Porté par Pierre & Vacances, le projet de Center Parcs à Roybon (Isère) est actuellement en suspens, menacé par les recours d’opposants locaux persuadés de son inutilité. Au terme d’une bataille judiciaire serrée, Pierre & Vacances a saisi le Conseil d’Etat en février dernier. Ce dernier, qui vient de rejeter le recours d’une communauté de communes favorable au projet, doit encore se prononcer sur le contentieux autour de la loi sur l’eau qui annule l’arrêté préfectoral de 2014 autorisant les travaux.
Initié en 2007, le projet de Center Parcs en Isère est destiné à s’implanter à Roybon, au sein du Massif des Chambaran, sur une parcelle de 150 ha. « Soit ½% du massif forestier », souligne Eric Magnier, directeur du développement chez Pierre & Vacances. Ce domaine piétonnier devrait accueillir 990 cottages de 54 à 170 m² habitables, plus de 30 activités de sport et de loisirs intérieurs et extérieurs dont un espace aqualudique, ainsi que des restaurants et des boutiques au Centre Village. « Nos études de marché ont montré que le meilleur emplacement pour implanter un Center Parcs dans la région Rhône Alpes était dans le triangle Lyon/Grenoble/Valence, pour capter la clientèle lyonnaise, de Grenoble, de Chambery et du sud de la France », poursuit le dirigeant. Un avis partagé par le département Isère qui réagit alors très positivement à l’idée de rééquilibrer l’offre touristique jusqu’à présent essentiellement développée à l’est du département avec les stations de sports d’hiver. Ayant déjà manifesté son intérêt pour un dossier similaire, la commune de Roybon a été retenue fin 2007.
L’environnement pris en compte
« Pierre & Vacances a lancé ce projet avec l’objectif de répondre aux critères environnementaux les plus exigeants. Des engagements concrets en matière de performance environnementale sont précisément fixés dans les accords avec les collectivités locales partenaires et font partie intégrante du cahier des charges », assure Eric Mégnier. Aussi, l’implantation des cottages et des équipements est étudiée en fonction d’études de l’écosystème menées pendant cinq ans et du recensement des espèces et habitats présents. En outre, la conception paysagère et la gestion du site comportent des mesures destinées à préserver et mettre en valeur la biodiversité du lieu. « En plus de l’optimisation des consommations énergétiques et de la mise en œuvre d’équipements performants, le projet intègrera le recours aux énergies renouvelables, via notamment une chaufferie-bois. Au minimum 80 % des besoins de chaleur des équipements (Aqua Mundo, commerces et restaurants) seront couverts par une énergie renouvelable », ajoute le responsable. Pour maîtriser l’impact du projet sur le cycle de l’eau, les consommations d’eau potable seront réduites et la qualité des eaux rejetées gérée de manière à préserver le milieu naturel. Pierre & Vacances prévoit ainsi la mise en place de dispositifs hydroéconomes pour les cottages, les bâtiments collectifs et les bassins, le recyclage par osmose inverse des eaux de lavage des filtres des piscines, et un dimensionnement optimal des ouvrages de stockage des eaux et notamment pluviales. « Pendant la phase de construction, le déploiement d’une charte et d’une démarche « Chantier vert » garantiront le respect des zones sensibles, des habitats et des espèces à préserver, la limitation des pollutions des sols et des eaux du site, la consommation d’eau et d’énergie, la limitation des nuisances et des risques pour les ouvriers et les riverains, sans parler d’une gestion optimisée des déchets », énumère Eric Magnier.
Un coup de fouet pour l’emploi local
En phase d’exploitation, Pierre & Vacances évalue à 700 le nombre d’emplois créés. « 85% d’entre eux seront des CDI et 63% seront à temps plein », précise Eric Magnier. En marge de ces emplois pérennes et non délocalisables, il faut également compter les quelque 1 000 postes qui seront créés ou maintenus. « Chez Pierre & Vacances, nous ne travaillons jamais en entreprise générale. Nos projets sont toujours divisés en lots de travaux et de corps d’état. Dans le cas du Center Parcs de Roybon, ils devraient être attribués pour 70% et plus à des entreprises régionales de BTP », ajoute-t-il. De quoi faire sourire la Fédération du BTP locale, qui, malgré la reprise du secteur du bâtiment, doit encore faire face aux réticences des collectivités à investir dans les grands projets. En plus des ressources fiscales annuelles de l’ordre de 2,85 M€ (hors redevances eau et assainissement et hors taxes d’urbanisme), le projet promet des retombées économiques locales estimées à 25,7 M€ : 19,5 M€ d’achats pour l’exploitation du parc et 6,2 M€ de dépenses de consommations des résidents à l’extérieur du domaine. Les producteurs locaux pourraient avoir leur part du gâteau grâce à la création de filières courtes favorisant les échanges commerciaux directs.
340 M€ de travaux
La première phase des travaux a débuté fin 2014 avec 6 à 8 mois de travaux préparatoires visant à défricher le terrain, permettre à l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) de réaliser le diagnostic archéologique puis à essoucher. Les opérations ont depuis été suspendues. La faute à une série de recours déposés par des opposants locaux, soucieux de préserver les nombreuses zones humides présentes sur le site et les finances publiques des habitants. La communauté de communes Bièvre Isère, qui demandait au Conseil d’État d’annuler l’arrêt de la cour administrative d’appel de Lyon du 16 décembre 2016, qui confirmait la décision rendue en première instance par le tribunal administratif de Grenoble à l’été 2015, a été déboutée le 23 octobre dernier. Au titre de la loi sur l’eau, l’arrêté préfectoral ayant autorisé en 2014 le projet de construction du Center Parcs au coeur de la forêt iséroise, avait été annulé. Si le Conseil d’Etat, saisi en février dernier par Pierre & Vacances, règle le contentieux courant 2018, le groupe pourrait alors lancer les travaux d’aménagement du site, laissés en suspens. « Généralement réalisés au printemps, ils durent entre 4 et 6 mois, et consistent à créer les fondations et sous-couches des voiries de desserte du site ainsi que les plateformes des bases-vies », explique Eric Magnier. S’ensuivra une phase de construction de deux ans d’un millier de cottages de plain pied ou R+1, construits par îlots, aux fondations superficielles (longrines), et en ossature bois dont les panneaux seront préfabriqués par des entreprises régionales. « Les bassins de l’espace aquatique seront réalisés en béton et nous prévoyons plusieurs lots pour les faux rochers en béton projeté du décor artificiel », indique le responsable. Construits simultanément aux habitations, Aqua Mundo et la Ferme des Enfants seront tous deux dotés d’une architecture particulière inspirée de l’architecture régionale. Le premier devrait arborer, à terme, des ouvrages de charpente sophistiqués qui nécessitera des travaux de couverture minutieux.
Infographie du Massif des Chambaran. Crédit : Groupe Pierre & Vacances-Center Parcs