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Construction, matériel en 2025 : « un scénario d’étouffement progressif »

PUBLIÉ LE 28 NOVEMBRE 2024
JULIA TORTORICI
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Construction, matériel en 2025 : « un scénario d’étouffement progressif »
Emmanuel Lechypre. Crédit : BTP Magazine
Venu faire profiter les distributeurs, loueurs, et réparateurs de matériel à l’occasion de la Journée nationale des métiers de DLR, l’économiste Emmanuel Lechypre rassure : si 2025 peut inquiéter, pas de scénario catastrophe en vue. L’année ne sera pas exceptionnelle (un euphémisme), mais la conjoncture se redressera en 2026. 
 
2024 n’est pas encore achevée que beaucoup des prévisions des économistes se confirment : une inflation encore présente, des chocs locaux avec des conflictualités qui augmentent (+15% sur un an) et un durcissement commercial (3003 barrières protectionnistes mises en place contre 150 les années passées). « Un seul évènement n’avait pas été anticipé : la dissolution de l’Assemblée Nationale et l’instabilité politique qui en découle. Un véritable poison pour notre économie », commente l’économiste Emmanuel Lechypre venu donner ses prévisions économiques pour 2025. 
 
« On est passés du ‘Choose France !’ à ‘Why France ?’ »
 
Le constat en fin d’année est plutôt déconfit. Le climat des affaires est mauvais. Depuis la fin de l’été, la dégradation, ressentie dès la pandémie de Covid et intensifiée avec le conflit en Ukraine, se poursuit. Les carnets de commandes sont au plus bas niveau depuis 2021, et les stocks s’accumulent. Dans l’immobilier, l’horizon s’assombrit, si c’est encore possible. Tous les indicateurs sont au rouge. « On enregistre le trimestre le plus faible depuis 2021, souligne Emmanuel Lechypre. 32% des logements commercialisés ont été retirés de la vente, et si les services résistaient encore début novembre, une ETI sur 2 annonce un repli du CA en 2024 ». Selon le Baromètre Bpifrance Le Lab – Rexecode, les TPE relèvent une insuffisance de la demande, et la moitié d’entre elles devraient revoir leurs intentions d’investissement en 2024. En outre, trois quarts ne constatent pas de baisse de leurs prélèvements fiscaux depuis 10 ans. « À ceci s’ajoute la moitié des dirigeants de ces ETI qui désigne l’incertitude politique comme un impact extrêmement négatif sur leur activité. On est passés du Choose France à Why France », commente l’économiste. Les grands groupes ne pensent pas différemment. 60% des dirigeants confirment le report de leurs investissements face à l’incertitude politique et le gel des mesures attendues. 20 000 entreprises étrangères sont susceptibles d’être impactées par ce climat politique instable, soit plus de 2 millions d’emplois. 
 
Double effet kiss cool
 
Et l’effet papillon est déjà à l’œuvre. Une stabilité psychologique qui se fissure avec le débat sur la potentielle censure du gouvernement Barnier, lequel devra aboutir sur un 2e débat, cette fois sur le budget. « Si censure il y a, et que le gouvernement tombe, l’Elysée s’est toutefois engagé à nommer un Premier ministre le jour-même », atténue Emmanuel Lechypre. Les effets mécaniques à craindre concernent avant tout le budget de rigueur ou d’austérité qui nous pend au nez, au choix. « L’austérité c’est l’espoir avant la rigueur », disait alors Raymond Barre, Premier ministre de 1976 à 1981 sous Giscard d’Estaing. « On attend de toute façon en 2025 qu’un tiers de l’effort sera réalisé au travers d’une une hausse de la fiscalité sur les entreprises, et les ménages fortunés. La classe moyenne ne devant pas être épargnée », reprend l’économiste. Voilà de quoi mettre à mal les prévisions de l’OFCE (1) qui revoit sa prévision de croissance à +0,8%. Fatalement, le chômage remontera un peu avec un emploi salarié en recul et 150 000 nouvelles inscriptions à France Travail (+6% de licenciements économiques). Les collectivités territoriales devront manger leur pain noir car, avec 5 milliards d’euros d’efforts demandés, ce ne sera pas sans impact sur l’investissement : 12 milliards d’euros en moins soit un recul de -15%. La réindustrialisation, chère au Président Macron, risque de vaciller également. Les entreprises craignant avant tout une hausse du coût de l’énergie. « La France, compétitive ? Les industriels en doutent très sérieusement », glisse Emmanuel Lechypre. Difficile de lui donner tort. Avec un tarif de l’électricité de 70€ du MWh, aucun gros contrat n’a été signé. 
 
Quelques fondamentaux bons
 
La situation, si elle préoccupe du fait du risque majeur instauré par l’incertitude politique, n’est pourtant pas alarmante. D’abord, la France devrait bénéficier en 2025 d’un « mini contre-choc énergétique », les coûts de l’énergie étant en nette baisse. Le baril de pétrole a perdu 15$ depuis juillet dernier, soit -15 centimes à la pompe. « On sera vraisemblablement dans une année de surproduction avec 1 million de barils par jour et donc des prix modérés », note l’économiste. Autant pour la décarbonation. Côté gaz, l’offre mondiale augmente et les stocks sont élevés. « Il n’y a pas de problème de maintenance et le gaz américain étant dynamique, l’approvisionnement sera abondant », poursuit-il. Quant à l’électricité, les niveaux de prix devraient se situer un peu au-dessus de 50€ le MWh. Un marché des matières premières assez peu tendu donc. « Il ne faut pas non plus sous-estimer le potentiel désinflationniste avec des taux d’intérêt qui continuent de diminuer. De 4,5% en Europe, on se dirige doucement vers un taux de 3,40%, puis de 2,30% à fin 2025. On peut imaginer atteindre 1,3% au printemps 2026 », souligne-t-il. Les taux d’intérêt immobilier suivront la même tendance. Un redressement est d’ailleurs attendu avec 900 000 transactions estimées. L’immobilier neuf, cependant, connaîtra un nouveau creux. Le pouvoir d’achat, grande cause des Gilets Jaunes, va également souffler. Les salaires ont nettement augmenté, marqué par une « desmicardisation » : 14% des Français sont aujourd’hui au SMIC contre 17% un an plus tôt. « Les difficultés de recrutement ont changé le rapport de force sur le marché du travail », explique Emmanuel Lechypre. Le logement, autre bête noire de l’économie souffrant d’un « désintérêt » depuis 2017, peut espérer des mesures intéressantes dans le PLF 2025 : un prêt à taux 0 étendu à tout le territoire incluant les maisons neuves, malgré, en contrepartie, la baisse du seuil d’accessibilité et des montants financés plus faibles, et une simplification du DPE. La proposition d’augmenter les frais de notaires a, quant à elle, été « édulcorée ». On pourra enfin compter sur les grands projets d’infrastructures, ferroviaires et fluviaux (GPE, Canal Seine Nord etc), et énergétiques (le réseau entier est à moderniser) pour relancer l’économie. Une croissance de +3% est à attendre dans les prochains mois. 
 
Des points d’attention
 
Le budget 2025 reste la grande inconnue. Autant le dire (ou l’écrire), il ne sera de toute façon pas un cadeau. La plaisanterie est caustique, quand on sait qu’il existe 400 000 normes en France (contre 50 000 en Allemagne) et que le coût de la sur-administration, quelque 60 milliards d’euros, correspond justement à la somme nécessaire à l’équilibre du budget ! « Si Elon Musk réussit au gouvernement Trump, la France n’aura plus qu’à mettre les bouchées doubles pour aller vers une administration plus simple et plus efficace », résume Emmanuel Lechypre. Parmi les armes prescrites en ce sens, l’IA, décrite comme « la révolution en cours », et qui répond au mal majeur de ce siècle que sont l’urgence et le stress générés au quotidien. « N’oublions pas que l’on a toujours tendance à surestimer les délais de ces révolutions, prévient l’économiste. Et selon les experts, le rythme de l’innovation ralentit ». Bonne nouvelle toutefois, une étude KPMG rapporte que 92% des entreprises vont augmenter leurs effectifs malgré l’IA et que 2/3 d’entre elles ont fait de l’IA une priorité de l’investissement. 
 
« Pas dans la situation de la Grèce »
 
Les signaux négatifs envoyés par l’économie française ne doivent pour autant pas entacher davantage le tableau. « Oui, la France a menti avec constance à l’UE sur le rétablissement de son déficit. Mais nous ne sommes pas dans la situation de la Grèce, rappelle Emmanuel Lechypre. L’État continuera de fonctionner avec, à défaut, un budget 2024 reconduit. Mais tout un tas de réformes risquent d’attendre, comme celle des retraites qui pourrait être annulée alors que les agences de votation doivent nous rendre visite cette semaine… ». D’accord, pas de « véritable crise financière » au programme, mais « un scénario d’étouffement à l’italienne » ; un cercle vicieux où la France peine à assouvir ses comptes. Pas de crise géopolitique à ce jour non plus en dépit des relations détestables avec Netanyahou en Israël et Poutine en Russie, sans parler de Trump aux USA. La promesse d’une crise sociale, si elle tend à basculer en cette fin d’année, est encore floue. « Le peur l’emporte sur la colère ce qui ne réunit pas les conditions à un embrasement, juge l’économiste. Le logement ? Une bombe à mèche lente. La politique ? Le sentiment déjà vu qu’on ne peut pas se fier à la parole publique. L’écologie ? Un ras-le-bol populaire des injonctions environnementales. Tout cela sur fond de services publics désastreux « au rapport coût-efficacité terrible » qui laisse bien présager, pour le coup, une crise fiscale. « Attention à l’impôt de trop ! », prévenait, il y a quelques jours, l’actuel ministre de l’Economie, Antoine Armand. Mais lequel ? Celui qui s’ajoute à un niveau d’imposition déjà élevé ou celui qui a un effet contre-productif ? « On n’est pas dans une logique fiscale cohérente, admet Emmanuel Lechypre. Sans trajectoire de redressement durable, l’effort des Français risque de devenir un sacrifice ».

(1) Observatoire français des conjonctures économiques
 
 
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