«L’exercice 2024 a été particulier après une première partie plutôt de bonne tenue, la deuxième a été très compliquée», résume d’emblée Davy Guillemard, Président du Seimat lundi 10 février à l’occasion de la conférence annuelle du syndicat. « Le sujet n’a été ni l’offre ni la demande mais plutôt la confiance », précise même le responsable. Ces précisions viennent confirmer les observations du Seimat en fin d’année dernière qui préparait le terrain : « L’observatoire statistique du Seimat, qui bénéficie d’une forte représentativité sur le marché des matériels de construction en France, confirme un net ralentissement : à fin octobre, les ventes accusent un recul de -23 %. Une baisse prévue dès le début de l’année, mais dont l’ampleur se confirme. Les derniers mois de 2024 ne devraient pas modifier cette tendance ». Et le Seimat ne s’est pas trompé.
Climat morose
Au final, le marché des matériels toutes familles confondues se conclut à 38 132 unités régressant de 20 % sur la période, soit un niveau identique aux années de « vaches maigres » lors des années 2015 et 2016 et à des encablures des exercices records de 2019 (52 236 unités) et 2022 (50 632 unités). Le marché ne s’est donc pas éloigné du contexte économique actuel. Parmi les faits marquants, le Seimat met notamment en avant l’activité globale du bâtiment qui enregistre une baisse de 6,6 % en volume, principalement due à une diminution de 21,9 % dans le logement neuf. Les mises en chantier ont atteint un niveau historiquement bas de 253 000 unités, comparable à celui de 1954. A cela vient s’ajouter les défaillances d’entreprise qui ont explosé de 25 % en 2024 ou encore les annonces gouvernementales concernant des réductions de la dépense publique de 50 milliards d’euros pour 2025 qui suscitent des inquiétudes de tout le secteur.
L’impact des loueurs
Dans ce climat, aucune famille de matériels ne s’en sort. A commencer par le matériel compact lequel dévisse de 28 % à 13 563 unités, soit 5 000 unités de moins que l’an passé. Un score plombé par la très mauvaise tenue des mini-pelles qui passe pour la première fois sous la barre des 10 000 unités (9 533 à -28 %). Un marché compact très sérieusement entravé par l’absence d’investissements des loueurs lesquels ont freiné leurs achats en 2024 : en effet, seules 1 495 machines leur sont imputées (-52 %), un retrait encore plus marquant sur le segment des mini-pelles sur lequel les loueurs reculent de 56 % avec 1062 unités contre 2425, un an auparavant.
Un espoir sur le lourd
Le recul reste également important sur le matériel de terrassement lourd avec un total de 3 822 unités comptabilisées (-21 %). Dans ce schéma, seules les pelles à pneus limitent la casse (709 unités à -6%), le segment du lourd perd cependant plus de 1000 unités en un an. Ceci dit, ce segment de matériels demeure le seul à garder les faveurs du Seimat quant aux prévisions 2025 de marché. En effet, l’Organisation voit le segment progresser de 2 % cette année. Pour donner du crédit à cette information, le Seimat indique voir quelques soubresauts tels que le taux d’utilisation des machines en hausse, quelques bons niveaux de commandes ou le déploiement progressif de la connectivité. Suffisant ? Pas sûr. Car pour le reste, le marché est à la traine.
Ainsi, le segment des matériels du compactage et du matériel routier boit lui aussi la tasse en reculant de 14 % à 11 902 unités, quand, les matériels de manutention, que le Seimat intitule levage, baisse également de 10 % à 8 807. A noter toutefois que la famille des télescopiques vient ternir ce segment car finalement les télescopiques industriels ne reculent « que » de 6% à 4 355 unités au sein du total.
Après une telle année, comment le Seimat envisage-t-il l’exercice 2025 ? Si « quelques signaux, certes, faibles » sont là, et si « les clients ne semblent pas céder à la panique», le syndicat lui reste prudent et escompte « une année flat » en tablant sur une stabilité aux alentours de 38 000 unités.