Le Plan France très haut débit est ambitieux : raccorder 100 % de la population au très haut débit, dont 80 % à la fibre en 2022. Et pourtant, malgré la pandémie, les derniers chiffres tendent à prouver que la filière va tenir ce pari insensé et arrivera également à raccoder 100 % des français à la fibre en 2025 ! Mais pour arriver à déployer un réseau d’ampleur national en si peu de temps, mener à bien ce colossal chantier comme la France n’en avait plus vu depuis longtemps, il faut de la main d’oeuvre. Et c’est la raison pour laquelle le secteur embauche. Il embauche beaucoup même !
Condamnées à recruter
Les entreprises qui prennent part à ce défi fou n’ont pas d’autre choix que de recruter pour tenir les délais et les cadences. La création d’emplois est d’ailleurs une des fiertés des acteurs du secteur qui employait près de 23 500 ETP (emploi temps plein) à la fin de l’année 2019. Cette année et en 2022, 7 000 nouveaux entrants sont attendus. Une boulimie de main d’oeuvre qu’illustre Sébastien Cheyvialle, Directeur du centre national de la formation au THD, créé par la CCI du Canta : « Contrairement aux autres secteurs, quand une entreprise des télécoms vient nous voir, c’est pour un besoin de 12 nouveaux collaborateurs en même temps ! »
Crédit photo : Ecole des plombiers du numérique
Une main d’oeuvre insuffisante
Si la filière veut embaucher des milliers de personnes, elle ne trouve pas cette main d’oeuvre. C’est d’ailleurs une de ces plus grandes difficultés. Elle a du mal à faire connaître ces nouveaux métiers au grand public et aux prescripteurs de l’emploi. Ces recrutements passent indéniablement par la case formation puisque ce sont des métiers nouveaux. En 2019, 1,8 million d’heures de formation ont été contractualisées (+29 % en un an). Une part significative des heures de formation est également dédiée à l’insertion des publics éloignés de l’emploi. En 2019, on dénombrait 9 millions d’heures d’insertion sociale contractualisées.
« Avec plus de 240 000 heures de formation/an, notre recours à la formation est massif, que ce soit pour accompagner les recrutements – avec des modules de 3 à 4 mois pour près de 200 personnes par an, ou pour faire monter en compétences nos collaborateurs actuels » justifie Paulo Duarte, directeur de Constructel, qui emploie un peu moins de 2 500 collaborateurs en France, recrutés au sein des territoires qu’il déploie.
Un secteur qui anticipe la suite
Mis après 2025, quand toute la fibre sera posée, que deviendront les milliers de femmes et d’hommes qui auront participé à ce gigantesque défi humain et technique ? C’est pour préparer l’après-déploiement que la fédération InfraNum coordonne une réflexion collective (dans le cadre du CSF - contrat stratégique de filière) et œuvre à la mise en place d’un deuxième Edec sur les métiers de l’après-fibre. Une chose est sûre, toutes ces compétences réseaux seront utiles. D’abord pour la maintenance des réseaux mais aussi, dans des domaines périphériques comme la connexion des territoires, le développement des usages numériques, la mobilité, la maison connectée. « Le très haut débit touchant à quasiment tous les secteurs aujourd’hui, avoir des compétences dans le domaine ouvre de nombreuses possibilités », explique Pascal Goin, directeur du Campus Numérique en Seine et Marne.
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Contruire des carrières
Tous les acteurs de la formation sont unanimes, l’ascenceur social fonctionne particulièrement bien dans cette filière. « Avec un peu de curiosité, d’habilité et de ténacité, ces métiers permettent d’évoluer rapidement, grâce notamment au soutien de la formation pour assurer une montée en compétence » reconnait Jean-Pierre Gaubert, directeur du réseau de formation Ducretet. « Beaucoup d’anciens installateurs sont devenus en quelques années chefs d’équipe et deux de nos jeunes stagiaires ont même créé leur entreprise locale - un bureau d’études et une entreprise de déploiement de la fibre » témoigne le Centre national de formation au THD dans le Cantal.