Tradical) ; il permet ainsi d’absorber 95 % de la variation des températures extérieures toutes saisons. La mérule naît de la pierre et se développe sous certaines conditions d’humidité et de température. Les propriétés de constance de température surfacique des murs intérieurs revêtus de béton de chanvre évitent la création d’un tel rapport. Soucieuse d’un confort des usagers des lieux, la maîtrise d’ouvrage demandait une température d’environ 20°C, un seuil atteignable sans problèmes pour le béton de chanvre. Le béton de chanvre a joué aussi un rôle d’affaiblissement acoustique limitant les phénomènes de réverbération.
Une réversibilité de « l’ouvrage isolant »
Face à la mérule, grande consommatrice de cellulose, la solution d’ossature secondaire en métal s’est imposée. Des profils galvanisés ont été ici mis en oeuvre et positionnés en retrait de quelques centimètres du mur (au moyen de vis de calage qui jouent le rôle d’écarteurs permettant également de les stabiliser). Les profils ont été positionnés à la verticale tous les 40 cm. Afin d’avoir un bon remplissage et un enrobage homogène du profil, ainsi que des épaisseurs spécifiques dictées par le respect des retraits entre nus des frises décoratives des voûtes et nus des murs isolés finis par exemple (recommandation SSMN), le responsable technique de BCB Tradical, Yannic Santandreu a proposé une solution ingénieuse : la pose de profils en U. Des rails (48 mm) ont ainsi été posés, le creux de la forme côté extérieur. Cette solution assure un recouvrement des profils avec suffisamment d’épaisseur de béton de chanvre pour supporter les variations dimensionnelles inhérentes au fonctionnement de tout matériau, et éviter ainsi toute détérioration de l’ouvrage par l’apparition de fissures. Le béton de chaux chanvre quant à lui a été réalisé à la bétonnière et déversé entre le banchage en OSB et la paroi des murs, suivant les règles professionnelles du béton de chanvre. Grâce à cette solution nouvelle il vient enrober au plus près l’ossature, suivant les zones entre 7 et 10 cm d’épaisseur. Préoccupation importante de la maîtrise d’ouvrage et du SSMN : les travaux entrepris ne devaient pas dénaturer l’ouvrage originel. Ils pourraient au besoin, être déposés dans le futur. Le béton de chanvre porté par des structures métalliques indépendantes du support pourra éventuellement être retiré aisément. Ce chantier consacre notamment la pertinence d’un matériau naturel biosourcé, le béton de chanvre, comme solution respectueuse pour (l’isolation et) la rénovation d’un Monument Historique officiel, matériau créé en France par BCB et qui passe aujourd’hui les frontières.
Le chantier en bref Maitrise d’ouvrage : Maîtrise d‘ouvrage privée Maitrise d’oeuvre déléguée : Anne Atifé Maitrise d’oeuvre : Agence Ngoma Madoki Entreprises artisans associés / Béton de Chanvre : Atelier Saint-Fiacre France (Tailleur de pierre) Entreprise Hennen Société Millereaux Atelier Montomble Restauration suivie par le Service des Sites et Monuments Nationaux Industriel créateur du Béton de Chanvre : BCB Tradical, groupe Lhoist Démarrage opération : 2009 Démarrage chantier : 2016 Durée totale du chantier : 10 semaines réparties sur 10 mois Livraison prévue : 2019 Test béton de chanvre : fin 2016 – 44 m² Superficie des enduits : 1 500 m² Quantité de produits : 130 m3 Épaisseur : Entre 7 et 10 cm suivant les localisations Ossature métallique : Pose spécifique inversée / Rails de 48 mm et fourreaux de 15 cm
Avancement des premiers niveaux de béton de chanvre Tradical