Gaël Peron, Regional Sales Director chez Samsara France
La Semaine Européenne du Développement Durable a pris fin le 8 octobre dernier. Celle-ci est l’occasion de mettre un coup de projecteur et de sensibiliser le plus grand nombre aux 17 objectifs de développement durable au cœur de l’Agenda 2030, grand plan d’actions de durabilité économique, sociale et environnementale initié par les 193 États membres de l’ONU en 2015.
Conscients de ces enjeux et peut-être aussi parfois, pour certains, parce que la réglementation les y incite, nombre de secteurs industriels ont entamé le pas vers une transition durable. Qu’en est-il dans le BTP, second secteur le plus émetteur de carbone au monde ?
Transition énergétique : vers une prise de conscience de plus en plus forte des acteurs du BTP
Comme l’indique la direction de l’innovation de BPIFrance dans un article dédié à la transition du secteur du BTP, “de plus en plus d’acteurs de la construction sont sensibilisés à la question environnementale. À différents niveaux de la chaîne de valeur, les choses sont en train de bouger.” Ainsi, la majorité des acteurs mettent en place des actions de durabilité tels que celui de la réutilisation de l’existant (on parle ici d’économie circulaire), de matériaux plus verts tels que le béton bas carbone ou encore de l’utilisation de matériaux résilients et de gestion des déchets. Mais il existe un autre levier en matière de transition écologique du BTP et pour lequel les entreprises peuvent mesurer un impact direct, celui du verdissement de leurs flottes. Car en effet, la consommation de carburant sur les chantiers contribue fortement à la lourde empreinte carbone du BTP.
La durabilité des flottes dans le BTP, un maillon essentiel de la transition du secteur
Les flottes du BTP recouvrent un large éventail de véhicules lourds et d’engins motorisés : camions, camions-bennes, tractopelles, grues, chargeuses, bulldozers, nacelles, niveleuses, etc. Cette liste est loin d’être exhaustive et le nombre de tels actifs déployés partout en France et à l’international est vertigineux. Bien qu’il soit difficile de les quantifier avec précisions, les différentes études de la Fédération Française du Bâtiment et de la Fédération Nationale des Travaux Publiques tendent à s’accorder sur le fait qu’en 2020, 500 000 engins de chantier étaient déployés dans notre pays. D’après différents cabinets d’étude dont Statista, Off-Highway Research, Allied Market Research ou encore, Grand View Research, ce nombre s’élèverait à 5 millions à l’international. Ces chiffres n’incluent pas les véhicules légers tels que les camionnettes ou fourgons.
De plus en plus d’industriels et constructeurs produisent désormais des équipements plus verts. Aujourd’hui par exemple, plus de 50% des nacelles élévatrices fonctionnent à l’électrique. Certains grands groupes du BTP ont d’ailleurs mis en place des mesures pour rendre leurs flottes plus durables. Citons, parmi les entreprises françaises, Eiffage, Vinci ou encore Colas et Bouygues Construction qui se sont engagées à renouveler leurs véhicules et équipements avec des actifs fonctionnant à l’électrique, au biocarburant ou à l’hydrogène. Mais ces grands groupes ne sont pas représentatifs du vaste panel d’entreprises de ce secteur.
Pour des TPE et des PME, cela peut s’avérer plus complexe de mettre en place une transition durable, notamment en raison du manque d’infrastructures de recharge électrique, du coût que représente le renouvellement du parc complet ou même du simple achat de quelques véhicules ou engins moins polluants.
L’appui indispensable du digital pour accélérer le verdissement des flottes du BTP
En attendant ce renouvellement complet vers des équipements fonctionnant grâce à des énergies plus vertes et la mise sur le marché à grande échelle d’équipements plus responsables (et donc à des prix plus accessibles), les entreprises peuvent tout de même agir, d’une part en entamant leur transition de manière progressive quand cela est possible pour elles, mais aussi en reprenant le pouvoir sur la consommation de carburant et les émissions de carbone de leurs actifs existants. Pour cela, le digital est un véritable allié.
Les technologies numériques peuvent, en effet, aider les acteurs du BTP - qu’il s’agisse d’entreprises de construction, d’entreprises de location d’équipements ou de concessionnaires - à rationaliser le fonctionnement de leur flotte en ayant une visibilité en temps réel sur leur consommation de carburant et leurs émissions de carbone et cela, grâce aux technologies connectées et notamment l’IoT (Internet-of-Things). En équipant les engins de chantiers motorisés de capteurs, il est possible de connaître, en temps réel, comment ceux-ci sont utilisés (fonctionnement, marche au ralenti, etc.) de sorte à pouvoir mettre en place des bonnes pratiques d’utilisation permettant ainsi de réaliser des économies de carburant, améliorer l’efficacité opérationnelle des actifs mais aussi réduire les émissions de carbone.
Accélérer le verdissement des flottes du BTP n’est donc pas uniquement synonyme d’un renouvellement complet du parc à court ou moyen terme. De manière macro, cela n’est, d’ailleurs, pas possible à ce jour puisque bon nombre d’équipements, notamment les plus lourds, ne sont pas encore disponibles dans des sources d’énergies plus vertes; au mieux, ils peuvent être moins consommateurs de carburant ou être alimentés par des carburants moins polluants.
Mais l’urgence climatique fait que tous les acteurs du BTP, et non uniquement les grands groupes, doivent se saisir des défis environnementaux auxquels ils sont confrontés. L’impact des émissions de carbone des engins motorisés et véhicules qu’ils utilisent en fait partie. La décarbonation des flottes de ce secteur peut dès à présent se mettre en marche grâce à deux leviers sur lesquels les organisations peuvent déjà facilement avoir la main : le déploiement du digital pour les flottes existantes et la recherche d’une flotte dont le fonctionnement est basée sur un mix énergétique pour les engins et véhicules à renouveler progressivement.