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En 2024, la crise du logement pèsera sur la demande de matériaux de construction

PUBLIÉ LE 8 JANVIER 2024
LA RÉDACTION
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En 2024, la crise du logement pèsera sur la demande de matériaux de construction
©Julien Rambaud
Après une année 2023 en repli, le secteur des matériaux  de construction n’échappera pas, en 2024, aux conséquences de la crise du logement.
 
Alain Plantier, Président de l’Union nationale des Industries de Carrières et Matériaux de construction (UNICEM), a dressé, en décembre dernier, le bilan de l’activité des matériaux de construction sur les dix derniers mois. L’année 2023 a été marquée par une forte dégradation de l’environnement du bâtiment, avec la conjoncture déprimée du secteur du logement qui va se poursuivre et encore impacter la demande en matériaux de construction en 2024. Concernant plus spécifiquement la production de granulats et de béton prêt à l’emploi (BPE), les résultats disponibles fin novembre suggèrent une contraction sensible sur l’ensemble de l’année 2023, qui ramènerait les volumes à 321 millions de tonnes pour les granulats et à 36,7 millions de m3 pour le BPE. Ces derniers sont encore appelés à se contracter l’an prochain, de façon plus prononcée pour le BPE, la tenue des Jeux Olympiques pouvant de surcroît impacter l’activité béton sur une partie de l’année dans la région Île-de-France.
 
2023 : une crise du logement sans précédent qui impacte le secteur amont
 
La crise du logement neuf, annoncée par les constructeurs et promoteurs, est bien là. Les permis de construire, comme les ventes des constructeurs de maisons individuelles aux particuliers et les ventes côté promoteurs, ont chuté massivement et les mises en chantier ont continué de décrocher. Le second semestre de l’année 2023 a certes été marqué par une modération des hausses de coûts et de prix mais l’activité économique porte aujourd’hui les stigmates des poussées inflationnistes passées. Le secteur constructif subit de plein fouet le contrecoup de l’érosion du pouvoir d’achat et de l’investissement des ménages, pris en étau entre la hausse des prix et celle des taux d’intérêt. La frilosité des banques et le durcissement des conditions d’octroi de crédit ont achevé de plonger le marché du logement dans un profond marasme.
La conjoncture des travaux publics est quant à elle mieux orientée avec le réveil de la commande privée et publique et des projets urbains dans les grandes métropoles, mais elle profite encore peu au marché des granulats. En effet, les travaux se concentrent surtout sur des spécialités d’ouvrages qui mobilisent probablement plus de béton que de granulats (génie civil, énergie, transports urbains…).
Dans ce contexte, les besoins en matériaux ont été sensiblement réduits en cette année 2023 : ceux du BPE devraient baisser de -6,5 % (données brutes) tandis que ceux en granulats accuseraient une contraction de -7,5 %.
 
2024 : un effet JO qui se surajoute à la crise du logement
 
Après avoir reculé de près de 70 000 unités, les mises en chantier de logements devraient encore se contracter en 2024 de près de 50 000 selon les estimations de l’Unicem. Cette baisse va évidemment peser sur la demande de béton prêt à l’emploi, qui sera également impactée par un repli des mises en chantier de locaux non résidentiels, certes moins marquée.
Une orientation plus positive de la conjoncture des travaux publics pourrait certes alimenter à la marge la demande de matériaux sans toutefois réussir à modérer l’ampleur du repli.
Les livraisons de BPE pourraient ainsi se contracter de plus de 10% l’an prochain, cette baisse intégrant aussi un effet JO sur l’Île-de-France dont l’activité sera très ralentie pendant une partie de l’année dans certaines zones. Les restrictions connues à ce jour et les arrêts de chantiers (libération des emprises, etc.) pourraient ainsi amputer l’activité BPE d’environ 1,5 point sur l’année pour la France entière.
Du côté des granulats, hormis la contraction de la production du BPE qui leur coûterait deux points d’activité, la demande serait bridée par une dynamique des chantiers de travaux publics encore peu propice aux travaux de terrassements et ouvrages routiers, qui nécessitent le plus de granulats. Au total et concernant les granulats, le recul d’activité attendu autour de -6 % l’an prochain serait moins prononcé qu’en 2023, la prévision de l’Unicem tablant sur la montée en charge et l’effet d’entraînement du cycle électoral sur les dépenses de l’ensemble des collectivités locales. Ces perspectives se solderaient par des niveaux de production historiquement bas en 2024. En BPE, les cubages livrés seraient inférieurs à 33 millions de m3, les plus faibles depuis 26 ans et inférieurs de 15 % à leur moyenne de long terme. Quant aux granulats, les volumes produits seraient à peine supérieurs à 300 millions de tonnes, un niveau historiquement bas, qui se situe 20 % sous la moyenne de longue période. Au-delà de l’impact conjoncturel défavorable sur les productions de ces matériaux, il convient de souligner que l’approche responsable de la ressource conduit structurellement à limiter ses volumes. Le développement du recyclage (issu de la démolition), souvent réalisé en dehors de nos carrières, de même que la réutilisation de matériaux sur site, s’inscrivent dans un schéma d’économie circulaire qui conduit la profession à modérer les volumes extraits.
 
 
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