Après 10 ans chez Soletanche Bachy, et 5 ans chez Keller France, Laurent Georget fut le dynamique dirigeant de la société Dacquin, rachetée par NGE en 2017. Ses connaissances complètes des métiers des fondations spéciales en font un atout de taille à la tête de la filiale NGE Fondations, dont le directeur général, Laurent Noll, vient de prendre la présidence du Soffons pour un mandat de 3 ans.
BTP MAGAZINE : Quel est votre parcours dans la profession des fondations spéciales ?
Laurent Georget : De formation INSA, en génie civil, j’ai commencé à travailler en 1990, après un stage en travaux, au bureau d’études technique de Soletanche-Bachy, où j’assurais le dimensionnement du secteur pieux. J’ai ensuite évolué vers les études de prix et la prise d’affaire, avant de refaire un passage en travaux sur des chantiers de pieux à Lille où je me suis sédentarisé 5 ans comme ingénieur d’affaires puis directeur d’antenne. Cette aventure a duré 10 ans. Puis, à la faveur d’un chantier en collaboration avec Keller - l’usine Toyota à Onnaing, j’ai eu l’opportunité d’ouvrir une agence en Bretagne, en apprenant le métier de l’amélioration de sols, en complément de celui des fondations spéciales, et de le développer. Je suis ensuite devenu directeur régional Nord, Ouest et Ile-de-France, puis directeur d’Exploitation France, le tout en 5 ans. J’ai ensuite souhaité retrouver une activité plus locale, en rachetant en 2004 l’entreprise Dacquin, qui comptait alors 12 salariés et réalisait un CA de 3,5 M€ dans le bassin rennais. Elle s’est développée jusqu’en 2017, par la création d’agences à Paris, Aix, Bordeaux, Lille et Lyon, et le rachat de deux entreprises historiques en difficulté : Infraco et Technitra. Avec le début des travaux du Grand Paris, nous avons été courtisés par certains groupes souhaitant acquérir des compétences en fondations, et notamment en parois moulées. De par ses valeurs, sa gouvernance assurée par des dirigeants opérationnels, et son indépendance, NGE s’est présenté comme le meilleur choix. Nous sommes montés à 215 salariés pour une activité de 72 M€ en 2016, au moment de la vente. Depuis, NGE Fondations est née de la fusion de Dacquin, et de l’entreprise spécialisée dans les travaux spéciaux GTS. J’en ai été le directeur général puis le président, suite au départ du dirigeant historique Christian Altazin, début 2022.
BTP MAG : Quelle est l’orientation que vous donnez à NGE Fondations ?
L.G. : Il s’agit, avant tout, de garantir la sécurité des collaborateurs sur nos chantiers, dans les ateliers et dépôts, et pendant leurs trajets. C’est l’effort n°1 chez NGE Fondations et une des priorité du Soffons. Ma mission consiste également à mettre en place une stratégie selon les axes définis par le Groupe : l’environnement, la performance opérationnelle, les aspect QVT et RSE, notamment. Nous pouvons en outre proposer des projets de développement dans des activités nouvelles ou pas encore suffisamment matures chez nous, et présenter des objectifs de croissance externes. NGE Fondations est aujourd’hui, en volume, la deuxième entreprise de France de notre secteur d’activité, avec un CA de 227 M€ en 2022, et 850 collaborateurs. Nos deux filiales, A2F dans le Nord de la France avec un CA de 10 M€, et acquise en 2022, et ROCS à La Réunion avec un CA de 13 M€, étoffent le CA à 248 M€ et les équipes, 950 salariés au total.
BTP MAG : Qu’est ce qui fait la valeur de NGE Fondations ?
L.G. : Notre particularité réside surtout dans notre capacité à mener en France des travaux d’accès difficile et de réaliser un génie civil spécifique, en général pour les travaux de sécurisation et de montagne. Nous commercialisons d’ailleurs des produits dédiés à ces activités : la paroi AD/OC et des filets de protection, via la marque ELITE. Cette palette technique, géographique et unique s’appuie sur 18 agences, qui nous permettent d’être présents sur beaucoup de typologies d’affaires, des plus petites aux plus grosses, et au plus proche de nos clients. Nous sommes particulièrement à l’aise quand il s’agit de mêler plusieurs techniques de fondations, amélioration de sols, ou travaux spéciaux, dans le cadre notamment de travaux de réparation liées aux phénomènes climatiques.
BTP MAG : Comment assurez-vous la transformation des compétences et savoirs aujourd’hui ?
L.G. : Nous avons mis en place, pour la partie technique, des modules de formation interne que nous déployons à l’intention des ingénieurs d’études et leurs encadrants, ainsi qu’aux chargés de la prise d’affaire. Nous faisons en parallèle appel à des acteurs de référence dans le métier, qui fournissent le plus souvent les logiciels dédiés. Cette démarche est primordiale, d’autant que nous réalisons la quasi-totalité de nos études d’exécution en interne, avec un bureau d’études intégré, et que nous ambitionnons de prendre une part active à la conception, quand la forme des appels d’offres le permet. Dans l’encadrement-exploitation, la hiérarchie s’assure de la transmission des savoirs, grâce à des parcours d’intégrations et à la diffusion de retours d’expérience lors des réunions d’exploitation liées aux méthodes, au déploiement d’évolutions techniques, ou à la sécurité. Les opérateurs à la maitrise suivent quant à eux un apprentissage sur les sites de production, les formations initiales n’existant pas pour nos spécialités. Nous avons ensuite via la structure Plateforme propre à NGE, qui a un statut de CFA, des modules théoriques et pratiques dédiés aux foreurs (2 niveaux), afin d’accompagner la montée en compétence. Enfin, via le Soffons, des sessions théoriques sont organisées à destination des adhérents, appelées compagnon ou maitrise Soffons. 1 à 2 candidats par entreprise sont acceptés dans chaque session.
BTP MAG : Si vous deviez-être une technique de fondation, quelle serait-elle ?
L.G. : Incontestablement les pieux sous toutes leurs formes ! C’est par là que j’ai commencé, et c’est le produit le plus courant des fondations spéciales, le plus récurrent, celui pour lequel nos clients nous consultent le plus souvent.
BTP MAG : Un chantier bluffant ?
L.G. : Une des gares des chantiers du Grand Paris Express ou du métro de Toulouse. Des projets sur lesquels nous réalisons des ouvrages aux dimensions non pratiquées en France jusqu’à récemment : des parois moulées allant jusqu’à 60 m de profondeur et 1,5 m d’épaisseur, pouvant présenter des bétonnages de plus de 1000 m3 en continu pour des panneaux en Y. Le défi technique et logistique n’avais jamais été vu, ni fait, car ce marché n’existait pas avant 2017.