Dans un jugement paru vendredi dernier, le Conseil d’Etat a suspendu l’arrêté préfectoral autorisant le chantier de la déviation de Beynac en Dordogne (24). Une véritable victoire pour ses opposants.
Depuis 30 ans, élus et administrés de la vallée de la Dordogne s’opposent sur un projet de contournement routier de la cité médiévale de Beynac-et-Cazenac. Vendredi dernier, le Conseil d’Etat a ordonné la suspension des travaux lancés en février dernier. Saisie par des opposants au projet, la plus haute juridiction administrative juge dans son arrêt que ce chantier est "susceptible d’affecter la conservation d’espèces animales ou végétales protégées et leurs habitats". Quelques jours auparavant, le rapporteur du Conseil d’Etat avait déjà recommandé cette suspension.
Un projet routier à 30 millions d’euros
Le chantier porté par le président du Conseil Départemental de la Dordogne, Germinal Peiro, consiste en la création d’une déviation routière de 3,2 km, de deux ponts et d’un pont rail. Objectif: contourner le centre-ville de Beynac afin de résorber les bouchons qui paralysent, l’été, cette petite commune nichée au coeur de la vallée de la Dordogne, classée réserve de biosphère par l’Unesco. Dans son arrêt, le Conseil d’Etat estime que le "bénéfice attendu de cette déviation apparaît limité", d’abord parce que des travaux d’élargissement des voies ont déjà été réalisés dans la commune mais aussi parce que le trafic estival est seulement dû à l’importante fréquentation touristique.
Les habitants divisés après la suspension
Les opposants au projet se félicitent de la décision du Conseil d’Etat mais au sein de la vallée de la Dordogne la suspension des travaux continue de diviser. Pour certains, l’arrêt de la plus haute juridiction administrative arrive trop tard. Les travaux du contournement routier de 3,2km étaient bien engagés, sur les communes de Vézac, Saint-Vincent-de-Cosse et Castelnaud-la-Chapelle. Conséquence: plus de 15 millions d’euros ont déjà été versés et cinq piles sont déjà construites dans la rivière. Pour d’autres, le trafic estival impose de poursuivre ce projet. Les travaux suspendus, les habitants vont devoir désormais s’entendre sur les aménagements à conserver ou à construire. Le tribunal administratif de Bordeaux doit se prononcer sur le fond dans les prochains mois.