Les Canalisateurs montent au créneau pour alerter sur la hausse des prix des matières premières, une situation qui pèse lourd sur les entreprises du secteur. Dans une interview exclusive que nous avait accordée Jérémy Steininger (ATEP) en avril dernier, il s’était lui aussi alarmé de cette situation.
Depuis fin 2020, les entreprises constatent d’importantes difficultés de production pour certains de leurs fournisseurs, elles-mêmes étant dues à des difficultés d’approvisionnement des matières premières utilisées pour leurs produits. La plupart des matières sont à ce jour concernées mais c’est particulièrement criant pour les matières plastiques et métalliques. Face à ce constat, Les Canalisateurs alertent les donneurs d’ordre sur ces difficultés, qui peuvent entraîner une rupture d’approvisionnement et une augmentation importante des coûts pour les entreprises de canalisations.
Pénurie à facteurs multiples
Ces difficultés d’approvisionnement sont dues à différents facteurs, parmi lesquels les nouveaux besoins de matières dues à l’épidémie de Coronavirus, les facteurs climatiques (vague de froid aux Etats Unis notamment), la déclaration de la « Force Majeure » de nombreux industriels producteurs de polymères aux USA et en Europe, par manque de matières premières et/ou défaillance de leur outil de production ou encore la mise en maintenance d’usines transformant les matières premières destinées à fournir nos fabricants de tubes en PVC, PE et PP. Mais il ne faut pas non plus oublier dans ces facteurs aggravants l’augmentation importante des coûts de transport sur le fret maritime et une forte activité industrielle en Asie captant une partie importante de la production.
Les canalisateurs sur le carreau
Cette nouvelle difficulté est difficilement absorbable pour les entreprises de canalisations pour qui ce contexte peut avoir trois conséquences majeures. La première est tout simplement une rupture d’approvisionnement au niveau des tuyaux et raccords, en particulier en matières plastiques, pour les chantiers. La deuxième est logiquement une augmentation importante des coûts et des prix sur ces mêmes produits pour les entreprises. Enfin, et c’est presque une évidence, cela risque de faire augmenter les délais de réalisation des chantiers. « Dans un contexte déjà difficile, marqué en particulier par une commande publique en berne depuis plus d’un an (baisse de 29 % du nombre d’appels d’offres canalisations en 2020 par rapport à 2019) et une hausse des coûts (parmi lesquels le surcoût lié à l’épidémie), cette nouvelle difficulté serait difficilement absorbable pour les entreprises de canalisations », déplorent les Canalisateurs
Comment s’en sortir ?
Canalisateurs ne reste pas sur le simple constat de difficulté mais propose des pistes pour passer cet écueil. Pour les marchés qui comportent des clauses de révisions de prix, la répercussion des hausses des prix des matières premières pourra se faire via les 5 index TP propres aux travaux de canalisations. Le syndicat demande aux maîtres d’ouvrage de veiller à l’utilisation et la bonne utilisation de ces index. Pour les marchés à prix fermes ou actualisables, s’agissant de circonstances imprévues, exceptionnelles et en grande partie liées aux conséquences de la pandémie actuelle, cette inflation des coûts entraîne manifestement un déséquilibre de l’économie du marché. Celui-ci doit être pris en compte par les maîtres d’ouvrage, qu’ils soient publics ou privés.
La voix du président
Alain Grizaud, président des Canalisateurs, prend ce problème très au sérieux. « Dans un contexte déjà difficile, notre syndicat souhaite attirer l’attention des maîtres d’ouvrage sur les difficultés d’approvisionnement des entreprises, qui ont des conséquences sur le planning de réalisation des chantiers. Il est nécessaire de procéder à des prolongations et ajustements sur les délais d’exécution pour tenir compte de cette situation. C’est pourquoi, j’en appelle aux donneurs d’ordre et je leur demande d’utiliser les outils à leur disposition et de faire preuve de souplesse, pour que les entreprises puissant participer pleinement à la relance sur les territoires », déclare-t-il