Jean-Marc Golberg, Président du Syndicat National du Béton Prêt à l'Emploi (SNBPE)
La production de Béton Prêt à l’Emploi en France se porte bien et a retrouvé son niveau de 2019. Nous avons demandé à Jean-Marc Golberg, Président du Syndicat National du Béton Prêt à l’Emploi (SNBPE), son analyse d’activité, les perspectives, mais aussi les grandes tendances du secteur.
constructioncayola.com : Le dynamisme du Bâtiment observé en 2021 profite-t-il au BPE ? Jean-Marc Golberg : Avec 40 792 135 m3 produits en France métropolitaine en 2021, l’activité de béton prêt à l’emploi est effectivement revenue à un bon niveau. Après un rebond conjoncturel et technique « postpandémie » de l’activité des matériaux en 2021, une quasi-stabilisation des volumes de production est attendue en 2022 sous l’effet conjugué d’une dynamique de croissance de la demande moins vigoureuse et des tensions sur l’offre affectant le système productif. Mais parce que le logement reste en France le moteur du secteur du BTP et parce que les français consacrent déjà 30% de leur budget pour se loger, le SNBPE considère que le principal défi des années à venir est de continuer à construire pour répondre à la demande des logements de qualité, à un coût maîtrisé qui reste accessible aux primo-accédants. Dès 2018, la construction de logements neufs a enregistré une baisse inquiétante. En 2020, la production est descendue à 352 700 logements, dont 87 000 sociaux. Si l’année 2021 enregistre un rebond des autorisations de construire (471 000) et des mises en chantier (392 000), l’objectif de 60 000 logements étudiants n’est, quant à lui, atteint qu’à moitié. Le SNBPE attend donc que les Pouvoirs Publics prennent des mesures incitatives fortes à ce sujet qui aillent au-delà des 650 M€ prévus pour financer le recyclage des friches urbaines et industrielles peinant à atteindre leur équilibre financier, et ainsi faciliter la construction de logements et l’installation d’activités sur des sites déjà artificialisés. Et ceci d’autant plus que les récents évènements internationaux qui auront sans aucun doute un impact sur le coût de la construction, combiné à une hausse des taux d’intérêt, pourraient avoir un impact négatif sur la dynamique de croissance du secteur.
c.c.com : Quelles sont les grandes tendances du BPE aujourd’hui ? Jean-Marc Golberg : Les efforts portent naturellement vers la décarbonation des produits. Il convient de rappeler que le terme béton « bas carbone » est largement utilisé même s’il ne fait pas l’objet d’une définition officielle s’appuyant sur un cadre normatif ou réglementaire. Il est convenu que ces bétons correspondent à des bétons qui, pour des propriétés, des performances, des qualités d’usage et une durabilité équivalente à celle d’un béton de référence, génèrent des émissions de Gaz à Effet de Serre inférieures à celles de celui-ci. Le SNBPE a d’ailleurs édité une brochure en 2021, pour préciser ces différentes notions. Rappelons également que le SNBPE, tout en étant en désaccord avec la méthode de calcul de l’impact carbone (l’ACV dynamique) soutient l’intérêt de la réglementation RE2020. Elle participe largement à l’innovation dans le domaine de la décarbonation en proposant des formulations frugales en CO2, et travaille auprès des bureaux d’étude, des architectes et des constructeurs pour produire des bâtiments à empreinte carbone réduite. Une autre de nos préoccupations est la préservation de la non artificialisation des sols (avec l’usage de bétons drainants par exemple)…
c.c.com : Comment se positionne le BPE face aux solutions préfabriquées ? Jean-Marc Golberg : Il ne s’agit pas d’opposer les solutions béton les unes aux autres, mais de considérer qu’il faut les utiliser habilement en mettant « le bon béton au bon endroit », c’est la clef de voûte du bon choix de construction !