Le ministère des Transports va publier un avis de pré-information sur l’ouverture à la concurrence des lignes Nantes-Bordeaux et Nantes Lyon. Celle-ci pourrait déboucher sur une éventuelle exploitation des Intercités par une autre entreprise que la SNCF à l’horizon 2022.
C’est une première dans l’histoire de la SNCF. Deux lignes classiques appartenant à la grande famille des trains d’équilibre du territoire (TET) vont être ouvertes à la concurrence. Et ce, 6 mois après l’adoption par le Parlement de la réforme ferroviaire visant notamment à un meilleur service public ferroviaire. Plus précisément, de la même façon que les régions le sont pour les TER, l’Etat est l’autorité organisatrice des trains TET, exploités par SNCF Mobilités sous le nom d’Intercités (les anciens Corails). Cette exploitation arrivant à échéance en 2020, le nouveau pacte ferroviaire prévoit une ouverture à la concurrence progressive à partir de décembre 2019, au rythme souhaité par chaque autorité organisatrice (les Régions pour les TER, l’Etat pour les TET).
Deux lignes concernées Dans le cadre de la mise en œuvre de cette réforme, l’Etat a donc décidé d’engager la préparation de la mise en concurrence de deux premières lignes TET : Nantes-Bordeaux et Nantes-Lyon. Pourquoi justement celles-ci ? « Car elles viennent de bénéficier d’un renouvellement complet de leurs trains et de leurs infrastructures » justifie le ministère des Transports. Les six autres lignes TET (Paris-Toulouse, Paris-Clermont-Ferrand, Bordeaux-Marseille, Toulouse-Hendaye et deux trains de nuit : Paris-Briançon et Paris-Rodez/Latour-de-Carol) feront quant à elles l’objet de travaux de rénovation des voies et de modernisation de leurs matériels avant d’être ouvertes à la concurrence, mais pas avant 2022. Concrètement, un avis de préinformation officialisant cette démarche va être publié d’ici la fin de la semaine au Journal officiel de l’Union européenne en vue d’informer les entreprises souhaitant candidater. Notons que cet avis ne constitue pas le lancement de l’appel d’offre. Ce dernier, assorti du cahier des charges dans lequel l’État notifiera le type de service qu’il souhaite mettre en place et notamment la fréquence des trains, ne pourra être lancé qu’après un délai de 12 mois. Et ce n’est qu’en 2022, pas avant, que le gagnant, la SNCF ou un concurrent, se verra confier ces deux lignes. Mentionnons également qu’il n’y aura pas plusieurs opérateurs ferroviaires concurrents sur la même ligne, mais un seul et que le matériel roulant sera, comme aujourd’hui, mis à disposition par l’Etat.
Des concurrents à l’affût « Il ne s’agit pas d’écarter la SNCF, mais bien d’améliorer la qualité de service » assure encore le ministère des transports. Pour autant, la concurrence s’annonce belle et bien acharnée entre l’entreprise historique et des compagnies bien décidées à ne pas faire de la simple figuration. A commencer par Transdev qui fait rouler des trains en Allemagne, en Nouvelle-Zélande, mais également au Pays-Bas et en Suède. Son échec face au groupement constitué par la SNCF et la RATP pour exploiter le CDG Express pouvant agir comme un aiguillon supplémentaire pour faire valoir ses atouts sur ce nouveau marché. La filiale de la Caisse des dépôts aura cependant maille à partir avec la RATP, ou plutôt sa filiale RATP Dev qui exploite le Gautrain en Afrique du Sud. Ou encore avec Keolis, filiale de la SNCF qui exploite des trains aux Etats-Unis, en Allemagne et au Royaume-Uni. Sans oublier les compagnies européennes comme la DeuschBahn ou Trenitalia, voire internationales à l’instar de MTR, l’opérateur du métro de Hong Kong…