La Ligne à Grande Vitesse (LGV) Sud-Europe Atlantique (SEA), devant relier Tours à Bordeaux et prévue pour 2017, suscite de nombreux remous relatifs aux financements et aux charges assumées par les acteurs du dossier, de SNCF à Lisea (concessionnaire de la ligne) en passant par les collectivités territoriales.
La situation est tellement tendue entre SNCF et les collectivités d’une part, qui sont en charge du financement du projet, et d’autre part Lisea qui assure la réalisation et la maintenance de la ligne, que Guillaume Pepy, le patron de SNCF, a demandé à Jean Auroux, ancien ministre du Travail sous la présidence de François Mitterrand, de jouer le rôle de médiateur. Selon une information du Monde, le socialiste devra faire le tour des collectivités territoriales à compter du 9 juin pour leur dévoiler ses préconisations de dessertes instaurées par SNCF sur le tracé Paris-Bordeaux.
Car ce qui coince dans le dossier SEA, c’est déjà le montant élevé du partenariat public-privé (PPP) mis en place pour la réalisation de la LGV (8 milliards d’euros), PPP qui a impliqué que le constructeur Vinci et ses partenaires assument la moitié de cette somme pendant que l’Etat, les collectivités et SNCF Réseau (ex-Réseau Ferré de France) subventionnent la ligne mais seulement à hauteur de 40%. La différence devra donc être financée par quelqu’un, en l’occurrence les voyageurs ; SNCF devra par conséquent payer des péages à Lisea…SNCF qui prévient d’ailleurs que le montant des dits-péages seront tellement élevés que l’économie-même de la ligne ne sera pas viable, si bien que les Trains à Grande Vitesse (TGV) qui emprunteront SEA risquent d’être déficitaires.
Des efforts qui doivent être partagés
SNCF juge dorénavant que la LGV Tours-Bordeaux ne présentera plus le même potentiel qu’auparavant, estimant aujourd’hui le trafic à 13 millions de voyageurs à l’horizon 2017 contre 15 millions il y a quelques années. Car entre-temps, des modes de transports alternatifs comme l’avion, le covoiturage ou l’autocar se sont développés…Lisea, pour sa part, balaye d’un revers de main cette analyse en considérant que si les moyens suffisants sont mis en œuvre, SEA pourra enregistrer environ 18 millions de voyageurs.
Au milieu de tout cet énervement, que préconise Jean Auroux ? D’après Le Monde, l’ancien ministre suggère que les efforts soient partagés par tous les acteurs : SNCF devra renforcer son plan de dessertes, les collectivités territoriales devront rogner sur leurs ambitions et Lisea devra augmenter le nombre de fréquences, voire même diminuer le montant des péages. Enfin, Jean Auroux conseille de faire un point d’étape un an et demi après l’ouverture de la ligne. Affaire à suivre.