Dans une tribune libre, le président de l’Union nationale des industries de carrières et matériaux de construction (Unicem), Didier Riou, pousse un coup de gueule sur les limites et les contradictions des commandes publiques. Il milite pour une véritable responsabilisation en la matière.
Didier Riou commence par dresser le constat suivant : "Notre secteur des industries de carrières et matériaux de construction est en amont de la filière BTP, et en particulier de la filière construction minérale. Entre les industriels, les entreprises de travaux publics, les maçons qui mettent en œuvre les produits, et les transporteurs, notre filière représente environ un million d’emplois directs, locaux, ancrés dans nos territoires. […] Depuis 2008, elle est frappée de plein fouet par la crise. La baisse des volumes est spectaculaire et sans précédent : - 25% en 5 ans. […] Parallèlement, nos activités dépendent en grande partie de la commande publique. L’essentiel du marché des travaux neufs et gros entretien du BTP (80%) est porté par les besoins des collectivités locales".
Voilà pour le diagnostic. La solution, elle, s’appelle commande publique. Mais pas n’importe quel type de commande publique, comme le précise le président de l’Unicem : "Que penser en effet d’une grande entreprise française de transport public qui, dans un appel d’offres, fait référence à du granit chinois pour des travaux de voirie, alors que nous disposons de cette ressource sur notre propre territoire ? Ouvrons les yeux. Les solutions importées peuvent paraître moins chères que les solutions locales. En réalité, elles ont un impact bien plus large sur l’économie si l’on intègre les externalités sociales, économiques, fiscales… Un raisonnement global doit primer : quel impact sur l’emploi ? Le coût du chômage ? Quid du manque à gagner en charges patronales ? Quel impact sur la contribution économique territoriale ?, etc. Sans compter, bien sûr, les coûts pour l’environnement liés aux conditions d’exploitation et de transport. Dans le cas des pierres naturelles importées de Chine, les émissions de CO2 sont multipliées par 8 !".
Intégrer systématiquement des critères environnementaux aux commandes publiques
Didier Riou en vient ainsi à sa requête : "Il est temps que les mentalités et les pratiques évoluent en faveur d’une commande publique responsable. Concrètement, seuls 6% des marchés publics intègrent des clauses environnementales et, lorsque c’est le cas, elles comptent pour moins de 10% dans la note finale. Les critères environnementaux doivent systématiquement être intégrés. Pour être cohérents, et alors que tous s’accordent aujourd’hui pour valoriser l’économie circulaire, les pouvoirs publics doivent sensibiliser et former les acheteurs publics afin de promouvoir l’ancrage local des industries et les activités de proximité".
Et le président de l’Unicem de plaider aussi pour une reconnaissance des Petites et Moyennes Entreprises (PME) dans le processus : "Il est également essentiel que toutes les entreprises puissent avoir accès aux appels d’offres publics, qui ne doivent pas rester le fait de quelques grands groupes. La France dispose d’un formidable tissu de PME. C’est particulièrement vrai pour notre filière où 97% des entreprises sont des PME, et 70% emploient moins de 10 salariés. Une solution simple pour permettre à ces entreprises, créatives et innovantes d’accéder plus facilement à la commande publique ? Encourager l’allotissement. Identifier un lot pour les matériaux de construction offrirait au secteur l’accès à la commande publique."