En 2013, la France était en bas du classement européen des pays ayant adopté le BIM. Huit ans plus tard, l’utilisation du BIM s’est fortement accélérée dans l’Hexagone et est aujourd’hui intégrée à plus de 35 % des projets immobiliers et plus de 50 % des projets de construction notamment chez les constructeurs les plus importants du marché.
PlanRadar, qui développe depuis 2013 une solution de digitalisation des projets de construction et d’immobilier dans le Cloud, a étudié la dynamique d’adoption et d’utilisation du BIM dans sept pays (Grande-Bretagne, Allemagne, Pologne, France, Croatie, Autriche et Russie), en compilant les données issues des dernières études nationales menées sur le sujet.
En utilisant très tôt (dès les années 80) la technologie BIM sur ses projets de construction, le Royaume-Uni s’est imposé comme le pionnier en la matière. Ainsi, selon le bureau national des statistiques britannique, 73 % des entreprises connaissent aujourd’hui le BIM et utilisent cette technologie dans leurs projets.
Or, en 2011, seuls 13 % des promoteurs utilisaient le BIM et 43 % n’en avaient pas connaissance. Une accélération de son utilisation rendue possible par le gouvernement qui a décidé de rendre obligatoire depuis 2016 l’utilisation du niveau 2 du BIM sur tous les projets financés par l’Etat.
Outre-Rhin, comme en Angleterre, environ 70 % des entreprises de construction utilisent le BIM, majoritairement au niveau 2, même si le niveau 1 est le plus répandu. Si les premiers projets BIM allemands ont été réalisés plus tardivement qu’en Angleterre, entre 2006 et 2009, le pays a su rapidement rattraper son retard grâce ici encore à des mesures gouvernementales fortes.
Dès 2015, l’utilisation du BIM est systématique dans les projets de grande envergure dont le budget est égal ou supérieur à 25 millions d’euros (ce qui concerne environ un tiers des concepteurs et des entrepreneurs en Allemagne) et est devenue obligatoire depuis 2020 pour tous les marchés publics relatifs à la construction d’infrastructures fédérales ou de bâtiments liés aux infrastructures.
En parallèle, de fortes mesures incitatives soutiennent aujourd’hui la mise en œuvre du BIM via la mise en place de projets pilotes et un soutien financier à destination des petites et moyennes entreprises.
France : un fort potentiel
Contrairement à ses voisins, l’utilisation du BIM en France n’a pas été rendue obligatoire ni sur les projets de construction publics, ni privés. Pourtant, 35 % des promoteurs et 50 % des entreprises de constructions les plus importantes en France utilisent le BIM majoritairement à un niveau 2.
Un résultat qui s’explique notamment par un fort engagement incitatif de la part de l’Etat, qui voit dans cet outil un levier puissant de transition écologique et de réduction des coûts. Par conséquent, parmi les acteurs de la construction les plus adeptes du Building Information Modeling, on retrouve les bailleurs sociaux et les organismes directement liés à l’Etat.
Par ailleurs, lancé en 2018, la mise en œuvre du plan BIM 2022 a également permis d’accélérer la transition numérique dans la construction, en encourageant les participants à intégrer le BIM dans leurs flux de travail.
Des freins subsistent : absence d’un écosystème de confiance, incompatibilités des formats de données, absence de normalisation et manque accru de standardisation des outils et protocoles BIM, manque de compétences et difficulté d’accès aux bons outils numériques de formation , coûts d’investissement trop élevés, monopole des accès au BIM.