ConstructionCayola.com : Quels sont les enjeux liés à la rénovation numérique des infrastructures ? A-t-on avancé en la matière ?
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Nous vivons par ailleurs des grands enjeux de société qui nécessitent justement une refonte de nos modèles et modes de vie pour des comportements plus durables, solidaires et responsables. Ce n’est possible qu’avec l’aide du numérique et cela passe notamment par l’instrumentation des bâtiments et des villes.
CC.com : Où est l’urgence ?
E.F.: A titre d’exemple, c’est désormais un fait acquis que la mobilité sera électrique d’ici une dizaine d’année avec un seuil de plus d’un million de véhicules à 5 ans. Si notre réseau électrique sait potentiellement absorber cette charge supplémentaire, il n’est pas en mesure d’absorber des pointes de consommation sans la mise en place de solutions de lissage des consommations qui passe nécessairement par un pilotage intelligent des équipements et des bâtiments raccordés. Nous en sommes encore loin… et l’échéance se rapproche dangereusement.
CC.com : La fracture numérique, comment peut-on y remédier ?
E.F.: Le confinement lié à la crise sanitaire fait ressurgir dangereusement la fracture numérique menaçant d’exclure une partie de la population à des fonctions essentielles telles que le travail ou l’accès à l’enseignement, sans parler des personnes âgées ou dépendantes se retrouvant à nouveau isolées. Cette situation n’est pas tenable. C’est pourquoi la SBA milite pour un déploiement massif d’une infrastructure numérique dans tous les bâtiments assortie d’un accompagnement des résidents et des professionnels pour porter ce projet crucial à des fins d’équilibre de notre société. L’enjeu est de taille et nous le comparons à celui 120 ans auparavant lorsqu’il était question d’électrifier nos villes et bâtiments. Or les solutions existent et peuvent être déployées à grande échelle. C’est juste une question de modèles économiques et de volonté politique. A ce titre, nous préconisons de combiner la rénovation énergétique des bâtiments à cette rénovation numérique, l’infrastructure numérique devant être mutualisée pour ces deux objectifs avec un ROI assuré au maximum à 10 ans et dans la plupart des cas entre 3 à 5 ans.
CC.com : Où en est-on avec l’IA appliquée au bâtiment ?
E.F. : Le déploiement de solutions numériques pour le pilotage énergétique des bâtiments doit nécessairement reposer sur des algorithmes intégrant une dose d’intelligence artificielle. La complexité des cas de figure possibles requiert nécessairement des arbitrages à base d’IA. Il s’agit d’une évolution majeure qui remet en cause bon nombre de solutions dotés uniquement d’automatismes reposant sur des systèmes analogiques. L’IA est désormais embarquée dans bon nombre d’équipements dotés de puissance de calcul local et permettant un fonctionnement autonome pour des cas d’usage basiques tels que la régulation thermique ou la gestion de la qualité d’air. L’IA est également présente dans bon nombre d’applications de pilotage en mode edge ou cloud. La maîtrise des algorithmes dans le temps reste cependant une grande inconnue et devrait être beaucoup plus prise en compte par l’ensemble des acteurs impliqués, à commencer par les assureurs.