Créé à Grenoble en 2014 et testé dans le cadre d’une douzaine de projets initié par le SMTC, le concept de laboratoire d’expérimentation des mobilités « Lemon » se déploie désormais partout en France. Qu’il s’agisse de la communauté de communes du Sud-Avesnois, ou des agglomérations de Lens, Montpellier, le Havre Mulhouse ou encore Nîmes et Auxerre, toutes ont en commun d’être séduites par cette démarche collaborative imaginé par Transdev et mettant en scène une pluralité d’acteurs au premier rang desquels figurent les usagers.
Imaginé par Transdev, le laboratoire Lemon s’appuie sur l’expérimentation pour promouvoir des nouvelles solutions de transports en commun et répondre aux actuelles mutations urbaines et sociétales. S’appuyant sur la co-construction et plaçant l’usager au cœur de chaque projet, les expériences menées par Lemon visent à susciter de nouvelles manières de penser les mobilités pour favoriser l’attractivité et la fréquentation des réseaux de transports en commun. Pour y parvenir, elle associe dans une démarche originale usagers, élus, habitants ou encore experts. « Cette démarche s’articule autour de différents axes : identifier les besoins des usagers comme des collectivités, saisir des opportunités pour expérimenter concrètement de nouvelles solutions de déplacement durables, monter des partenariats avec des entreprises ou des startups, puis mener des évaluations à l’échelle d’un quartier ou d’une ville afin d’adapter rapidement chaque projet en fonction du retour des usagers » explique Christine Chary, responsable des partenariats auprès des sociétés d’économie mixte chez Transdev.
La méthode Lemon Explorer, expérimenter, évaluer ; communiquer et déployer, tels sont donc les maîtres mots de la méthode Lemon. Chaque idée, chaque projet réunit un groupe opérationnel spécifique, basé sur des compétences pluridisciplinaires issues de l’écosystème local. Ensemble, ils définissent une problématique et un cahier des charges. Une évaluation du projet est aussi décidée en amont. Tous s’organisent avec l’objectif commun de faire simple et efficace pour produire un test grandeur nature. Le projet prend alors vie sur le terrain et implique les usagers en faisant émerger leurs besoins. « On teste des idées, on les évalue. En fonction des retours, on réoriente l’expérimentation autant de fois que nécessaire » note Julien Réau, directeur innovation Transdev avant d’ajouter que le droit à l’erreur est ici totalement admis. En tant que chef de projet, Transdev assure de son côté des missions de coordination. Il identifie et réunit le maximum de compétences pour chaque projet et s’assure des financements disponibles. Il vérifie que la co-construction et la concertation avec les acteurs locaux et les habitants, sont toujours respectées. Transdev met également en place un plan de communication autour du projet pour en faire un véritable cas d’école. Avec la collectivité et les partenaires du projet, l’opérateur valide les différentes options à l’issue de la phase d’expérimentation : l’arrêt ou la pérennisation du projet, son éventuel déploiement à une échelle plus large...
Grenoble, pionnière de la méthode « Nous avons voulu ce laboratoire Lemon pour tester des solutions de mobilités innovantes à micro-échelle. Si elles donnent satisfaction, elles peuvent alors être déployées. De nombreux domaines ont été couverts comme la qualité de l’air, l’accessibilité, la signalétique, le covoiturage... Transdev, qui agit pour le compte du syndicat mixte des transports en commun de la métropole iséroise (SMTC), a parfaitement compris notre souhait d’adopter une attitude agile dans nos décisions » abonde Yann Mongaburu, président du SMTC. Depuis 2014, pas moins de 13 projets innovants ont été testés avec comme leitmotiv, l’accélération du changement des comportements pour lutter contre « l’autosolisme ». Trois projets sont particulièrement révélateurs de la méthode Lemon : GreenZenTag, Chronopro et Chrono en marche.
Mesurer la qualité de l’air L’agglomération grenobloise a expérimenté via le projet GreenZenTag la mesure en déplacement et la géolocalisation à grande échelle de la pollution de l’air. Ce projet, initié en 2017, a consisté dans un premier temps à installer des micro-capteurs sur les toits des tramways de la ligne A puis, entre janvier et mars 2019, sur ceux d’une vingtaine de bus de la ligne C1 reliant Grenoble à Meylan. Construits par la start-up nantaise Atmotrack, ces capteurs mesurent le taux de particules fines PM10, PM 2,2 et PM1, le taux d’humidité et la pression barométrique. Environ 65 000 mesures journalières sont ainsi géolocalisées et horodatées avant d’être analysées par le groupe d’ingénierie Egis et comparées aux mesures recueillies par les stations fixes d’Atmo Auvergne Rhône-Alpes. « Cette deuxième session de mesure est l’occasion de consolider les acquis de notre première expérimentation menée sur la ligne A en 2017, rappelle Yann Mongaburu. Par une géolocalisation fiabilisée, nous nous assurons d’une complémentarité efficace avec le travail exemplaire mené au quotidien par Atmo Auvergne Rhône-Alpes au service de tous les habitants du bassin d’air grenoblois ».
Corréler les espaces de vie et les déplacements « Chrono en marche ! » est une expérience participative sur les déplacements dans un éco-quartier de Grenoble. Elle a donné naissance à cinq équipements innovants : un axe apaisé où chaque mode de transport trouve sa place, un banc multi-usages conçu par les étudiants de l’École d’Architecture de Grenoble, un abri-voyageurs nouvelle génération, une signalétique au sol « petits poucets », sans oublier Le Gouvernail une innovation de mobilier urbain low-tech et mécanique dédié à l’orientation du piéton. Soit tout un panel d’innovations imaginées et testées par les usagers sur le terrain. « Ces expérimentations découlent des 1 054 projections imaginées par les riverains et usagers au printemps 2015. Pour exprimer leurs désirs, ils ont utilisé une application numérique de réalité augmentée « ville sans limite », créée par la start-up UFO en collaboration avec Transdev » précise Julien Réau.
Rendre mobiles les zones peu denses Lancé en septembre 2018, Chronopro est un service expérimental de transport sur réservation digital proposé sur Notre-Dame-de-Mésage et Saint-Pierre-de-Mésage. L’usager réserve son trajet sur une application mobile. Une navette de 9 places le prend en charge à l’horaire choisi et à l’un des 24 arrêts le plus proche de chez lui. Elle le dépose à Vizille où il peut accéder à une offre de mobilité plus dense pour rejoindre Grenoble et aux services et commerces de proximité. Ici, c’est donc la réservation du trajet qui déclenche le parcours de la navette Chronopro. Contrairement aux lignes de bus classiques, le conducteur ne dessert que les points d’arrêt sur lesquels une réservation est enregistrée ! La navette réalisant ensuite le trajet le plus optimal en fonction des réservations.