Pour ConstructionCayola.com, Laurent Mogno, président d’ECT, dresse un premier bilan de l’impact économique des mesures de confinement sur les activités de l’entreprise spécialiste de la gestion des terres de chantier excavées, qui a notamment profité de cette période pour accélérer la digitalisation de ses procédures.
Quels sont les conséquences, notamment économiques, de la crise sanitaire et du confinement sur l’activité de votre entreprise et sur vos relations avec vos clients ? Les conséquences ont été fortes ! Nous avons arrêté la totalité de nos sites les 17 et 18 mars, le temps de définir de nouvelles procédures de travail pour préserver la santé de nos collaborateurs et celle de nos clients. Nous avons mis environ une semaine pour rouvrir trois sites, dès le 24 mars, bien répartis en Ile-de-France dans les départements 77, 91 et 95. Ces sites nous ont semblés adaptés au sans contact et disposer de capacités d’accueil suffisantes, le modèle d’ECT consistant à accueillir les terres excavées par les opérateurs du BTP et à offrir des solutions de proximité. Jusqu’à mi-avril, notre activité oscillait entre 0 et 15 %, notamment à cause de l’arrêt des chantiers du Grand Paris Express. Certaines journées, il y a eu seulement une quinzaine de camions contre 2 500 à 3 000 par jour en temps normal ! À partir du 20 avril, l’activité a repris progressivement jusqu’à atteindre 70 % à fin mai et elle devrait revenir rapidement à 100 %. L’impact des trois derniers mois sur notre chiffre d’affaires atteint environ – 50 %. En revanche, on est plus inquiet pour la suite, notamment à cause du calendrier électoral, car les chantiers de demain se préparent hier.
Quelles mesures avez-vous été contraint de prendre pendant le confinement ? Nous avons basculé tous les postes qui le permettaient en télétravail et établi des procédures strictes sur les sites opérationnels, avec du sans contact absolu, c’est-à-dire sans transmission de bons papier, sans contact entre les collaborateurs et avec les clients, et aucun matériel partagé, que ce soit un clavier d’ordinateur ou un bulldozer ! Nous avons également eu recours, mais faiblement, à de l’activité partielle, tout en optimisant les congés. Quant au matériel de type masques, lingettes ou gel hydroalcoolique, nous en avions déjà car certaines de nos activités, comme la dépollution, exposaient déjà nos collaborateurs à des risques. On aurait pu en donner aux préfectures qui nous ont sollicitées, mais il nous en fallait pour pouvoir maintenir ces trois sites ouverts.
Comment la reprise de l’activité se déroule-t-elle après les mesures de confinement ? Il n’y a pas vraiment eu d’effet déconfinement pour nous, si ce n’est la réouverture progressive des sites au gré de l’augmentation de l’activité de nos clients et le retour progressif au bureau des collaborateurs sur une période de trois semaines avec de nouvelles procédures strictes dans les locaux.
Selon vous, combien de temps sera nécessaire pour un retour à la normale de l’activité, voire pour retrouver le niveau de 2019 ? Probablement pas avant le mois de septembre, tout en étant attentif à ce qu’il se passera après, à cause des effets liés au Covid-19 et aux élections municipales, pour ne pas qu’il y ait une rechute en 2021 liée à un manque de volumes à construire, les différents acteurs se concentrant sur aujourd’hui, notamment pour évaluer les surcoûts et la baisse de productivité. Les négociations entre les maîtres d’ouvrage et les entreprises du BTP sur ces sujets sont complexes et toujours en cours. En ce qui nous concerne, nous avons décidé d’absorber les surcoûts induits par les nouvelles procédures.
Personnellement, comment avez-vous vécu cette période ? Vous a-t-elle permis une réflexion sur d’éventuelles réorganisations ? Des changements de méthodes ? C’était l’occasion pour nous d’accélérer une digitalisation complète des procédures, qui était déjà avancée. Nous finalisons notre solution digitale, qui sera opérationnelle début juin et aura un effet sur la productivité. C’était également une période propice aux réflexions stratégiques pour l’entreprise, notamment en termes d’environnement et de biodiversité, puisque l’Union européenne a publié le 22 mai une feuille de route demandant notamment de plébisciter la nature en ville via la mise en place d’un plan d’écologisation des espaces urbains et péri-urbains dans les communes de plus de 20 000 habitants avant fin 2021. Nous trouvons très intéressant cette évolution qui vise à aménager des espaces tels que nous les fabriquons. L’Homme a besoin de nature en ville !