Projection 3D de l'unité de dépollution des eaux usées de Lescar et des unités de méthanisation (Crédit Spectum)
La communauté d’agglomération Pau Béarn Pyrénées vient de s’engager dans une démarche inédite. En confiant l’exploitation de l’unité de dépollution des eaux usées de Lescar et la construction d’unités de méthanisation au groupement mené par Suez, la ville veut développer le concept de “Biofactory” et produire au total 10 ressources et énergies vertes à partir des eaux usées.
La Communauté d’agglomération Pau Béarn Pyrénées place ainsi la valorisation des eaux usées au cœur de la dynamique de transition écologique locale. Engagée dans une politique environnementale volontariste et ambitieuse, elle prévoit d’atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2040. Elle entend pour cela favoriser la production d’énergies renouvelables et œuvre activement à l’émergence d’une filière hydrogène. C’est donc dans ce cadre que la ville a souhaité s’engager dans une démarche inédite. Désormais, l’unité de dépollution des eaux usées de Lescar joue un rôle clé dans le dispositif local d’adaptation au changement climatique. Elle devient une véritable station de production d’énergies et de ressources issues des eaux usées, une « Biofactory ». Le projet qui a été confié au groupement mené par Suez et composé de Storengy (filiale d’Engie), Egis, Sogea/Vinci et Camborde Architectes, vise à développer une production locale de 10 énergies vertes et ressources à partir des eaux usées, biométhane, méthane de synthèse, Biochar (valorisable énergétiquement par ValorBéarn ou en compostage pour l’amendement agricole), chaleur, électricité, engrais azoté, oxygène, hydrogène vert, eau réutilisée et cultures maraîchères. Pour cela, deux procédés seront utilisés dont l’ultra-déshydratation par carbonisation hydrothermale qui divise par 4 le volume de boues d’épuration, en consommant 3 à 4 fois moins d’énergie et tout en produisant une nouvelle matière supplémentaire, le Biochar. La performance énergétique du site est accrue par la production de méthane de synthèse à partir de la méthanisation du dioxyde de carbone (CO2, gaz à effet de serre). Ce dernier, issu du procédé de méthanisation, est habituellement rejeté à l’atmosphère. La technologie innovante de méthanisation catalytique, mise en place par Storengy pour la première mondiale au stade industriel sur une telle installation, permettra de transformer la totalité du CO2 émis en méthane de synthèse, gaz vert renouvelable Cette rupture technologique majeure présente un double avantage : la production supplémentaire à terme de 4 400 MWh/an de gaz vert et un bilan carbone sans équivalent Le contrat, d’un montant de 79 millions d’euros, débutera le 1er janvier 2022 pour une durée de 17 ans, avec deux années de travaux À la fin des travaux, les émissions produites seront réduites de 50 % par rapport à l’installation actuelle. Cela renforce la contribution du site aux objectifs du plan climat territorial.