Le groupe Ametra s’est vu confier les travaux d’ingénierie destinés à transformer le site industriel majeur du recyclage nucléaire Orano Melox, situé dans le Gard. Objectif : pérenniser la stratégie de traitement-recyclage d’Orano au-delà de 2040.
En 2022, Orano relançait son usine de Melox avec une première enveloppe de 84 millions d’euros pour remettre à niveau son site de recyclage situé dans le Gard, qui produit du combustible nucléaire Mox à partir d’oxydes de plutonium et d’uranium appauvri. Le combustible Mox alimente 22 centrales nucléaires en France. Il est également exporté au Japon. Avec GoMOX, le site de Melox investit jusqu’en 2030 près de 400 millions d’euros pour retrouver un niveau de production de 100 tonnes en 2025, puis atteindre l’objectif fixé de 120 tonnes.
« La France ne produit pas elle-même d’uranium. Et dans un contexte mondial turbulent, nous poursuivons collectivement l’objectif de garantir la pérennité de la filière nucléaire, troisième filière industrielle française derrière l’aéronautique et l’automobile, et d’éviter la saturation des sites de production, comme demandé par l’Autorité de Sûreté Nucléaire. Notre participation au projet GoMOX d’Orano, qui permet de pérenniser le recyclage du plutonium, concourt à cet objectif crucial de souveraineté énergétique nationale », commente Anne-Charlotte Fredenucci, présidente du groupe Ametra.
Assurer de nouvelles fondations
Le site de Melox constitue le prolongement d’un autre site d’Orano, situé à la Hague. Les matières réutilisables contenues dans les combustibles usés (uranium et plutonium, soit 96 % du total) sont séparées à la Hague, puis réemployées dans des combustibles recyclés. Le plutonium est ré-employé dans les combustibles MOX fabriqués par Orano dans son usine de Melox. En France, 10 % de l’électricité nucléaire est produite grâce aux combustibles MOX. Un gramme de plutonium fournit autant d’énergie qu’une tonne équivalent-pétrole.
Le plan d’investissement prévoit d’augmenter la capacité du site de Melox, via un dédoublement de la ligne de production pour éviter d’éventuels blocages dans le processus de fabrication du combustible et ainsi tenir les objectifs de tonnages annuels. Ce qui nécessite d’adapter le bâtiment. La filiale du groupe Ametra, Ametra engineering, a donc été mandatée par Orano pour la vérification de la charpente actuelle et le calcul des adaptations et renforcements à réaliser en vue d’intégrer les nouvelles lignes de production et d’éviter de construire un nouveau bâtiment.
« Comme dans toute installation nucléaire en France, il existe un enjeu fort à rester dans un périmètre géographique précis et donc à être capable d’intégrer toutes les nouvelles lignes de production dans le bâtiment existant sans créer d’annexe. Aujourd’hui, la charpente permet de soutenir et d’assurer la résistance mécanique du site pour une ligne de production A. Demain, il faut que ce même bâtiment intègre une nouvelle ligne de production B, avec les normes et codes de constructions actuels, permettant de résister aux nouveaux spectres sismiques », précise Thomas Gilibert, directeur Sud-Est chez Ametra.