Alors que le mouvement social contre la réforme des retraites lui a coûté 150 millions d’euros, la RATP est restée bénéficiaire en 2019. Son chiffre d’affaire, en croissance de 2,5 %, doit beaucoup au développement vigoureux des filiales qui représentent désormais presque un quart des revenus du groupe.
La RATP a relativement bien résisté à la grève contre la réforme des retraites en décembre finissant 2019 dans le vert avec un bénéfice net de 131 M€ contre 200 M€ en 2018. « Cette baisse de 35 %, est principalement du fait des pertes de recettes voyageurs (59 M€) et d’une provision au titre du remboursement des forfaits de décembre (estimée à 103 M€) » a indiqué Catherine Guillouard lors du conseil d’administration de la RATP, réuni le 6 mars 2020. « Mais en définitive, les résultats du groupe ont bien résisté en en 2019 » a tenu à souligner la présidente. Le chiffre d’affaires du groupe s’affiche en effet en hausse de 2,5 % à 5,704 Md€ et un résultat opérationnel de 319 M€, soit 5,6 % du chiffre d’affaires. La direction estime d’ailleurs que, sans la grève, le chiffre d’affaires aurait progressé de 5,9 %, le résultat d’exploitation de 4 % et le bénéfice net de 40 %. Dans ce contexte, le groupe RATP compte bien poursuivre sa stratégie de croissance rentable sur les marchés porteurs des mobilités durables et de la ville intelligente, en France et à l’étranger, tout en participant activement aux premiers appels d’offres sur le marché du métro automatique en Île-de-France.
Importants investissements Catherine Guillouard n’a pas manqué de souligner que le groupe a dégagé un bénéfice substantiel alors même qu’il a investi en 2019 plus de 2 Md€ dans les réseaux d’Ile-de-France : « Une somme jamais atteinte dans l’histoire du group et qui s’est traduite par plus de 3 000 projets de toutes tailles ». Dans le détail, 954 millions ont été affectés à la modernisation du réseau et des infrastructures avec une priorité donnée au RER, 606 millions dans le prolongement et la modernisation de lignes de métro (4, 11, 12, et 14 Sud) et tramway, 170 millions dans la modernisation des espaces et de l’information voyageurs, et 400 millions pour le seul prolongement vers le sud de la ligne de métro 14 en direction de l’aéroport d’Orly.
Des filiales le vent en poupe Le développement vigoureux des filiales qui ont généré un chiffre d’affaire de 1,35 Md€, soit une progression de 11,5 %, n’est évidemment pas pour rien dans la croissance du groupe et constitue une belle promesse d’avenir. « Cela porte à 22,9 % leur part dans le chiffre d’affaires consolidé, en croissance de 1 point par rapport à 2018 » s’est ainsi félicité le directeur financier, Jean-Yves Leclercq. L’activité de RATP Dev consacrée aux activités hors de l’Ile-de-France poursuit ainsi sa croissance, avec un chiffre d’affaires de plus de 1,3 Md€, en hausse de 10,4 % (hors effet devises), tiré par la montée en puissance de nouveaux contrats en France (Angers, Brest, Saint-Malo, Creil), en Italie (tramway de Florence) , aux Etats-Unis et au Moyen Orient avec l’ouverture commerciale des 3 lignes de métros de Doha, le démarrage de l’exploitation du métro de Riyad (fin 2020), sans oublier l’ouverture du tramway de Lusail au Quatar. Ce qui portera à 400 M€ le chiffre d’affaire de RATP Dev dans cette région du monde en 2021. Un autre motif de satisfaction concerne le groupe d’ingénierie du transport public Systra, filiale commune à la SNCF et la RATP, qui redresse son activité et sa performance malgré un contexte international perturbé. En 2019, 70% du chiffre d’affaires de Systra a été réalisé à l’international. Les prises de commandes ont atteint un niveau record de 855 M€ avec l’attribution de contrats d’ingénierie, de maîtrise d’œuvre ou d’assistance à maîtrise d’ouvrage sur des projets tels que le Grand Paris Express, la conception-réalisation de la gare d’Old Oak Common sur la future ligne à grande vitesse HS2 au Royaume-Uni, la general consultancy pour les lignes 5 et 9 du métro de Mumbai en Inde, ou encore la maîtrise d’œuvre pour le tronçon central du métro de Toulouse.