Jean-Luc Petithuguenin, PDG de Paprec. Crédit : Paprec
L’émission Cash Investigation présentée par Elise Lucet sur France 2 et diffusée le 11 novembre dernier était consacrée à la gestion des déchets et plus largement à l’industrie du recyclage dont certains de ses plus éminents acteurs, à l’instar de Paprec, ont été largement pointés du doigt.
Après s’être émue des refus de tri dans une première partie, l’émission Cash Investigation "Déchets : la grande illusion" s’emploie à éreinter méthodiquement la société Paprec qui a accueilli sans le savoir un journaliste de l’émission infiltré en trieur au sein du centre de Tri Trivalo 35 à Le Rheu, en Ille-et-Vilaine. Ce dernier rapportait le quotidien difficile des salariés en centre de tri, notamment les trieurs en cabine de surtri, et soulignait le recours massif à l’intérim au sein du Groupe.
Dans un droit de réponse publié sur les réseaux sociaux et le site internet de Paprec, son PDG, Jean-Luc Petithuguenin, dénonce "une attaque personnelle" et une "tentative de démontage de la mécanique de financement" de son Groupe. Le dirigeant rappelle pêle-mêle que "non, le système de holding ne rend pas la structure Paprec suspecte"; que Paprec dépose bien ses comptes et a bien remboursé son prêt "il y a 18 ans". Quant à l’accusation de financement par des comptes venant des paradis fiscaux, Jean-Luc Petithuguenin, "scandalisé et attristé" affirme que l’ensemble des holdings "est (bel et bien) inscrit en France".
Comme un seul homme
Une communication Groupe a également été diffusée, rappelant que "le recyclage n’est pas une partie du problème des déchets en France, c’est au contraire une partie de la solution". "Grâce aux industriels du recyclage, depuis trente ans, la filière a réalisé des progrès considérables, tant sur le plan de la gestion des déchets que sur celui des conditions de travail des salariés de ce secteur. Les taux de collecte, de captation, de recyclage et de valorisation ont fait des bonds importants, le stockage illégal a été drastiquement réduit", peut-on lire sur le site internet.
"Ces progrès, pour les déchets ménagers, reposent sur le geste de tri des citoyens, à la maison. C’est là toute la raison d’être de la simplification des consignes de tri qui est en cours, avec l’instruction de mettre dans la poubelle jaune, avec les papiers, cartons, aciers, bouteilles et flacons, l’ensemble des plastiques d’emballage. Les progrès de cette filière dépendent de la collecte et donc de ce geste de tri", martèle le Groupe.
Sur la forme, Paprec estime que les émissions telle Cash Investigation "jettent l’opprobre sur l’ensemble des filières de gestion des déchets : la collecte serait faite en mélange, le recyclage serait fumeux, l’incinération nocive, la méthanisation dangereuse, l’enfouissement abusif, Tout serait dangereux, sale, polluant, inefficace".
Ces "mensonges ou fausses vérités" renforcent "les idées complotistes" et visent à "décourager les citoyens de réaliser le geste pourtant essentiel pour atteindre en France les objectifs environnementaux fixés".
Une liste non exhaustive de points réfutés ou confirmés
Paprec rappelle que le bac jaune "est non ramassé voire mélangé avec des ordures ménagères seulement quand les agents de collecte constatent trop d’erreurs de tri" et que "le coût de l’enfouissement ou de l’incinération est supérieur au coût du recyclage donc ce n’est pas dans l’intérêt des collectivités d’agir ainsi".
L’enfouissement n’est pas une solution, poursuit le Groupe. "Incinérer ou enfouir une tonne d’ordures ménagères résiduelles coûte en moyenne 150 euros à la collectivité quand collecter, trier et vendre une tonne de matière triée peut rapporter 800 euros, grâce au financement Citeo et à la vente de la matière recyclée".
Du reste, "le PET, le PP et le PEHD, qui constituent les flacons et bouteilles sont captés à des taux entre 90% et 97% par les centres de tri quand ils sont mis dans le bac recyclable à la maison" et non à 78% comme le soutient Cash Investigation. Dans ces emballages, une partie n’est pas recyclable, essentiellement les étiquettes et le résiduel de liquides restant dans ces emballages. "L’essentiel de l’amélioration à réaliser est de développer le geste de tri. 65% des bouteilles et flacons plastiques sont triés par les citoyens en moyenne en France, avec des taux faibles dans l’urbain dense. La marge d’amélioration est donc importante", souligne Paprec.
Quant à l’affirmation selon laquelle les plastiques complexes sont difficiles voire impossibles à recycler, elle est vraie. "Les technologies de recyclage des plastiques ne permettent pas de séparer des couches de plastiques différentes. L’évolution doit là venir de l’écoconception des emballages", explique le Groupe.
En revanche, il est faux d’affirmer que le recyclage plastique dégrade le plastique. "Les matières plastiques peuvent rentrer dans plus de cycles de recyclage (20 à 30 cycles) que le Papier (6-9 cycles) ! Les matières plastiques sont extrêmement durables et permettant des allègements de produits qui permettent de faire des économies massives d’émissions de CO2 lors des transports", ajoute Paprec.
Le déchets organiques sont bel et bien envoyés à l’incinération ou à l’enfouissement. "Mais les directives européennes prévoient que dès 2024 l’ensemble de ces déchets seront triés à la source, chez les industriels comme chez les particuliers. Ils peuvent être recyclés en engrais (par le retour au sol) et en énergie, grâce à la méthanisation", peut-on lire.
Non, un méthaniseur, n’est pas dangereux. "Une série d’arrêtés règlementaires encadre la construction des méthaniseurs. Celles-ci sont en effet soumises à des autorisations d’exploiter et sont très suivies par les services de l’Etat (la DREAL)", rétablit Paprec. La fermentation, elle, ne sent pas mauvais. Elle se fait "dans une enceinte fermée".
Les usines d’incinération ne rejettent pas de polluants dans l’atmosphère. "Le rejet annuel moyen de dioxines des incinérateurs a été divisé par un facteur de plus de 100 depuis 20 ans. L’ensemble des 130 incinérateurs français rejette aujourd’hui 10 fois moins de dioxines que les feux domestiques chaque année en France", insiste Paprec.