éMa, PME montpelliéraine spécialisée dans la valorisation du CO2 effectue une levée de fonds de 800 000€ et ouvre son capital aux investisseurs.
Et si le CO2, ce gaz souvent pointé comme l’ennemi numéro un du climat, devenait une ressource précieuse pour construire l’avenir énergétique ? Alors que les émissions mondiales atteignent des niveaux records, représentant 36,8 milliards de tonnes en 2022 selon l’Agence Internationale de l’Énergie (AIE), les industries cherchent des solutions pour réduire leur empreinte carbone sans compromettre leur compétitivité. La transformation des émissions industrielles en énergie verte s’impose comme une piste innovante, mais peu d’acteurs parviennent à allier efficacité technologique et viabilité économique.
C’est dans ce contexte que s’inscrit éMa, PME montpelliéraine, grâce à une technologie brevetée basée sur l’électro-catalyse qui capte le CO2 directement à la source pour le transformer en biométhane grâce à l’hydrogène qui se forme au sein du réacteur par électrolyse de l’eau. Avec une augmentation de capital de 800 000 € ouverte jusqu’au 31 décembre 2024, éMa invite les investisseurs à participer à une démarche porteuse.
Établie en 2014, éMa SAS s’est donnée pour mission de réduire les émissions de CO₂ tout en créant de nouvelles ressources énergétiques. Son procédé unique repose sur un électro-catalyseur qui capte directement le CO₂ émis par les industries lourdes ou du biogas issu des installations de méthanisation, le transformant en biométhane grâce à l’hydrogène qui se forme in-situ par l’électrolyse de l’eau. En absence d’injection de CO2 ou de Biogas, le réacteur fournit de l’hydrogène. Deux productions d’énergie verte sont donc possibles.
Ce processus innovant, soutenu par un brevet, offre des bénéfices concrets :
- Une valorisation des émissions de CO₂ dans un seul réacteur, limitant les coûts de production énergétique ; - Une réduction du prix de revient du biométhane à 1 300 €/tonne, contre 2 000 €/tonne avec les méthodes traditionnelles ; - L’élimination des métaux précieux comme le platine, souvent nécessaires dans les procédés concurrents.
Pour accélérer l’industrialisation de sa technologie, éMa lance une augmentation de capital de 800 000 €. Les 80 000 actions à 10 € l’unité sont accessibles aux investisseurs particuliers et institutionnels via la plateforme dédiée sur www.electronmaterials.fr. Les fonds collectés permettront de :
- Déployer des projets pilotes, tels que Solarvi 2, en collaboration avec Terega sur son site test à Villefranche-de-Lauragais et avec GRDF ; - Renforcer les partenariats industriels, notamment avec les secteurs des cimenteries, aciéries et méthanisation ; - Étendre les équipes et les capacités techniques pour accompagner la montée en puissance des activités.
Ce modèle de financement direct, qui démocratise l’accès à des projets écologiques, illustre une volonté de s’inscrire dans une économie locale et participative
Une solution compétitive et différenciante
Contrairement aux approches traditionnelles, éMa concentre ses efforts sur un procédé d’électrolyse en température (250°C), basé sur l’utilisation de géopolymères comme électrolytes solides. Ce choix technique permet de travailler dans un domaine de température jusqu’alors inexploré, réduisant significativement les coûts et maximisant l’efficacité énergétique. En comparaison, les technologies concurrentes, comme celle de Twelve aux États-Unis, nécessitent l’utilisation de métaux précieux et fonctionnent à basse température, augmentant ainsi leur vulnérabilité aux empoisonnements catalytiques.
Une ambition ancrée dans l’avenir
En 2031, éMa prévoit :
- La création de 188 emplois directs et indirects, dont 150 en région Occitanie ; - Une valorisation estimée entre 21 et 32 millions d’euros, portée par des résultats tangibles dans la captation et la valorisation du CO₂ ; - Une implantation durable sur le marché européen, soutenue par une montée en puissance des installations sur les sites industriels partenaires.
Ces objectifs s’inscrivent dans le cadre du programme i-demo, soumis à la BPI et à la région Occitanie, qui soutiendra les activités de R&D pour les trois prochaines années.
éMa, en réponse à une histoire scientifique
éMa (électrons et Matériaux) est une PME montpelliéraine fondée en 2014, spécialisée dans la transition énergétique et la valorisation du CO₂. Grâce à ses partenariats industriels et institutionnels, l’entreprise déploie des technologies durables, compétitives et adaptées aux besoins des grandes industries.
L’origine de la technologie éMa repose sur les travaux de Béatrice Sala, docteure ès sciences en physico-chimie. Forte d’une carrière de 40 ans dans la recherche industrielle, elle a su transformer des avancées fondamentales en solutions concrètes. Entre 1994 et 2000, ses travaux sur la corrosion des générateurs de vapeur ont permis de découvrir les propriétés conductrices des dépôts d’argiles formés sous haute température et pression. Ces recherches ont conduit au développement des géopolymères actuels, éléments-clés du procédé d’électrolyse breveté par éMa en 2015.