Aujourd’hui, à l’occasion de sa conférence de presse de rentrée, Olivier Salleron, Président de la FFB (Fédération Française du Bâtiment) a rappelé que malgré l’euphorie de l’été des Jeux olympiques de Paris et la baisse continue des taux d’intérêt depuis le début d’année, la profonde récession du bâtiment reste d’actualité. A fin juillet, les mises en chantier et permis reculaient encore respectivement de 13,4 % et 9,9 % entre les sept premiers mois 2023 et 2024.
« Nous sommes en train de nous enliser dans une crise grave » ont été les premiers mots d’Olivier Salleron, Président de la FFB lors de la conférence de presse d’aujourd’hui, intitulée « unanimité pour un plan logement ». En effet, la crise du logement neuf ne se dément pas ! En glissement annuel sur sept mois à fin juillet, les mises en chantier chutent encore de 13,4 %, ce qui confirme une tendance 2024 aux environs de 260 000 logements, niveau proche de celui de la fin des années 1950. De fait, les permis, qui reculent encore de 9,9 % sur la même période, ne laissent pas espérer de rebond prochain. « Certes, le point bas se rapproche sans doute pour les ventes de maisons individuelles, entrées les premières dans la crise, mais il n’en va pas de même dans la promotion immobilière d’une part, et il faudra du temps pour que toute amélioration à l’amont se traduise en activité pour le bâtiment d’autre part », a précisé Olivier Salleron. L’atterrissage ressort plus net dans le non résidentiel neuf, alors qu’il est à son plus bas historique avec une tendance à un peu plus de 21 millions de m² commencés sur 2024. « De fait, les surfaces mises en chantier et autorisées ne reculent « plus que » de 6,9 % et 2,0 % sur les sept premiers mois de 2024 rapportés à la même période de 2023. Point important, l’effet des élections municipales de 2026 se lit enfin clairement dans la progression de 11,7 % des surfaces commencées de bâtiments administratifs glissement annuel sur trois mois à fin juillet. Mais on relève également une quasi-stabilisation des volumes pour les locaux industriels et commerciaux sur la même période », ajoute-t-il. Concernant l’activité en amélioration-entretien, elle continue de croitre mais de moins en moins vite. Entre les deuxièmes trimestres 2023 et 2024, elle s’affiche en modeste hausse de 1,1 % hors effet prix, toujours pénalisée par la réforme ratée de MaPrimeRénov’ tout début 2024. « Malgré l’assouplissement bienvenu de ce dispositif en mai dernier, la rénovation énergétique n’a progressé que de 0,4 %. De plus, les remontées de terrain ne laissent guère espérer d’accélération d’ici la fin d’année », a souligné O. Salleron. Au global, la production Bâtiment recule de 4,3 % en volume en glissement annuel sur le premier semestre 2024 et la FFB confirme sa prévision de – 5,5% sur l’année.
L’emploi fait de la résistance
« Alors qu’on pronostiquait une envolée des défaillances dans cette situation de crise d’activité, force est de constater, pour l’heure, une certaine résistance », a noté le Président de la FFB. La fin 2023 a bien vu une progression rapide dans le bâtiment, de 45 % précisément en glissement annuel sur les quatre derniers mois de l’année, mais avant une stabilisation, voire une légère décrue depuis, puisque la tendance des défaillances sur les huit premiers mois de 2024 correspond à une hausse de 30 %. Reste que les tensions sur les trésoreries se renforcent et que le nombre d’entreprises fragiles s’accroit à due proportion. L’emploi suit le même mouvement que les défaillances. Salariés et intérimaires en équivalent-emplois à temps plein (ETP) confondus, le bâtiment a perdu environ 28 000 postes entre les premiers semestres 2023 et 2024. Compte tenu de l’effondrement de la productivité et sur la base des remontées de terrain, la FFB craint toutefois une accélération sur le second semestre. Elle conduirait à estimer le recul de l’emploi entre 40 000 et 50 000 sur l’ensemble de l’année et à 60 000 entre fin 2023 et fin 2024.
« Des mesures concrètes sont urgentes ! »
Malgré l’absence de gouvernement depuis plus de deux mois, trois facteurs très positifs méritent d’être signalées. Il s’agit, premièrement, du net reflux de l’inflation, y compris sur les matériaux mis en oeuvre par le bâtiment. Et cela se traduit, deuxième facteur bienvenu, par une baisse confirmée des taux d’intérêt immobiliers, qui laisse espérer un passage sous la barre des 3 % à l’horizon 2025. Le troisième facteur positif nait de l’amélioration du moral des ménages et, singulièrement, de leur capacité et envie de se projeter, notamment au travers d’un projet immobilier. « Mais attendre que ces facteurs jouent suffisamment pour redresser d’eux-mêmes le cycle constituerait un pari dangereux », a rappelé O. Salleron, « de fait, malgré la baisse des taux, la capacité d’engager des opérations reste pénalisée par un manque d’apport personnel ou de fonds propres chez nombre d’acteurs. De plus, le bâtiment s’inscrit dans un temps long et ce qui n’est pas engagé aujourd’hui manquera pendant plusieurs trimestres. En clair, sans coup de pouce, 2025 s’inscrira encore comme une année de crise du secteur, avec son cortège de pertes d’emplois et d’impacts social comme macro-économique. Il importe donc que le nouveau gouvernement retienne, dans le PLF pour 2025, des mesures d’impact rapide pour les marchés du bâtiment, tant que le secteur peut répondre ». Celles que la FFB soutient sont connues. Les quatre principales se résument en : un rétablissement d’un Prêt à taux zéro (PTZ) universel, ou d’un prêt à taux réduit sur le même principe, avec de longs différés de remboursement ; une prorogation du « Pinel », faute de disposer du temps suffisant pour élaborer et mettre en place un autre dispositif et alors que la Cour des comptes reconnait au « Pinel » bien des vertus ; un maintien en 2025 des aides à la rénovation énergétique, singulièrement de MaPrimeRénov’ dans ses conditions actuelles ; un arrêt de la surenchère réglementaire, avec notamment un glissement des étapes à venir de la RE2020. Ces quatre mesures peuvent facilement constituer l’armature d’un plan logement, dont tout le monde reconnait la nécessité, même au plan européen puisque nous attendons la nomination imminente d’un Commissaire au logement, une première !
« Des jeunes sur le toit du monde de leurs métiers »
Enfin, Olivier Salleron a tenu à saluer les jeunes de l’Equipe de France du BTP « qui ont porté haut les couleurs du BTP français au rang de 3ème nation mondiale » lors de la 47ème édition des WorldSkills à Lyon la semaine dernière. « C’est une immense fierté », a-t-il ajouté, « 16 talents constituaient l’Équipe de France du BTP à travers divers corps de métiers du BTP et nous pouvons nous enorgueillir de 3 médailles d’or, 1 médaille d’argent, 1 médaille de bronze, 6 médailles d’Excellence et 2 médailles d’or des métiers du BTP en démonstration. Nos métiers sont attractifs et il est important de rappeler que même si la situation est difficile, le Bâtiment finit toujours par rebondir ! ».