La Commission européenne ne semble pas pressée d’entériner la fusion entre les deux géants du ferroviaire Alstom et Siemens. Elle est pourtant essentielle à la compétitivité de l’Europe face à la Chine.
La fusion Alstom-Siemens n’est pas encore actée. La Commission européenne pourrait rejeter l’opération, au grand dam du gouvernement français. Dans un entretien accordé à Europe 1, le ministre de l’Economie Bruno Le Maire fustige "le droit de la concurrence européen", "obsolète" et ne permettant pas à l’Europe "de créer ses propres champions industriels".
La fusion Alstom-Siemens est stratégique à plus d’un titre. Elle verrait la naissance d’un géant européen du rail pesant plus de 15 milliards d’euros. Un chiffre d’affaires deux fois moins important par rapport au Chinois CRRC.
"La Chine a un marché de 29 000 kilomètres de lignes à grande vitesse ou très grande vitesse. L’Europe en a 9 000. CRRC fait 200 trains à grande vitesse ou très grande vitesse par an. Alstom et Siemens 35. Le chiffre d’affaires d’Alstom et de Siemens ensemble, c’est la moitié de celui de CRRC", rappelle Bruno Le Maire sur Europe 1.
"CRRC a pris quasiment tous les appels d’offre aux Etats-Unis sur les trains et les transports publics de voyageurs dans les villes. Qu’est-ce qu’on attend pour se réveiller ?", martèle encore le ministre.
Fin octobre, la Commission européenne avait émis des craintes quant à la réduction de la concurrence dans le domaine de la fabrication des trains et des systèmes de signalisation. Alstom et Siemens s’étaient vus alors imposer une série de mesures compensatoires. Les deux géants attendent maintenant une décision de Bruxelles qui devrait intervenir d’ici le 19 février prochain.
Bruno Le Maire a rappelé l’importance d’une telle opération pour l’Europe qui jouit encore de savoir-faire performants face à la Chine. L’empêchement de la fusion Alstom-Siemens serait une "faute politique" en plus d’une "erreur économique". Elle "enverrait le signal, face à une Chine conquérante, que l’Europe se divise et se désarme".