Bruno Diss, Directeur Général France chez Sebach. Crédit : Sebach
Garante indispensable du confort et du bien-être des employés du bâtiment et des travaux publics (BTP), l’hygiène reste le parent pauvre au sein du secteur. En effet, on relève encore aujourd’hui de nombreux manquements à cet égard en France. Que ce soit en matière de bonnes pratiques ou d’équipements, elle est indéniablement à la traîne par rapport à ses voisins européens. C’est pourquoi les campagnes se multiplient pour sensibiliser l’univers du BTP et rattraper progressivement le retard. Mais au-delà les appels à la prise de conscience, quels sont les avancées techniques et les dispositifs à même de garantir des conditions hygiéniques optimales sur les chantiers ?
La France en queue de peloton L’article R4228-1 du Code du travail français impose aux entreprises l’obligation d’équiper les chantiers temporaires et mobiles de structures sanitaires adéquates, propres et en quantité proportionnelle au nombre de travailleurs. Or, sur le terrain, force est de constater que la pratique s’éloigne souvent de la théorie. En 2023, la Caisse nationale d’assurance maladie (Cnam) a dévoilé des chiffres peu réjouissants à ce sujet. Ce seraient ainsi 40 % des chantiers n’intégrant pas d’installations hygiéniques dignes de ce nom, 25 % dépourvus de base-vie mutualisée, raccordée ou entretenue quotidiennement, ou encore 70 % des chantiers de maisons individuelles sans la moindre cabine WC.
La France fait par conséquent figure de mauvais élève en Europe. Parmi les premiers de la classe, se trouvent l’Allemagne ou l’Italie dont le cadre règlementaire est beaucoup plus strict qu’en France. Dans l’optique de rattraper cet important retard, les campagnes de sensibilisation se sont récemment multipliées. L’Organisme professionnel de prévention du bâtiment et des travaux publics (OPPBTP) avait notamment lancé une action coup de poing à l’automne 2023, en partenariat avec la Fédération nationale des Distributeurs, Loueurs et Réparateurs (DLR) de matériels de construction et de manutention, avec la ferme intention de remettre les pendules à l’heure et faire évoluer définitivement les mentalités. Et pour cause, l’hygiène, trop souvent reléguée au second plan, est un sujet qui ne doit surtout pas être pris à la légère.
Un coup de pédale plus que nécessaire
Nous l’avons bien vu à l’aube de la décennie, une hygiène méticuleuse contribue au maintien de la bonne santé de tout un chacun. En vue d’assurer le bien-être et le confort nécessaires au respect de la dignité des femmes et des hommes, la salubrité des lieux de travail doit aller de pair avec des pratiques et des installations sanitaires conformes. Assurément, le BTP ne doit pas déroger à la règle.
De fait, les entreprises du bâtiment dans leur ensemble ont tout à gagner en garantissant de meilleures conditions de travail à ses employés. En premier lieu car le manque d’infrastructures décentes a des répercussions néfastes sur la santé des employés, provoquant une baisse de la productivité, voire des arrêts de travail, qui entraînent alors un potentiel rallongement des délais de chantier.
Par ailleurs, mettre en place des installations hygiéniques en bonne et due forme permet - dans le cadre d’une stratégie RSE plus globale - de renforcer la performance économique des entreprises mais aussi leur marque employeur, et donc de faciliter les recrutements et fidéliser les salariés. Un aspect non négligeable pour un secteur souffrant d’une pénurie de main-d’œuvre croissante et d’une relative mauvaise image. Faire de l’hygiène une priorité constitue ainsi un excellent vecteur d’attractivité pour les entreprises et un facteur essentiel pour redorer le blason du BTP. D’autant plus que des solutions accessibles et facilement déployables sont à portée de main.
Des solutions innovantes pour remonter la pente
Outre les bonnes pratiques à adopter - diminuer les contacts entre individus et nettoyer régulièrement ses mains suffit à réduire la propagation des virus, microbes et bactéries à l’origine de nombreuses pathologies infectieuses - sur le chantier, veiller à ce que les équipements sanitaires garantissent une hygiène irréprochable s’avère tout aussi indispensable. Pour ce faire, des équipements sanitaires intégrant un distributeur de produit nettoyant, virucide et bactéricide, efficace et respectueux de l’environnement sont vivement recommandés. En complément, il convient tout de même de veiller à leur entretien quotidien (vidange, désinfection de la cuve, réassort en consommables...) : des services généralement proposés par les fournisseurs de ces solutions.
Mais ce n’est pas tout : des innovations matérielles, telles que des chasses d’eau actionnables par pédale, contribuent à la réduction maximale des contacts manuels. Le recours à des solutions « autonomes », sans raccordement électrique et au réseau d’eaux usées, en facilitent le déploiement et le déplacement, y compris sur des sites peu accessibles. Ce type de toilettes dites « chimiques » dernière génération, incorporant un réservoir à eau propre en plus du réservoir à effluents, optimise la consommation d’eau et contribue à diminuer l’impact environnemental. Car si leur appellation peut laisser présager des effets néfastes et constituer un frein pour le respect des exigences RSE, la plupart utilise en réalité des produits de désinfection quasiment 100 % biodégradables. Enfin, pour les personnes à mobilité réduite, des dispositifs similaires ont été adaptés pour leur garantir le même confort.
Avec la multiplication d’équipements accessibles et abordables, les entreprises du BTP ont désormais toutes les cartes en main pour que la France rattrape son important retard en matière d’hygiène sur les chantiers. Il en va du bien-être et de la santé d’un million et demi d’actuels - et des futurs - travailleurs. Mais aussi de l’attractivité et de la performance économique de tout un secteur.