Pour le constructeur suisse Matisa, la dernière édition du salon InnoTrans a été l’occasion de présenter au public la bourreuse B 45 UE (pour Universelle et Economique ndlr), un engin compact de maintenance des réseaux, annoncé comme étant un véritable couteau suisse et pouvant bourrer avec un seul opérateur pour les travaux en pleine voie comme sur appareil de voie. « Le but n’est pas de travailler systématiquement à un seul opérateur. Toutefois, face aux problèmes de recrutement, elle apporte une solution aux entreprises » indique Lionel Cerri, Area Sales Manager. Si la visite de cette machine avait permis de nous en faire une petite idée de ses capacités, pour en savoir plus sur ses spécificités, nous nous sommes rendus dans les ateliers Matisa situés à Crissier (Suisse) où trois exemplaires destinés à la DB InfraGO AG étaient présents.
Accompagner les opérateurs
Face aux problèmes de recrutement que subit l’industrie ferroviaire, de nombreux constructeurs à l’image de Matisa, proposent des engins de plus en plus « intelligents ». « Nous travaillons sur l’ergonomie pour que les commandes soient intuitives afin que l’opérateur soit efficace le plus rapidement possible » » Indique Lionel Cerri.
Face aux problèmes de recrutement que subit l’industrie ferroviaire, de nombreux constructeurs à l’image de Matisa, proposent des engins de plus en plus « intelligents ». « Nous travaillons sur l’ergonomie pour que les commandes soient intuitives afin que l’opérateur soit efficace le plus rapidement possible » » Indique Lionel Cerri.
Travailler dans le sens de l’avance
Longue de 34 m, l’impression de compacité de l’engin ressentie sur le salon se confirme. Equipée selon les demandes de la DB InfraGO AG, ce « train jaune » regroupe une bourreuse, une régaleuse et une brosse et n’a rien à envier technologiquement à des machines plus imposantes. Surtout, en raison de sa compacité, cette machine n’a que deux cabines, et le bourrage se fait donc depuis la cabine arrière. « Sur cette machine, l’opérateur travaille dans le sens de l’avance du train et non l’inverse » précise Guillaume Richoz, Head Engineer. Un choix technique qui offre une vision directe sur les pioches des unités de bourrage via un large pare-brise. La pince qui se trouve en second plan est aussi visible grâce à des caméras judicieusement positionnées sur la structure. « Les caméras permettent à l’opérateur de bien voir le crochage pour verrouiller la pince. Les autres caméras offrent une vision sur l’enraillement de la voie » détaille Viorel Bösiger, Technicien de mise au point. A noter que la pince dispose d’un système de détection qui en cas de problème ou en cas d’obstacle arrête le cycle.
Outre un regroupement de toutes les informations dans le poste de pilotage, l’opérateur bourreur bénéficie d’une large vision sur les pioches.
Une ergonomie pensée pour l’opérateur
A l’intérieur de la cabine, l’ergonomie du poste de commande a été conçue pour que les opérations de bourrage soient effectivement réalisées par une seule personne. « Tout a été pensé pour que l’utilisation soit simple et ludique » explique Lionel Cerri. Effectivement, en prenant place au poste de commande, l’affichage des informations liées à la géométrie de la voie et au bourrage sur des écrans tactiles est parfaitement lisible et compréhensible grâce à des pictogrammes. Suivant une logique de standardisation, le poste de pilotage intègre deux joysticks (un par file de rail) qui se retrouvent sur les autres engins du constructeur. « Équipés de quatre boutons de couleur, les joysticks rappellent ceux de consoles de jeu. De fait, l’ensemble des opérations s’effectue de manière intuitive » poursuit ce dernier. « Toutes les commandes des UB (unités de bourrage) et de la pince sont standardisées et se retrouvent sur nos autres bourreuses » complète Viorel Bösiger. En centralisant l’ensemble des informations au sein d’une même cabine, l’opérateur-bourreur devient ainsi chef machine et supervise la géométrie produite par la machine.
Des mesures optimales en courbes
Si les options demandées par la DB InfraGO AG sont nombreuses, elle n’embarque pas le procédé MATS du constructeur. Via une station totale associée au calculateur de guidage CATT, cette solution constitue une base de mesure absolue pour le nivellement et le ripage en alignement et en courbe.
Si les options demandées par la DB InfraGO AG sont nombreuses, elle n’embarque pas le procédé MATS du constructeur. Via une station totale associée au calculateur de guidage CATT, cette solution constitue une base de mesure absolue pour le nivellement et le ripage en alignement et en courbe.
Une vision totale pour le régalage
Si elle se dédie aux travaux de bourrage ponctuels (ce qui évite l’utilisation d’une machine plus imposante), la partie régaleuse n’est pas en reste côté innovation. La cabine est équipée d’une « bow-window » dont la structure vitrée jusqu’au plancher offre une vue plongeante sur les volets de régalage. « L’opérateur voit directement les volets, ce qui lui permet d’agir immédiatement en cas d’obstacle par exemple » prévient Viorel Bösiger. En outre, à l’instar de la partie « bourreuse », des caméras ont été installées pour permettre aux opérateurs de voir les différentes positions des charrues centrales. Côté commande, là encore la simplicité d’utilisation est de mise avec des pictogrammes qui se retrouvent sur l’ensemble des engins du constructeur. « Nous utilisons les mêmes symboles d’une machine à l’autre, ce qui simplifie la tâche des opérateurs » poursuit Viorel Bösiger. S’il est possible de contrôler l’avance de la B 45 UE depuis le poste de pilotage de la régaleuse, ce dernier peut, en fonction des besoins être à droite ou à gauche. « C’est l’opérateur qui a le plus d’obstacles qui choisit de conduire, mais l’autre opérateur peut à tout moment arrêter la machine via un stop ou un arrêt d’urgence ». Pour le confort des opérateurs, la cabine de la régaleuse accueille un espace de vie dimensionné pour recevoir entre 5 et 6 personnes, des vestiaires. « Nous avons de plus en plus de demandes pour intégrer des toilettes . Sur cette machine, la DB InfraGO AG nous a demandé qu’elles soient à incinération » détaille Guillaume Richoz.
Inspiré d’une célèbre console de jeu, les commandes de la bourreuse sont intuitives.
Faciliter la maintenance
Enfin, une brosse complète l’équipement. Gérée à l’aide d’une télécommande, elle a la particularité d’être équipée d’un arbre articulé en son centre à l’aide d’un cardan permettant au brossage d’épouser la forme des traverses. Equipée de brumisateur, le travail sur le ballast s’effectue sans poussière. « La norme 14033 indique qu’un travail doit être fait sur les émissions de poussière de ballast . De fait, nous avons intégré des solutions de brumisation sur la brosse et les unités de bourrage » complète Guillaume Richoz. Autre point fort qui se retrouve sur toute cette machine est le soin apporté à l’accessibilité des divers organes. Ainsi pour accéder à la brosse et remplacer les manchons en caoutchouc, il suffit de dévisser les trappes de visite. « Nous travaillons de plus en plus sur l’accessibilité globale des organes à surveiller, c’est un sujet important » explique Lionel Cerri. Embarquant les dernières technologies du constructeur suisse, la B 45 UE est destinée initialement au marché allemand et a su séduire l’Italie, celle-ci peut trouver sa place sur le marché français, notamment pour les Lignes de Dessertes Fines du Territoire.
De part et d’autre de la machine, les postes de commande de la régaleuse offrent une vue directe sur les volets
Texte et photos Frédéric Burguière
