Organisée depuis 12 ans, la « Rencontre Fret Ferroviaire du Futur et OFP » est l’évènement annuel du secteur. Retour sur une édition 2023 qui aura rassemblé plus de 500 personnes dont la plupart en présentiel autour notamment de l’infrastructure et de la formation.
Solution décarbonée s’il en est, le fret ferroviaire est une solution « verte » et pérenne. Pourtant 2022 a été une année difficile tout comme le premier semestre 2023 (grèves, hausse des coûts de l’énergie…), de nombreux défis et obstacles restent à relever et à franchir. « Le fret doit être repensé en particulier par la puissance publique dans la perspective des enjeux liés au climat et à la réindustrialisation et en même temps se repenser car tout ne viendra pas des politiques » prévient Jacques Chauvineau, Président d’Honneur Objectif OFP lors de son introduction. Après avoir débattu sur le développement de nouveaux services, les deux tables rondes suivantes ont eu pour thèmes « Infrastructures territoriales - Innovations organisationnelles ou techniques » et « La disponibilité et la formation du personnel, un nouveau défi ? »
Un plan d’investissement comme base de travail Toutefois pour que les trains de fret circulent dans des conditions optimales, il faut de l’avis des participants poursuivre, si ce n’est accélérer la régénération des lignes capillaires fret un réseau globalement assez ancien et fragile. Toutefois, Paul Mazataud, Directeur de programme Fret Ferroviaire SNCF Réseau, a rappelé que sur un total de 140 de ces lignes en circulation, 40 projets environ bénéficient d’un montant de près de 500 M€ jusqu’en 2027. « Cela correspond à une enveloppe d’environ 100 M€/an, ce qui est un chiffre record comparable à celui de 2021, 2022 » précise ce dernier. Si les contrats ne sont pas encore signés, il y a la régénération des lignes capillaires fret est ambitieuse. Des chiffres qui s’inscrivent dans le plan d’investissement de 4 Md € annoncé par Clément Beaune, ministre chargé des transports, le 23 mai dernier. « À l’horizon 2032, le montant est estimé à 900 M€. J’observe un consensus très fort des acteurs pour ce montant avec un objectif très simple : maintenir en exploitation toutes les lignes capillaires fret qui donnent lieu à circulation aujourd’hui » poursuit Paul Mazataud.
Les capillaires, un sujet lattant Dans le cadre du plan d’investissement, SNCF Réseau a lancé un programme d’innovations et de bonnes pratiques sur trois sujets : l’amélioration de l’exploitation, l’amélioration des projets, et l’asset management. « Il y a beaucoup d’innovations liées à la pratique du terrain qui voient le jour au niveau des directions territoriales de SNCF Réseau. L’enjeu est de tirer profit de ces innovations et de les partager avec nos clients » indique Paul Mazataud. Si les moyens mis en œuvre ne font aucun doute, Olivier Deprez - Directeur Développement Infrastructure – Europorte a émis quelques réserves chiffres à l’appui : 833 km de voies capillaires ont été fermées depuis 2018… « C’est inquiétant. Nous sommes dans un cercle vicieux : vétusté, baisse du trafic, peu de redevances, maintenance limitée, dégradation de la ligne. Je pense qu’il y a plus de 50 % des lignes capillaires qui sont dégradées » précise Olivier Deprez. Un sujet qui glisse doucement vers les régions dont Grand Est, Bourgogne Franche Comté et Hauts de France sont des exemples à suivre. « Il existe une grande disparité entre les régions. Toutefois pas une ne s’est lancée dans la gestion conventionnée » précise Olivier Deprez. Une solution adoptée par Europorte Service qui est devenu le gestionnaire d’infrastructure depuis 2018 « En tant que gestionnaire conventionné nous assurons l’entretien et la maintenance de 7 lignes capillaires totalisant près de 170 km de voies » explique ce dernier. Un dispositif de gestion qui demande à être uniformisé comme l’indique Olivier Deprez : « Sur ce sujet, je pense qu’il manque une uniformité au sein de SNCF Réseau. J’ai rencontré 9 des, 11 directions territoriales et autant de visions différentes. J’attends que ce dossier soit centralisé pour que les bonnes pratiques soient diffusées ». Toutefois, certains projets viennent contrebalancer ces propos, à l’image de la plateforme multimodale de Puyoo qui a été montée en six mois comme l’a expliqué Thierry Zemb - Directeur Régional Géodis. « L’idée a été de transporter des containers autrefois acheminés par la route, ce qui nous a permis d’économiser près de 90 % de notre empreinte carbone ».