Bien que le PLF (Projet de Loi de Finances) et le PLFSS (Projet de Loi de Financement de la Sécurité Sociale) aient été adoptés, Syntec-Ingénierie s’inquiète de certaines dispositions pouvant impacter la filière de l’ingénierie.
Si Syntec-Ingénierie, la fédération professionnelle de l’ingénierie, reconnaît l’absolue nécessité d’un redressement budgétaire des finances publiques, "celui-ci doit se faire en revisitant l’efficacité de chacune des politiques publiques et ne doit en aucun cas pénaliser l’investissement productif et la croissance durable". Or, le maintien des taux de la CVAE (Cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises) à leur niveau de 2024 jusqu’en 2027, ainsi que son prolongement jusqu’en 2030, envoie un signal "très défavorable" aux acteurs économiques français.
"Déjà confrontées à des charges fiscales et sociales parmi les plus élevées en Europe, bien plus importantes que celles de nos pays voisins, les entreprises françaises subissent un handicap concurrentiel lourd", écrit la fédération qui démontrait récemment dans son étude sur le coût du travail qualifié en France, qu’ "en comparaison à la situation moyenne de l’Allemagne, de l’Espagne, de l’Italie et des Pays-Bas, les prélèvements sur le travail représentent 6 points de salaire brut de plus en France, en moyenne entre 1,4 et 2,5 SMIC, 11 points entre 2,5 et 3,5 SMIC, 15 points à 4 SMIC et davantage au-delà." (Source : Étude internationale comparative réalisée par la Fédération Syntec, en lien avec l’institut Rexecode, portant le coût du travail qualifié)
Et alors que la transition écologique / énergétique et l’innovation sont présentées comme des priorités nationales, certaines décisions budgétaires viennent affaiblir ces ambitions. "La baisse de 530 millions d’euros des crédits de France 2030, compensée par un étalement des subventions, entrave les projets stratégiques de réindustrialisation et d’innovation", remarque la fédération.
Elle appelle également à maintenir l’investissement dans la recherche et l’innovation, alors que des décisions budgétaires affectent de nouveau cet écosystème :
- La réduction du taux des dépenses de fonctionnement dans le Crédit d’Impôt Recherche (CIR), passant de 43% à 40%, ayant déjà connu une diminution considérable passant de 50% à 43% en 2020. - La suppression des dépenses liées aux brevets et à la veille technologique dans l’assiette du CIR qui impacte les petites et moyennes entreprises, les moins à même d’assumer ces frais. - La suppression du dispositif « jeunes docteurs » nuira à l’embauche des chercheurs et au renforcement des synergies entre les entreprises et les institutions académiques. - La baisse des aides à l’apprentissage constitue un frein à l’ascension sociale pour de nombreux jeunes. Ces dispositifs ont permis à des talents, souvent issus de milieux modestes ou peu enclins à envisager certaines carrières, d’accéder à des professions à haute valeur ajoutée. En affaiblissant ces aides, c’est non seulement l’insertion professionnelle des jeunes qui est mise en péril, mais aussi le dynamisme et le rayonnement des secteurs stratégiques pour l’économie française.
Pour finir, la fédération professionnelle de l’ingénierie alerte sur la baisse des crédits alloués à l’aide publique au développement, qu’elle considère comme "une erreur stratégique". "Ces financements sont essentiels dans le développement et l’expansion des entreprises françaises vers des marchés porteurs et pour développer et renforcer des partenariats stratégiques avec l’international. Dans ce contexte géopolitique incertain, ces aides deviennent plus que jamais un levier fondamental de stabilité et de soutien pour l’internationalisation, qu’il ne faut surtout pas négliger. Elles permettent d’accélérer l’adaptation de ces pays au changement climatique et la prise en compte de politiques d’atténuation dans leurs actions", commente-t-elle.