"Performance industrielle", tel est le nouveau credo de la SNCF pour faire face à une charge de travail sans précédent. Pour joindre le geste à la parole, l’entreprise publique présentait récemment sa nouvelle méthode de renouvellement des appareils de voie en gare de l’Est.
Rendez-vous était donné dans la nuit du 16 au 17 mars, en présence du secrétaire d’Etat chargé des transports, Alain Vidalies, et du président de SNCF Réseau, Jacques Rapoport, pour découvrir ce nouveau procédé. Le chantier portait sur le remplacement d’un appareil datant des années 60 par un aiguillage neuf de 28 mètres de long pour un poids de 14 tonnes. Après avoir déposé l’élément en fin de vie et évacué le ballast existant, une opération de pré-ballastage a ainsi précédé la pose du nouvel appareil par une grue ferroviaire Kirow de 160 tonnes.
Outre l’emploi de ce matériel en lieu et place des habituels portiques, la logistique testée par la SNCF repose également sur l’optimisation de l’acheminement de l’aiguillage. Là où celui-ci était auparavant démonté à sa sortie d’usine pour être remonté sur site, il est désormais transporté en une seule pièce à l’aide de wagons pupitres. Moins gourmande en sillons et financièrement plus économe qu’une approche classique, cette technique permet de réduire significativement le temps d’acheminement, les contraintes logistiques et la sécurité des équipes sur site comme sur l’atelier. "Elle pourrait permettre un gain de temps de 10 à 20 % dans le cadre de projets comprenant le renouvellement successif de plusieurs appareils. Mais au-delà de sa rapidité d’exécution, elle permet dans tous les cas de se concentrer encore davantage sur les finitions et induit une amélioration notable de la qualité de service", détaille Michel Etchegaray, directeur des projets Ile-de-France de SNCF Réseau. Un enthousiasme partagé par son président Jacques Rapoport qui "ne doute pas que l’expérimentation portera ses fruits".
Innover pour relever le défi de la maintenance
Plus qu’un simple vœu, la généralisation de cette méthode constitue un impératif stratégique pour le dirigeant qui veut soutenir la montée en régime du plan Vigirail [ndlr : vaste plan de renouvellement des appareils de voie]. En 2017, il faudra être en mesure de remplacer 500 appareils au niveau national et pas moins de 200 en Ile-de-France. Or, il ne s’agit là que de la partie immergée d’un immense iceberg appelé "maintenance et modernisation du réseau". Pour la seule année 2015, quelque 1 500 chantiers sont programmés et porteront sur l’ensemble de l’infrastructure ferroviaire et ses différentes composantes.
Dans ces conditions, seule une démarche d’innovation globale peut permettre d’atteindre ces objectifs. Comme le précise le secrétaire d’Etat, Alain Vidalies : "La solution ne tient pas dans une seule méthode, mais dans une somme d’innovations". Suivant cette logique, de nombreuses pistes sont actuellement étudiées pour assurer une surveillance accrue du réseau et de son évolution. L’emploi de drones pour détecter des anomalies, l’utilisation de la vidéo surveillance de l’infrastructure ou le recours à une surveillance par les trains commerciaux pour économiser les sillons sont autant de solutions qui doivent concourir à relever ce défi historique.
En photo : chantier de renouvellement d'un appareil de voie à l'aide d'une grue Kirow en gare de l'Est