La Ville de Paris a engagé la reconversion de l’ancien hôpital Saint-Vincent-de-Paul libéré de ses activités hospitalières depuis 2012 pour créer, sur 59 000 m² environ 600 logements. L’objectif est de produire un quartier sobre et inclusif par un aménagement raisonné. Pour en faire un quartier « zéro carbone, zéro déchet, zéro rejet », il fallait aussi traiter l’aspect énergétique. C’est fait depuis la signature entre la CPCU (Compagnie parisienne de chauffage urbain) et P&Ma (Paris et Métropole aménagement) de la convention de travaux de fourniture de chaleur.
La chaleur en boucle
Les 59 000 m² de constructions neuves ou réhabilitées vont être chauffés grâce à une installation inédite : une boucle d’eau chaude qui valorise l’énergie calorifique du réseau d’eau non potable de la ville de Paris ; véhiculée dans un réseau distinct, elle est principalement utilisée pour le nettoyage des rues, le bon fonctionnement des égouts ou l’arrosage des espaces verts.
Véritable réseau local d’énergie, une boucle d’eau chaude à basse température de 450 mètres de long connectera tous les bâtiments à qui elle fournira une eau à 65°C, température parfaitement adaptée à leur haute performance énergétique.
Une ressource inattendue
L’eau chaude sera principalement produite en exploitant une source d’énergie originale : l’eau non potable prélevée dans la Seine ou le Canal de l’Ourcq et distribuée dans un réseau spécifique - distinct du réseau d’eau potable - exploité par l’entreprise publique Eau de Paris. Sur ce projet, 165 000 m3/an seront prélevés puis restitués intégralement au réseau après transfert de leurs calories sur la boucle d’eau chaude au moyen d’une pompe à chaleur de 280 kW. La chaleur de récupération ainsi produite couvrira 60 % des besoins en chaud du quartier.
C’est grâce aux calories tirées du réseau d’eau non potable, alimenté par la Seine et le canal de l’Ourcq, que sera chauffé le futur éco-quartier Saint-Vincent-de-Paul.
L’interconnexion de raison
La boucle d’eau chaude sera d’autre part connectée au réseau principal de la CPCU. Une station d’échange thermique composée de deux échangeurs vapeur-eau permettra de mobiliser en appoint-secours le réseau vapeur parisien, qui fournit de la chaleur elle-même majoritairement renouvelable et de récupération - à hauteur de 53,3 % en 2020. L’ensemble produira 2,5 GWh de chaleur par an avec un taux d’énergie renouvelable et de récupération supérieur à 60 %.
La mise de départ
Cette solution originale est issue d’un appel à contributions lancé au printemps 2017 par P&Ma et la Ville de Paris et retenue au terme d’une analyse coût/bénéfice poussée. Elle contribue aux objectifs ambitieux fixés par le plan Climat : la neutralité carbone et la sortie des énergies fossiles à l’horizon 2050. Elle illustre la mutation des réseaux de chaleur vers des régimes basses températures qui améliorent les rendements et facilitent l’intégration d’énergies renouvelables ou de récupération locales.
La boucle d’eau chaude est financée par P&Ma et CPCU, les adaptations nécessaires du réseau d’eau non potable par Eau de Paris, soit un investissement d’1,7 million d’euros.