Mardi a eu lieu la pose du premier tronçon de la Grande Passerelle visant à assurer un passage sécurisé pour les piétons et les cycles, à Mantes-la-Jolie, entre la place de l’Etape et l’Ile aux Dames. C’est aujourd’hui, au tour du second tronçon d’être posé.
Dans le cadre de ce chantier, les tronçons ont, tout d’abord, été transportés depuis l’usine de Viry située à Eloyes (88) jusqu’au port de Limay où a été installé un atelier sur site. Ce dernier a notamment permis d’assembler les caissons, de les boulonner et de les souder sur place. D’une envergure de 105 m de long pour 7 m de large et d’un poids de 167 tonnes, le premier tronçon a ensuite été acheminé par barge Sarens (twin barge: Karel-Victor) jusqu’aux bords de Seine se situant devant la Collégiale de Mantes-la-Jolie.
La contrainte du vent
Pour procéder à la pose du premier tronçon, le groupement, composé de Viry et Razel-Bec, en charge de réaliser les travaux et l’entreprise Sarens ont attendu le dernier moment. L’une des contraintes majeures sur ce type de chantier était particulièrement imprévisible. « Lors de la rotation, la prise au vent est importante », explique Jean-Pierre Tahay, directeur général de Viry. « C’est pourquoi, nous prenons des mesures en temps réel afin d’adapter la procédure. Au-delà de 14m/seconde de vitesse de vent, soit environ 50 km/h, nous ne pouvons prendre le risque d’effectuer cette étape du chantier. »
Une bonne stabilité
Avant d’effectuer le levage de la passerelle, il a tout d’abord fallu stabiliser la barge dont la particularité sur ce chantier est de porter à la fois la grue et ses charges. Pour ce faire, les équipes ont adapté le ballastage et des pieux provisoires ont même été installés. En pratique, avec les palonniers et les élingues, le poids de l’élément en charpente métallique avec platelage en bois passe de 167t à 190t. Le choix de la grue s’est porté sur une Terex CC 3800 à chenilles d’une capacité nominale de 600t. Lors de l’opération de levage et de rotation, le contre-poids s’est lui élevé à 300t. “Entre 45 et 50 semi-remorques ont été nécessaires pour acheminer la grue qui opérait précédemment sur un chantier naval à Dunkerque”, précise Daniel Ziegler, directeur des opérations chez Sarens.
Une passerelle courbe
“Initialement, nous pensions réaliser une pose en trois éléments, à la manière de la passerelle Simone-de-Beauvoir reliant les ponts de Bercy et Tolbiac de Paris, conçue également par l’architecte Dietmar Feichtinger. Or, ce dernier a cette fois imaginé un ouvrage en forme de “s”, courbe plutôt que rectiligne. La méthode classique, plus fréquemment employée, n’était donc pas adaptée à ce chantier”, raconte Jean-Pierre Tahay. Le premier tronçon de la passerelle posé mardi dernier, s’appuie sur une pile en béton au départ du tracé et sur une pile métallique installée à mi-parcours. Aujourd’hui, le même procédé va être employé pour le second tronçon qui sera raccordé sur le milieu par un joint de raboutage. “Nous avons mis en place des systèmes d’appui réglables pour compenser la tolérance de déformation de l’acier et assembler les deux éléments de l’ouvrage”, précise-t-il.
Avant l’ouverture de la passerelle au public au printemps 2019, des essais statiques seront préalablement réalisés afin d’observer le comportement sous charges puis, d’autres dynamiques veilleront à assurer le confort des usagers. L’amortissement sera ensuite mesuré. “Suivant le degré d’acceptation que nous nous sommes fixés, nous installerons ou non des amortisseurs. Des trappes sous le platelage en bois ont été anticipées dans le cas où ils seraient nécessaires”, conclut Jean-Pierre Tahay.
Le chantier en bref: Mandataire: EPAMSA Maître d’ouvrage: SMSO Architecte/Maître d’oeuvre: Dietmar Feichtinger Groupement d’entreprises: Viry (charpente métallique) et Razel-Bec (génie civil) Montant global de l’opération: 9,6 millions d’euros HT (ce coût inclut la restauration du vieux pont pour une seconde passerelle reliant la rive droite de Limay à l’Ile aux Dames de Mantes-la-Jolie) Coût de la Grande Passerelle: 3,8 millions d’euros HT