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La 3e plus grande mosquée du monde conçue par des Allemands et construite par des Chinois

PUBLIÉ LE 13 NOVEMBRE 2020
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La 3e plus grande mosquée du monde conçue par des Allemands et construite par des Chinois
Après huit ans de chantier, la Grande Mosquée d’Alger (Djamaa el Djazair) a ouvert ses portes le 28 octobre dernier à l’occasion de la fête du Mawlid el Nabawi. Cet impressionnant bâtiment religieux a été conçu sur la base de plans d’architectes et d’ingénieurs allemands, et bâti par une entreprise de construction chinoise, selon des précautions antisismiques. 

Il s’agit de la troisième plus grande mosquée du monde, après celles des lieux saints de la Mecque et de Médine. Son minaret avec ses 265 m, est le plus haut du monde. La salle des prières peut accueillir jusqu’à 36 000 personnes. Le complexe, dans son ensemble, a une capacité d’accueil de 120 000 visiteurs.
 


Il comprend, outre la salle des prières et le minaret, d’autres aménagements, comme un musée avec un centre de recherches sur l’histoire de l’Algérie et l’Islam, un centre de conférences, une bibliothèque, un centre de théologie islamique, des appartements et des bâtiments abritant des infrastructures.

L’ensemble architectural érigé sur un terrain de 26 hectares, a été commandé par le gouvernement algérien. La mosquée a été imaginée par des concepteurs-planificateurs allemands d’un groupe de travail constitué de KSP Jürgen Engel Architekten et de la société d’ingénierie Krebs+Kiefer International.

Après que KSP Jürgen Engel Architekten eût, en 2008, remporté le concours international avec leur projet d’architecture, le groupement a également obtenu le contrat pour la maitrise d’œuvre, les études et le suivi de ce grand projet. La signature du contrat, coup d’envoi officiel pour les études, a eu lieu en juillet 2008.

C’est la plus grande entreprise de BTP chinoise China State Construction Engineering Corporation (CSCEC) qui, en tant qu’entreprise générale, a été chargée de réaliser ce vaste projet, d’une surface d’environ 400 000 m2. Début 2012, les travaux de construction ont été lancés.

Une réinterprétation de la mosquée à colonnades

En tant que mosquée du vendredi, la Grande Mosquée ne se contente pas d’être au centre de la vie religieuse, mais elle se veut aussi être le centre de la vie sociale et sociétale. L’intérieur du complexe abrite – à l’instar d’un centre-ville – des boutiques, des salons de thé et une cinémathèque avec quatre salles de projection. Un vaste parc relie le corpus principal de 600 m de long, avec le centre des congrès voisin, la bibliothèque et le centre de théologie islamique.
 


La partie principale avec la salle des prières, est composée de quatre carrés alignés occupant chacun une dimension au sol, d’environ 150 x 150 m. Ils forment une suite de progression hiérarchisée : à l’agencement linéaire orientée vers la Mecque suivent les arcades de l’entrée (pergola) et la première place ouverte (esplanade) qui fait passage vers les usages religieux dans la cour d’entrée, et enfin la salle des prières. Le socle-plateforme commun abrite un parking souterrain de 4 000 emplacements.

Une colonne élancée à très large chapiteau constitue le leitmotiv conceptuel de l’édifice. On la retrouve partout. Sa forme et ses proportions sont inspirées de la fleur de calla (Zantedeschia), originaire du continent africain. Ces colonnes florales - au nombre de 618 au total - sont de hauteurs variées, selon leurs fonctions et exigences spécifiques. Elles servent d’élément de raccord à tous les espaces de l’ensemble.

Même l’intérieur de la grande salle des prières avec sa coupole centrale, est structurée de rangées de colonnes d’une hauteur allant jusqu’à 45 m. Les colonnes avec leur chapiteau servent aussi à abriter des fonctions techniques, comme, par exemple, l’aération, l’évacuation des eaux pluviales de la toiture ou l’amélioration des propriétés acoustiques, grâce à l’envergure de leurs chapiteaux.
 


Visible de loin, on trouve, à côté de la coupole, au diamètre à la base de 50 m, et qui atteint une hauteur de 70 m en son point culminant, le minaret de 265 m de hauteur. Non seulement, il s’agit, actuellement, de la tour la plus haute d’Afrique, mais c’est également le plus haut minaret du monde.

La tour élancée reprend la tradition architecturale du Maghreb : asymétrique, excentrée par rapport à l’axe, elle s’enracine sur une surface carrée. Outre la plateforme panoramique, au sommet de la tour (Sommah), aux parois de verre, on y trouve aussi un musée de la culture islamique qui accueille un centre de recherches, des bureaux et des foyers de réception panoramiques. Ces skylobbies servent, par ailleurs, de plateformes d’observation et rythment visuellement la façade, la découpant en cinq segments, en référence aux cinq piliers de l’Islam.

Appréhender le risque sismique

Avec ses 265 mètres de haut, le minaret est à l’heure actuelle la plus haute tour d’Afrique. Il se situe dans une zone au risque sismique élevé. Pour garantir la stabilité statique de cette tour très élancée reposant sur une étroite surface de base de 28 m sur 28, la tour a été ancrée à environ 50 m de profondeur sur un quadrillage de voiles en béton armé de 1,20 m d’épaisseur (fondation à barrettes).
 


La structure porteuse de la tour est une structure composite faite d’acier et de béton armé, qui répond à la charge des tremblements de terre. La sécurité sismique de la salle de prière est assurée par 246 isolateurs sismiques, sur lesquelles la salle entière repose. Ils permettent à la construction de bouger dans toutes les directions en cas de tremblements de terre. Les sollicitations sur la structure de la salle par les secousses sont ainsi considérablement réduites.

L’approvisionnement en matériaux et éléments de construction constituait un défi logistique. C’est ainsi que par exemple plus de 600 piliers en béton centrifugé, ces colonnes florales qui caractérisent le bâtiment, ont été produits en Allemagne et acheminés à Alger par voies ferroviaire et maritime.

Un chef-d’oeuvre multi-culturel

A côté de l’équipe des études et de la maîtrise d’œuvre allemande, ont également participé à ce projet l’équipe locale, composée d’ingénieurs algériens et de spécialistes internationaux dont, par exemple, entre autres, un consultant canadien et l’entreprise de BTP chinoise.

Le chantier a occupé au départ 1 600 travailleurs chinois et algériens, puis de plus 4 000 lors de la phase finale, ainsi que 300 architectes et ingénieurs venus d’Allemagne, de France et de Chine. 
Crédit photo : Zinedine Zebar
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