Celui qui est le plus grand instrument de France en nombre de jeux est enfin à l’abri. L’incendie n’a finalement pas fait tant de dégâts. Seules les poussières de plomb sont parvenues à l’atteindre et se sont répandues sur l’ensemble de l’instrument. Certaines parties ont également souffert des variations thermiques subies par la cathédrale depuis l’incendie, notamment lors de la canicule de juillet 2019.
Crédit photo : Patrick Zachmann / Magnum Photos
Il nécessite donc un nettoyage approfondi et une restauration, qui, ne peuvant être effectués sur place, ont imposé une dépose. Au préalable, un échafaudage de près de 30 m de haut dans lequel ont été aménagées deux sapines, des ouvertures verticales, a été installé pour permettre de descendre les éléments en toute sécurité.
La dépose du grand orgue a débuté le 3 août 2020 par la console des claviers. Cette première opération a permis de libérer la tribune pour y installer un plan de travail, devant la façade de l’instrument. Par la suite, les éléments suivants ont été successivement déposés (chamades, tuyaux horizontaux placés au pied des tuyaux de façade, les tuyaux intérieurs en métal, qui ont fait l’objet d’un nettoyage préalable avant d’être mis dans des caisses sur-mesure...).
Crédit photo : Christian Lutz / Etablissement public chargé de la conservation et de la restauration de la cathédrale Notre-Dame de Paris
Les tuyaux en bois ont également été nettoyés ; les systèmes de transmission des commandes de notes et de jeux, les 19 sommiers, ces pièces sur lesquelles reposent la plupart des tuyaux et qui permettent de les alimenter en vent, ainsi que toutes leurs annexes, sont désormais à l’abri.
Les seuls éléments restant sur place étant : le buffet, qui date pour l’essentiel de 1733, les tuyaux de façade, trop fragiles pour être transportés hors de la cathédrale, une trentaine de grands tuyaux de bois, qui seront nettoyés sur place, et quatre grands soufflets, qui ne peuvent être sortis sans un démontage de la charpente du buffet.
La délicate opération a été menée à bien sous la maîtrise d’œuvre de Christian Lutz, organologue, technicien-conseil auprès des monuments historiques. La dépose du grand orgue aura mobilisé onze facteurs d’orgue du groupement d’entreprises associant l’atelier Quoirin, mandataire, de Saint-Didier (Vaucluse), l’atelier Cattiaux Olivier Chevron successeur, de Liourdres (Corrèze) et la Manufacture languedocienne de grandes orgues, de Lodève (Hérault).
« Le grand orgue va désormais pouvoir être nettoyé et restauré, avant d’être réacheminé dans la cathédrale pour y être progressivement remonté. Six mois seront ensuite nécessaires à son accord et à son harmonisation afin qu’il puisse résonner le 16 avril 2024 », précise le général d’armée Jean-Louis Georgelin, président de l’établissement public chargé de la conservation et de la restauration de la cathédrale Notre-Dame de Paris.
Un avis d’appel public sera publié au premier semestre de l’année 2021 pour choisir la ou les entreprises à qui seront confiés le nettoyage, la restauration et le remontage du grand orgue.