Ce matin, Olivier Salleron, le nouveau Président de la Fédération Française du Bâtiment, a fait un point sur la conjoncture et a présenté à la presse le plan de relance de la FFB, après une épidémie de la Covid-19 qui a lourdement frappé l’activité du secteur.
"La cicatrice restera profonde", a commenté Olivier Salleron en évoquant la situation économique et sanitaire. A l’arrêt pendant plusieurs semaines, l’activité du Bâtiment a repris sur 95 % des chantiers, et 17% se trouvent encore en activité réduite. La FFB estime que le bâtiment aura perdu 18 % de son activité, en volume sur l’ensemble de l’année 2020. Ce sont environ 120 000 emplois qui seront détruits d’ici la fin de l’année "et le décrochage pourrait atteindre jusqu’à 200 000 postes en 2021 si rien n’est fait", alerte Olivier Salleron.
Du côté de la situation financière des entreprises, dès fin avril 2020, nombre d’entre elles indiquaient que les délais de paiement de leurs clients s’allongeaient et que leur trésorerie s’érodait. "Les comptes des entreprises vont continuer de se dégrader, avec notamment les surcoûts sanitaires sur chantier, certes le plus souvent inférieurs à 10 %", précise-t-il, "or, la rentabilité moyenne des entreprises du secteur s’établissait à environ 2,5 % avant la crise. Ce qui signifie, en clair, que nombre d’entreprises perdent de l’argent en travaillant ! Seule une annulation de charges patronales jusqu’en fin d’année permettrait d’éviter le naufrage des structures les plus fragiles".
Un plan de relance "à prise rapide" et un plan bâtiment vert
"Il faut un plan à « prise rapide », pour limiter le trou d’air de septembre et les pertes d’emplois associées, qui en interdiraient la réalisation", a expliqué Olivier Salleron, " il convient donc de mobiliser le plus possible les dispositifs qui existent déjà, bien connus et maitrisés".
Par ailleurs, la préoccupation écologique ressort primordiale. "La profession ne peut que se féliciter que la rénovation énergétique se trouve au cœur des aspirations des Français. Toutefois, la FFB ne croit toujours pas aux vertus de l’obligation, surtout sans financement pérenne associé. La douloureuse expérience de la loi handicap de 2005, qui exigeait la mise en conformité de l’ensemble des établissements recevant du public à l’horizon 2015, est là pour le rappeler".
En ce sens, la FFB propose notamment pour la rénovation, que tous les travaux d’amélioration-entretien bénéficient d’une TVA réduite à 5,5 %. La FFB propose aussi de renforcer le couple CITE-MaPrimeRénov’ avec notamment une diminution du reste à charge pour les ménages très modestes et modestes, une restauration de l’éligibilité complète des ménages des déciles 9 et 10 de revenu, une augmentation du forfait rénovation de 150 à 400 € /m2, et l’éligibilité au CITE puis à MaPrimeRénov des résidences secondaires situées en zone de revitalisation rurale.
Concernant le neuf, la FFB propose deux améliorations au PTZ : un retour à un prêt de 40 % du montant de l’opération sur tout le territoire, et une majoration temporaire à 60 % pour les opérations affichant une performance meilleure que la règlementions en vigueur.
Quant au soutien à l’investissement locatif privé, la FFB suggère de passer, dès 2021, à un système simple et durable prévoyant l’amortissement du bâti pendant 50 ans, l’amortissement des gros travaux sur 15 ans, la déductibilité des intérêts d’emprunt (sans limite), des petits travaux et des charges locatives des revenus fonciers bruts, l’ imputation sans limite du déficit foncier sur le revenu global positif, et le maintien du régime actuel de taxation des éventuelles plus-values.
Le coût budgétaire de l’ensemble de ces mesures avoisine les 5 milliards d’euros par an. Elles s’inscrivent en ligne avec le grand objectif de viser 500 000 logements neufs et 500 000 rénovations par an pour répondre aux besoins. "Mises en place rapidement et de façon durable, elles permettront aux artisans et entrepreneurs de recruter 150 000 talents à l’horizon 2023", précise Olivier Salleron , avant de conclure : "Nous sortons d’une période où nos entreprises ont eu de réelles difficultés à recruter. Nos chefs d’entreprise sont prêts à embaucher mais ils ont besoin de visibilité et de stabilité sur leurs marchés. A nous aussi de valoriser nos métiers et démontrer que le Bâtiment est innovant et vecteur d’ascension sociale".
Olivier Salleron, Président de la FFB (crédit ConstructionCayola.com)