Certaines fonctionnalités de ce site reposent sur l’usage de cookies.
Les services de mesure d'audience sont nécessaires au fonctionnement du site en permettant sa bonne administration.
ACCEPTER TOUS LES COOKIES
LES COOKIES NÉCESSAIRES SEULEMENT
[Grand format] Un amour de terre à terre 2/6 : Le vin belge des Calcaires de la Sambre
Le point commun entre les travaux publics et la viticulture ? Ces deux activités se façonnent les deux pieds dans la terre. Et ceux qui les mènent à bien sont bien couvent des entrepreneurs méconnus, fervents défenseurs du terroir.
A la frontière franco-belge, sur la commune belge de Montigny-le-Tilleul, les Calcaires de la Sambre est une carrière qui existe et exploite un gisement de calcaire depuis près de deux siècles à Landelies, près de Charleroi. Le calcaire d'une grande pureté est sa spécialité. Elle produit 800 000 tonnes par an. Certifiée CSC (Concrete Sustainability Council), elle est également engagée dans une Convention Carbone qui s'engage ainsi à mesurer ses consommations énergétiques et ses émissions de CO2, à les rapporter à la Région Wallonne et à les réduire selon un objectif établi conjointement.
C’est dans le dossier d’étude d’incidences pour le permis d’extension des Calcaires de la Sambre qu’est évoqué pour la première fois officiellement en 2015 l’idée de planter un vignoble sur les pentes réaménagées de l’ancien dépôt de terres de découvertures. Un passionné de viticulture et vinification, Marc Boddaert de Montigny-le-Tilleul, avait avancé à Michel Evrard, directeur de la carrière, qu’il serait intéressant de tenter l’expérience si la carrière pouvait consacrer quelque espace à quelques vignes.
Le domaine cultive les cépages Johanniter, Solaris, et Souvignier gris.
La carrière est depuis actionnaire, avec de nombreux riverains, d’une coopérative à l’origine de la création du Domaine du Blanc Caillou. Un vignoble aménagé sur 1,5 ha, situés sur la motte située entre la carrière, le ring (R3) et la Sambre, à partir d’un ancien terril de découverture, est en exploitation depuis 2018. La parcelle est profilée pour présenter une pente de 8 à 10° vers le Sud-sud-est. Elle est constituée de terres essentiellement calcaires, si bien que le Domaine ne peut produire du raisin que sur des porte-greffes spécifiques tel que le Fercal. Les remblais sont recouverts de terre végétale mêlée à des copeaux de bois, du trèfle et de la luzerne, et sont le terreau des porte-greffes de ce domaine qui produit un vin blanc sec dont les cépages sont le Johanniter, le Solaris, et le Souvignier gris. Ces croisements sont peu connus en France mais contribuent à produire des vins de qualité dans le climat belge peu ensoleillé.
Le chai creusé à l’époque au jumbo.
« Cette initiative visait à inscrire la carrière dans la communauté locale en impliquant les riverains dans le projet et en créant un patrimoine local à préserver », explique Bertrand Dubois, directeur des Calcaires de la Sambre. Plus de 300 000 euros sont nécessaires pour débuter le projet et attendre les productions de vin qui récompenseront les actionnaires et permettront au projet d’être autosuffisant. Initialement, les Calcaires de la Sambre ont pris 300 parts dans l’Association afin de lancer le projet car les vignobles sont plantés en avril 2018 et il faut commander les plants avant la fin 2016. La préparation du terrain, le palissage et la clôture de la parcelle ont été réalisés avant la plantation. Un chai de 35m de long et de 8m de large est creusé au jumbo avec l’aide de la société EPC France.
La carrière prend à l’époque en charge l’ensemble des travaux d’infrastructures, le bâtiment technique dédié aux vendanges et la réalisation du chai (creusement, dalle béton, cuves en inox, salle de réception et système d’évacuation du CO2 inclus). « Le projet est coûteux, environ 600 000€ amortis sur 20 ans, soit des dépenses de l’ordre de 30 000€ par an, dévoile Bertrand Dubois. Mais le jeu en vaut la chandelle. Il ne s’agit pas de gagner de l’argent mais de cultiver l’image positive du site tout au long de la durée de vie de la carrière. Les évènements organisés par le Domaine sont aussi l’occasion de communiquer sur l’intérêt d’une carrière. On perd des points si on n’investit pas dans l’intégration locale ».
Les vendanges se réalisent de façon collégiale avec les membres de la coopérative.
Les équipements et pieds de vignes sont financés par la coopérative. Depuis 2018 et jusque 2020 essentiellement, elle fait appel au public pour réunir les fonds nécessaires. Le projet reste sous la responsabilité des Calcaires de la Sambre et à la demande de la carrière, les représentants des communes sont là pour aider à prendre les bonnes décisions et être les garants d’une saine gestion de ce projet qui se veut au service de la convivialité citoyenne.
Le Domaine du Blanc Caillou compte à ce jour 6 500 pieds de vignes. Il est exploité sous une agriculture « raisonnée » qui produit 5 000 bouteilles à l’année. La production pourrait même atteindre 7 500 bouteilles en 2025 en cas de temps ensoleillé.
Julia Tortorici - 27/03/2025