L’OPPBTP et l’Anact publient une étude-action visant à améliorer les conditions de travail et de santé des salariés intérimaires du BTP. Le rapport propose des solutions concrètes et co-construites avec les acteurs du terrain, en s’appuyant sur une analyse des déterminants de la sinistralité des accidents du travail des intérimaires du BTP.
La construction est le premier secteur à recourir à l’intérim, avec 17,4 % des salariés intérimaires tous secteurs confondus au 2e trimestre 2024. Bien que la sécurité continue de progresser dans le BTP, les salariés intérimaires y travaillant sont victimes de 4,3 fois plus d’accidents graves et de 7,1 fois plus d’accidents mortels que les autres salariés, tous secteurs confondus. De plus, par rapport aux salariés permanents du BTP, les intérimaires subissent 1,3 fois plus d’accidents graves et 1,9 fois plus d’accidents mortels.
Dans ce contexte, l’OPPBTP et l’Anact ont lancé une étude-action pour améliorer les conditions de travail des intérimaires grâce à la recherche et la mise en place de solutions adéquates. Afin de dresser un état des lieux précis et complet, elle s’appuie sur une recherche documentaire et une analyse des données chiffrées existantes, ainsi que sur des entretiens et des observations de terrain. Ces premières phases ont permis d’établir un diagnostic des déterminants de la dégradation des conditions de travail et de santé des intérimaires du BTP. Trois axes de travail prioritaires ont ainsi été identifiés :
- La relation entre l’entreprise utilisatrice et l’agence d’emploi, et notamment l’adéquation profil/demande. Il s’agit de s’assurer que les compétences techniques détenues par le salarié intérimaire sont bien celles attendues par l’entreprise utilisatrice. - Les conditions d’emploi et de travail, qui révèlent une exigence physique accrue pour les salariés intérimaires. - L’accueil et l’intégration du salarié intérimaire, qui constituent une phase essentielle dans la mission de ce dernier.
Des pistes en cours d’expérimentation
À l’aide d’un comité opérationnel local composé de membres d’entreprises utilisatrices, d’acteurs du travail temporaire et d’un conseiller prévention de l’OPPBTP, des pistes de solutions opérationnelles ont été construites avec les acteurs de terrain. Certaines ont ensuite été approfondies par des groupes de travail et la plupart sont en cours d’expérimentation dans les entreprises partenaires de l’étude-action.
Les onze pistes d’actions retenues sont :
✓ Maîtriser les relations entreprises/agences d’emploi par des accords-cadres avec un nombre restreint d’agences d’emploi ; ✓ Créer un référentiel de compétences commun et du vocabulaire associé ; ✓ Former et sensibiliser les recruteurs des agences d’emploi au monde du BTP ; ✓ Agir conjointement à la suite des analyses d’accidents du travail ; ✓ Créer une application mobile facilitant l’intérim ; ✓ Formaliser le "Qui fait quoi" dans l’intégration du salarié intérimaire ; ✓ S’assurer que les modes opératoires ont été présentés aux salariés intérimaires ; ✓ Renforcer le "leadership sécurité" des encadrants; ✓ Prévenir les problèmes de barrière de la langue ; ✓ Établir un partenariat de formation aux métiers en tension entre entreprises utilisatrices et agences d’emploi ; ✓ Agir sur la connaissance des risques fondamentaux.